Hitler m'a dit
contre tout. Il n’aura de culte que pour le dieu des forteresses. » Les « Chercheurs » doivent expier leurs prophéties par le camp de concentration et la mort. Mais, dans la masse, une question va d’une bouche à l’autre : « Combien de temps cela va-t-il encore durer ? »
Comment se débarrasser de ce cauchemar, comment écarter cet homme sans précipiter le peuple allemand dans les flots de sang et les ruines d’une guerre civile ? C’est une question plus précise qui, depuis le début de 1934, a préoccupé tous les hommes qui pensent en Allemagne. Ceux qui la posent n’ont pas diminué en nombre. On les trouve même à l’intérieur du parti.
Hitler a toujours menacé de provoquer une énorme effusion de sang si l’on tentait de le renverser par la force. Dans toutes les combinaisons qu’on envisageait pour délivrer l’Allemagne, on tenait compte de cette menace. Pouvait-on provoquer une scission dans le parti ? C’eût été possible en 1932 et même encore en 1934. Ensuite, et pour longtemps, cela cessa de l’être. Les foules devinrent apathiques et aveuglément crédules. Les complices d’Hitler, de toutes les fibres de leur corps, tenaient à l’existence du régime et à sa continuation. Hitler ne pouvait être renversé que si le peuple se révoltait, si le plus grand nombre des membres du parti voyaient leur position compromise par la menace d’un effondrement, s’ils étaient ainsi conduits à se séparer du parti qui les entraînait au désastre. Des défaites, tout au moins des échecs d’Hitler, des erreurs manifestes qu’il accumulerait, des doutes qui s’élèveraient sur sa grandeur et sa mission, étaient la première condition de sa chute. Il ne pouvait se produire de coup d’État sans guerre civile sanglante que si Hitler conduisait manifestement l’Allemagne à sa ruine. La deuxième condition était la formation d’un centre d’opposition qui pourrait entreprendre la lutte contre le parti. Sans une telle phalange de chefs résolus, les troupes armées du parti seraient en mesure d’étouffer toute rébellion. Le temps des soulèvements populaires et des combats de barricades était passé. Il était donc indispensable d’organiser un centre de résistance et un état-major. Les choses étant ce qu’elles étaient, on ne pouvait trouver l’un et l’autre que dans la Reichswehr. Une deuxième question était de savoir s’il ne serait pas possible de hâter le processus destructeur du régime d’Hitler, c’est-à-dire d’accélérer son autodestruction. Le facteur économique n’y suffisait pas. Le régime pouvait végéter encore longtemps. Mais ne pourrait-on pas pousser Hitler dans des difficultés extérieures qui seraient inextricables ? Ne commettrait-il pas alors faute sur faute puis, doutant de lui-même, ne perdrait-il pas la tête ? Tout ce qu’on savait de son caractère donnait a penser que la source unique de ses succès était la foi qu’avait en son étoile. Il fallait donc préparer la chute d’Hitler en ruinant son assurance. Dépouille de son nimbe, il perdrait l’estime et l’influence dont il jouissait dans le parti et dans les foules. Alors le régime tout entier pourrait s’effondrer comme un château de cartes.
Il y a eu, en Allemagne, des opposants courageux, qui ont lutté à visière ouverte. Ils ont été rapidement éliminés. C’était un sacrifice inutile que de s’exposer ouvertement. Seule, était possible, contre Hitler, la guerre de positions et de cheminement. Il serait injuste d’oublier que les méthodes sournoises d’Hitler obligent ses adversaires à user des mêmes moyens. Aussi vit-on quelques-uns de ses pires ennemis se faire passer pour des extrémistes du parti, pour des défenseurs ardents des plus folles idées du Führer. De ce nombre sont deux personnages importants qui le touchent de très près. Ils sont persuadés – et avec eux de nombreux membres du parti de moindre importance – qu’Hitler doit être sacrifié pour sauver l’avenir de l’Allemagne. Il y a eu des plans astucieux pour amener Hitler à se compromettre de façon irréparable. Mais, toutes ces tentatives pour le faire trébucher ont échoue jusqu’à présent, et l’en trouve deux raisons. La première est que ce sont justement les entreprises les plus risquées du Führer qui ont le mieux réussi et lui ont valu ses plus éclatants succès. L’autre raison, c’est que beaucoup d’opposants ne voient pas
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