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Il suffit d'un Amour Tome 2

Il suffit d'un Amour Tome 2

Titel: Il suffit d'un Amour Tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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si critique qu'ils avaient envoyé Xaintrailles au duc de Bourgogne pour lui demander de prendre la ville en dépôt... mais ses troupes n'en continuaient pas moins à bloquer Orléans.
    — Le duc oublie par trop qu'il est prince français, Madame, ajouta sévèrement le moine. On dit qu'il songe à fonder un ordre de chevalerie...
    pourtant, il sait fort bien que le siège d'Orléans viole l'une des principales lois de chevalerie. On n'assiège pas une ville dont on tient le prince prisonnier sans manquer au droit féodal1 et le duc de Bourgogne le sait d'autant mieux que la ville payait tribut pour n'être point attaquée.
    — Je sais tout cela ! fit Catherine qui se souvenait avoir déjà reproché à Philippe son attitude par trop anglaise.
    Depuis le début du siège d'Orléans d'ailleurs, Ermengarde ne décolérait plus. Pour la comtesse, Philippe de Bourgogne n'était même plus digne de porter les éperons d'or de chevalier.
    — Mais que puis-je faire ? ajouta la jeune femme.
    Le visage de frère Etienne se chargea d'une
    ardente prière. Il se pencha vers Catherine, saisit ses mains et les serra à les briser.
    — Madame... il n'est pas un homme ou une femme en ce pays qui ne sache le grand amour que vous porte Monseigneur Philippe. Il vous faut aller vers lui, le supplier de retirer ses troupes d'Orléans. Vous ne savez pas ce que représente cette ville pour
    1. Le duc Charles d'Orléans, le délicat poète, était prisonnier à Londres depuis Azincourt, c'est-à-dire depuis treize ans.
    le roi Charles. Si Orléans tombe, c'en est fait de la France, c'en est fait du roi. L'Anglais qui règne à Paris l'emportera à tout jamais. Il ne restera rien de tout ce qui a fait la raison de vivre de ceux qui ont juré fidélité au roi, des efforts de Yolande d'Aragon, du sang versé en si grande abondance...
    Le frère prit un temps puis ajouta, très doucement, à voix presque basse :
    — Tant de chevaliers se sont dévoués corps et âme à la défense de la noble cité ! Orléans a rasé ses magnifiques faubourgs, Orléans se bat avec une foi désespérée mais admirable, ne songeant plus qu'à mourir si un miracle ne la délivre. Soyez ce miracle, Madame ! Des voix prophétiques disent partout qu'une femme, seule, pourra délivrer Orléans. Songez... que depuis cinq mois, enfermé dans la ville avec une poignée d'autres braves, le capitaine de Montsalvy se bat !
    Le nom d'Arnaud, lancé à bout portant et sans que Catherine fût préparée à le recevoir, frappa la jeune femme comme un soufflet. Elle en perdit la respiration, rougit jusqu'à la racine de ses cheveux puis, le sang refluant vers son cœur, la laissa pâle et tremblante.
    — Frère Etienne, fit-elle d'une voix blanche, il n'est pas digne de vous ni de la robe que vous portez de réveiller un rêve impossible au fond d'un cœur qui souhaite seulement oublier. Je suis veuve, mon frère, j'ai perdu mon enfant et, si un jour, je vous ai prié de venir en aide au capitaine de Montsalvy prisonnier, je ne peux plus rien pour lui ! Puisque les prières de sa femme sont impuissantes à veiller sur lui, que pourrait une étrangère ?
    — Sa femme ? fit le moine sincèrement surpris. Quelle femme ?
    Le moine devenait-il fou ? Catherine le fixa dans les yeux, se demandant si la mémoire lui manquait subitement ou s'il se moquait d'elle.
    — La dernière fois que j'ai entendu parler de messire de-Montsalvy, dit-elle lentement, en butant sur les mots qui passaient mal, c'était il y a plusieurs années. Il s'apprêtait à prendre pour épouse damoiselle Isabelle de Séverac, la fille du maréchal, et...
    — Isabelle de Séverac est morte, Madame !... deux mois avant son mariage. Et messire Arnaud, qui d'ailleurs, à ce que l'on dit, n'était pas très chaud pour aliéner sa liberté, ne lui a point donné de remplaçante.
    — Quoi ?

Les mains de Catherine, crispées sur le bord de son siège, s'étaient mises à trembler. Une brusque envie de pleurer monta de son cœur à ses yeux qui se brouillaient. Elle ne savait plus où elle en était... Pendant si longtemps, elle s'était interdit de songer à cet homme dont le seul nom la faisait défaillir encore de tendresse, chassant l'image trop chère comme un rêve impossible
    !... Et voilà qu'elle apprenait, brusquement, de la manière la plus inattendue, qu'il était libre... libre autant qu'elle-même. C'était à en perdre la raison !
    — Mon frère, dit-elle douloureusement, que n'êtes-vous venu

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