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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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principautés ecclésiastiques et de la plupart des villes libres. Ce Recès est le prélude à la disparition du Saint-Empire romain germanique, héritier de l'Empire carolingien. Bonaparte peut dès lors réclamer l'héritage de Charlemagne et envisager la restauration d'un Empire centré sur la France.
    Les transformations de l'Allemagne ont aussi pour effet immédiat d'irriter l'Angleterre dont l'influence en Europe faiblit à mesure que celle de la France s'accroît. La monarchie britannique ne peut que constater la volonté hégémonique de son voisin d'outre-Manche qui, loin de respecter les engagements pris à Amiens, maintient sa tutelle sur la Hollande, pays lié historiquement à l'Angleterre et dont la position est stratégique dans la défense et l'approvisionnement de la Grande-Bretagne. Le maintien de troupes françaises en Hollande, ajouté à l'annexion du Piémont et à la politique allemande du Consulat, explique le refus des Anglais de libérer l'île de Malte qu'ils conservent comme gage de leur sécurité en Méditerranée. Ils redoutent une reprise du conflit dans ce secteur dont Bonaparte a fait l'un des axes de sa politique d'expansion. Le rêve oriental du Premier consul dont les campagnes d'Italie et d'Égypte ont représenté les premières réalisations, n'est pas éteint. L'Angleterre peut craindre une tentative de reconquête de l'Égypte, surtout lorsqu'elle a connaissance du projet d'expédition en Inde confiée au général Decaen. Ce dernier devait reprendre pied dans les anciennes possessions françaises aux Indes. Parti le 6 mars 1803 de France, il ne fait qu'une brève incursion à Pondichéry, car, entretemps, la guerre a recommencé entre la France et l'Angleterre et Decaen doit se replier sur l'île de France d'où il réorganise les îles Mascareignes, avant d'en être chassé par les Anglais.
    L'enchaînement des faits conduisant à la guerre est rapide. À l'automne de 1802, le ministre anglais des Affaires étrangères, Hawkesbury, fait connaître à la France les regrets de l'Angleterre face à la politique d'hégémonie française. « L'Angleterre veut l'état du continent tel qu'il était lors de la paix d'Amiens et rien que cet état », écrit-il alors. Puis il engage un rapprochement avec la Russie d'Alexandre 1er, inquiète de la menace française en Orient. Enfin, le roi d'Angleterre, George III, revendique le maintien de ses troupes à Malte, en compensation des agrandissements français sur le continent. La tension monte entre les deux capitales au début de l'année 1803 et aboutit à la rupture des relations diplomatiques en mai, matérialisée par le rappel des ambassadeurs, suivi par des prises de 139
     

    LA RÉPUBLIQUE CONSULAIRE (1799-1804)
    navires français par la marine anglaise. Le 20 mai 1803, Bonaparte annonce aux assemblées la rupture de la paix d'Amiens. Le conflit reprend entre la France et l'Angleterre, sans toutefois aucune déclaration de guerre. De part et d'autre, on savait ce recours aux armes inévitable. Pour Talleyrand, la reprise des hostilités a concouru à accélérer le passage vers l'Empire : « Cet événement, écrit-il dans ses Mémoires, hâta la résolution de Bonaparte de transformer le consulat à vie en monarchie héréditaire », et ce d'autant plus que la guerre encourage la réalisation de nouveaux complots contre Bonaparte 7.
    Depuis la paix d'Amiens, les réseaux royalistes qui avaient leur centre en Angleterre étaient entrés en léthargie, sans pour autant désarmer. L'annonce de la rupture des relations diplomatiques entre la France et la Grande-Bretagne leur rend l'espoir d'un retour prochain à la royauté. Les Anglais ont du reste intérêt à utiliser ces royalistes français réfugiés en Angleterre et prêts à aller porter le feu sur le continent. C'est dans ce contexte que naît la conjuration dite de l'an XII, animée par Georges Cadoudal. L'ancien général de l'armée chouanne avait réussi à échapper à la police, de Fouché en 1800 et s'était réfugié de l'autre côté de la Manche. A l'annonce de la reprise du conflit, il projette un vaste complot visant à enlever le Premier consul, afin de permettre son remplacement par un général fidèle à la cause des Bourbons et capable de préparer le retour de la monarchie. Muni de ce plan de bataille, Cadoudal débarque en France le 21 août 1803 et court se cacher dans Paris où l'a précédé une petite troupe de chouans prêts à mener l'opération.

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