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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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distinction est cependant première, ne serait-ce que dans les appellations choisies, très fortement inspirées de la Rome antique : l'ordre est placé sous la direction d'un chef, fonction dévolue de droit au Premier consul, le récipiendaire de la décoration est qualifié de légionnaire, les élus sont répartis en quinze cohortes dont l'assise est territoriale. Au sommet, un grand conseil d'administration comprend les trois consuls et un représentant élu par chacune des quatre assemblées.
    Enfin, un grand chancelier et un grand trésorier sont désignés pour administrer l'ensemble ; Lacépède est nommé grand chancelier et le restera pendant tout l'Empire, le général Dejean, déjà directeur de l'Administration de la guerre, obtient le poste de grand trésorier. La Légion d'honneur, installée dans l'hôtel de Salm, disposait en effet d'un budget important, nécessaire au versement des traitements alloués aux titulaires de l'ordre : deux cent cinquante francs pour un légionnaire, mille francs pour un officier, deux mille francs pour un commandeur et cinq mille francs pour un grand officier, sommes qui étaient loin d'être simplement symboliques. À ce traitement s'ajoutait le privilège de figurer de droit sur les listes des collèges électoraux, puis, en 1808, l'accès à la noblesse d'Empire. Enfin, les filles des membres de la Légion d'honneur peuvent accéder aux maisons d'éducation ouvertes à leur intention, notamment à Saint-Denis.
    Attribuée d'abord de droit aux titulaires des Armes d'honneur, pour récompenser une action d'éclat sur le champ de bataille, la Légion d'honneur fut ensuite distribuée régulièrement. En 1804, l'ordre compte déjà six mille membres, lorsque Napoléon Bonaparte décide de solenniser sa naissance en procédant à la distribution des insignes, au cours d'une cérémonie qui a lieu le 15 juillet 1804, dans la chapelle des Invalides, en présence du cardinal de Belloy, archevêque de Paris. La scène a été racontée par le capitaine Coignet qui 136
     

    LE CONSULAT À VIE
    mit l'accent sur le caractère démocratique de cette distinction : « La cérémonie commence par les grands dignitaires qui furent appelés par leur rang d'ordre.[ .. . ] Alors on appela " Jean-Roch Coignet ! "
    J'étais sur le deuxième gradin ; je passai devant mes camarades, j 'arrivai au parterre et au pied du trône. Là je fus arrêté par Beauharnais qui me dit : " Mais on ne passe pas. " Et Murat lui dit :
    " Mon prince, tous les légionnaires sont égaux, il est appelé, il peut passer 4 ". » La cérémonie du 15 juillet n'en marque pas moins une étape décisive dans la transformation monarchique du régime.
    Le renforcement des formes monarchiques du pouvoir vient aussi de la réutilisation des rites et cérémonies d'Ancien Régime. Aux Tuileries, la vie de cour s'organise, selon un cérémonial codifié en 1802, sur le modèle qui prévalait avant 1789. Une Maison se met en place. Duroc est nommé gouverneur du palais, tandis que Augustin
    Laurent de Rémusat en devient préfet. Sa femme, Claire-Elisabeth, est choisie, en novembre 1802, pour être l'une des quatre dames d'honneur de Joséphine, en même temps que Mmes de Talhouet, de Lauriston et de Luçay ; la noblesse entre en force dans les services de la Cour. De grands dîners, des bals et des fêtes somptueux sont désormais donnés aux Tuileries ; ils sont simplement interrompus en janvier 1803 par l'annonce de la mort du général Leclerc, le beaufrère de Bonaparte dont il avait épousé la sœur Pauline, avant d'aller commander l'expédition de Saint-Domingue contre Toussaint
    Louverture. Il ne devait pas en revenir et Bonaparte décréta dix jours de deuil, ce qui était aussi une manière de copier l'Ancien Régime, en affirmant la cohésion de la Cour derrière la famille du Premier consul. Bonaparte aime à se faire entourer d'une garde nombreuse, essentielle à sa sécurité, mais aussi objet d'apparat.
    Lorsqu'il sort des Tuileries, cette garde constitue le principal symbole de l'autorité. C'est particulièrement net lors des cérémonies accompagnant l'ouverture de la session du Sénat ou du Corps législatif. Il arrive alors en grande pompe et rappelle par sa présence le souvenir des anciens rois en leur Parlement.
    Ce sont plus encore les voyages hors de la capitale qui permettent à Bonaparte, non seulement de mesurer sa popularité, mais encore d'affirmer son pouvoir par l'exposition de sa

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