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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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Quelque temps plus tard, en janvier 1804, le général Pichegru débarque à son tour en France. Général de la Révolution, auréolé de ses victoires en Hollande et sur le Rhin, il avait rallié la cause royaliste dès 1795, ce qui lui avait valu d'être mis en accusation et déporté en Guyane en septembre 1797. Il s'en était échappé avant de gagner l'Angleterre.
    Les royalistes espèrent que ses actions d'éclat lui permettront de gagner la confiance des troupes. Ils comptent aussi beaucoup sur le soutien d'un autre général, à la gloire plus récente, le général Moreau. Rival de Bonaparte avant le 18-Brumaire, vainqueur de la bataille de Hohenlinden contre l'Autriche, en 1800, il avait rendu possible la conclusion de la paix de Lunéville et jouissait par conséquent d'un grand prestige dans l'opinion et surtout dans l'armée.
    Ses relations avec Bonaparte s'étaient détériorées depuis 1800, ce qui l'avait conduit à se détacher peu à peu du régime, jusqu'à promettre son concours aux royalistes lors de la conjuration de l'an XII. Moreau rencontre du reste Pichegru, le 28 janvier 1804, sans trop s'avancer sur les conditions de sa participation au complot.
    Bien lui en prend, car, le jour même, un chouan arrêté en octobre, nommé Querel, avoue le but de la conjuration et livre le nom de ses complices.
    Ces révélations provoquent des arrestations en chaîne. Il est vrai 140
     

    LE CONSULAT À VIE
    que, averti du complot, Bonaparte décide de réformer la 1Jolice et d'en confier la direction à un de ses proches collaborateurs, le conseiller d'État Réal, ancien jacobin, très actif lors du coup d'État.
    Réal reprend en main un service qui, depuis la disgrâce de Fouché, était passé sous le contrôle du ministre de la Justice, avec une efficacité douteuse. Les résultats ne se font pas attendre. Dès le 9 février, plusieurs proches de Cadoudal sont appréhendés, dont Bouvet de Lozier, un de ses lieutenants. C'est lui qui révèle la participation de Moreau et de Pichegru au complot. Le général Moreau, personnage public, et qui n'avait aucune raison de se cacher, est arrêté le 15 février, ce qui suscite une certaine émotion dans l'opinion. Le 26 février, la police se saisit de Pichegru, bientôt rejoint en prison par Jules et Armand de Polignac et par le marquis de Rivière qui tous trois étaient arrivés avec lui d'Angleterre. En avril, on retrouve Pichegru pendu dans sa cellule. Le 9 mars, Cadoudal, traqué par la police qui quadrille Paris, est maîtrisé après avoir tué un agent.
    L'ensemble des conjurés est sous les verrous à la fin du mois de mars.
    Leur procès, au début du mois de juin, s'achève par la condamnation à deux ans de prison de Moreau, contre lequel les preuves étaient assez peu nombreuses. Bonaparte décide alors de l'exiler. Les autres conjurés sont condamnés à mort et exécutés, à l'image de Cadoudal, mais sept d'entre eux, tous nobles, échappent à la guillotine, dont Polignac. Bonaparte, au moment du passage à l'Empire, n'a pas voulu creuser le fossé entre la noblesse et le régime, alors que l'exécution du duc d'Enghien vient d'ébranler la confiance des royalistes ralliés.
    Au moment de son arrestation, Cadoudal avait avoué qu'un prince français devait venir en France prendre la tête de la conjuration. De fait, le comte d'Artois l'avait envisagé avant d'y renoncer en janvier. Les soupçons de Bonaparte se tournent vers le duc d'Enghien, petit-fils du prince de Condé, qui vivait alors dans le duché de Bade, à proximité de la frontière française. Divers rapports de police faisant état de correspondances entre le duc et les milieux émigrés, mais aussi l'accusant, à tort, d'avoir reçu le général Dumouriez, accréditent la thèse de sa participation à la conjuration contre Bonaparte. Ce dernier décide donc de le faire arrêter et conduire en France. La décision est prise, lors d'un conseil extraordinaire qui réunit aux Tuileries, le 10 mars, les trois consuls, Talleyrand, le ministre de la Justice, Régnier, et aussi Fouché, alors simple sénateur, mais qui amorce ainsi son retour en grâce. Cinq jours plus tard, une escouade conduite par le général Ordener s'empare du duc d'Enghien dans sa résidence d'Ettenheim ; il est peu après conduit à Vincennes où un tribunal militaire est organisé à la hâte le 20 mars, sous la direction du général Hulin. Condamné à mort rapidement sous la pression du général

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