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Il suffit d'un Amour Tome 2

Il suffit d'un Amour Tome 2

Titel: Il suffit d'un Amour Tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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jours s'étaient écoulés depuis leur rencontre sous les murs d'Arras !
    Catherine s'efforça, alors, de chasser les pensées morbides, nées sans doute de sa trop grande fatigue et de la tension nerveuse qu'elle s'était imposée.
    Elle voulait, intensément, goûter cet instant de paix, la descente de ce beau fleuve aux herbes grises, aux sables jaunes... Vers la fin de l'après-midi, apparurent les tours blanches et les poivrières bleues d'un grand château dont les pieds baignaient dans l'eau de larges douves dépendant du fleuve.
    Catherine demanda ce qu'était ce beau domaine.

    — Sully ! répondit le batelier. Il appartient au sire de La Trémoille, le favori de Charles VII...
    Et, pour bien montrer l'estime que lui inspirait le maître du château, l'homme cracha dans l'eau d'un air dégoûté. Catherine ne répondit pas. Elle avait déjà eu l'occasion de rencontrer Georges de La Trémoille, ce Bourguignon transfuge qui était devenu le plus cher conseiller et le mauvais génie du roi de Bourges. Il lui inspirait quelque chose d'assez analogue au dégoût manifesté par son guide, mais elle n'en dit rien. D'ailleurs la barque obliquait vers la rive pour accoster.
    — Nous nous arrêtons ? fit-elle, surprise, en se détournant à demi.
    — J'ai à faire à Sully, répondit l'homme. Descends...
    Elle se leva pour monter sur le plat bord. A cet instant précis, elle reçut un coup violent sur la tête et s'effondra la tête la première, sans connaissance...
    Lorsque Catherine reprit conscience, le jour en était à ses derniers feux.
    L'ombre montait de l'est tandis que, vers l'occident, il ne restait qu'une faible lueur pâle sur laquelle, de l'autre côté de la Loire, se détachaient les tours pointues de Sully. Elle se redressa sur un bras, vit qu'elle était étendue dans l'herbe, sur la berge et qu'elle était absolument seule. Il n'y avait plus de bateau en vue, plus de batelier, rien qu'un vol de courlis qui partit en flèche à quelques toises d'elle. Il lui fallut quelques instants pour réaliser parce que sa tête lui faisait affreusement mal. En y portant la main, elle toucha une grosse bosse très sensible. Le batelier l'avait assommée, sans doute pour la voler. Et, de fait, le peu qu'elle possédait encore avait disparu : les deux dernières pièces d'argent, la dague et enfin le grand manteau qui l'avait si bien protégée des nuits froides et de la pluie. Un profond découragement l'abattit un moment. C'était à croire que tout se liguait pour l'empêcher de rejoindre Arnaud. Les obstacles s'accumulaient sur sa route comme pour lui interdire le passage. Mais ce ne fut qu'une brève défaillance. Aristocrate d'occasion et d'éducation, Catherine avait l'indomptable vitalité d'une gamine de Paris habituée à se colleter, front contre front, avec les pires difficultés. Elle fit un effort pour se lever ; s'accrocha aux branches basses d'un saule pour garder son équilibre. Quand la terre s'arrêta de tourner autour d'elle, elle prit une profonde respiration, remonta sur son cou le bord de son surcot de laine troué et quitta la berge pour rejoindre le chemin qui suivait le fleuve. Elle savait qu'il n'y avait plus qu'à se laisser guider par le cours et aussi, que la grande abbaye de Saint-Benoît n'était plus qu'à deux lieues. Là, on lui donnerait asile et réconfort. Sa journée en bateau et la bonne nuit précédente lui avaient rendu des forces et, n'eût été la douleur de sa tête, elle se fût trouvée presque bien. Elle hâta si bien le pas qu'une heure plus tard, elle voyait se dresser devant elle les vastes bâtiments du monastère et leur majestueuse entrée : une énorme tour- porche romane, carrée, puissante et belle comme une forteresse, grave et jaillissante comme une prière. Un peu de lumière brillait entre les massifs piliers, faisant vivre les personnages et les fleurs des admirables chapiteaux. Catherine vit que nombre de pèlerins dormaient là, les uns à côté des autres, tassés pour mieux se tenir chaud. La voyant apparaître, une vieille femme lui fit signe de s'approcher et se poussa-pour lui faire place :
    — La maison-Dieu est pleine à craquer, lui confia-t-elle, tant nous sommes nombreux à venir implorer Monseigneur Saint Benoît pour la délivrance de la bonne ville d'Orléans ! Mais ici, on n'a point trop froid !
    Viens près de moi, on se tiendra chaud...
    Catherine obéit, plia les genoux et se laissa tomber auprès de la vieille qui partagea

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