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Imperium

Imperium

Titel: Imperium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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foule s’était rassemblée dans le forum,
impatiente d’assister à la suite des événements de la veille. Nous entendîmes
le bruit en descendant la colline depuis le domicile de Pompée – ce
son impressionnant et caractéristique que produit toujours la multitude excitée
et me rappelle immanquablement une vague énorme se brisant contre la grève
lointaine. Je sentis mon pouls s’accélérer. Les sénateurs étaient presque tous
là, et les aristocrates avaient amené avec eux plusieurs centaines de
partisans, en partie pour se protéger, et en partie pour huer Pompée lorsqu’il
réclamerait, comme ils s’y attendaient, le commandement suprême. Le grand homme
pénétra rapidement dans le forum, escorté, comme précédemment, par Cicéron et
ses alliés sénatoriaux, mais il resta à la lisière et se dirigea directement
vers le fond des rostres, où il fit les cent pas, bâilla, souffla sur ses mains
glacées et montra dans l’ensemble tous les signes de la nervosité tandis que
les clameurs de la foule s’amplifiaient. Cicéron lui souhaita bonne chance,
puis partit vers le devant des rostres rejoindre les autres sénateurs, car il
tenait absolument à voir leurs réactions. Les dix tribuns montèrent à la
tribune et prirent place sur leur banc, puis Gabinius s’avança et annonça d’une
voix de stentor :
    — J’appelle devant le peuple Pompée le Grand !
    Comme l’apparence est importante en politique, et comme
Pompée avait été superbement façonné par la nature pour imposer une idée de
grandeur ! Alors que cette silhouette familière imposante gravissait les
marches et surgissait à la tribune, ses partisans lui firent la plus superbe
des ovations. Il se tint là, aussi solide qu’un taureau, sa grande tête
légèrement rejetée en arrière sur ses épaules massives, les yeux baissés sur
les visages levés vers lui, les narines palpitantes, comme s’il respirait les
applaudissements. En général, le public n’aimait pas qu’on lui lise un discours
et préférait la spontanéité apparente. Mais, cette fois, il y avait quelque
chose dans la façon dont Pompée déroula son court texte et le tint devant lui
qui renforçait encore l’impression que ces mots étaient aussi importants que
celui qui les prononçait – un homme au-dessus des techniques d’orateur
bien huilées du droit et de la politique.
    — Peuple de Rome, déclama-t-il dans un silence complet,
à dix-sept ans, j’ai combattu dans l’armée de mon père, Gnaeus Pompeius Strabo,
pour ramener l’unité de l’État. Quand j’en ai eu vingt-trois, j’ai levé une
armée de quinze mille hommes et vaincu les armées rebelles combinées de Brutus,
Caelius et Carrinas, et j’ai été sacré imperator sur le champ de bataille.
Lorsque j’ai eu vingt-quatre ans, j’ai conquis la Sicile. À vingt-cinq ans, j’ai
conquis l’Afrique. Le jour de mes vingt-six ans, j’ai reçu mon triomphe. À trente
ans et alors que je n’étais même pas encore sénateur, j’ai pris le commandement
de nos troupes en Espagne avec l’autorité proconsulaire, j’ai combattu les
rebelles pendant six années, et j’ai gagné. À l’âge de trente-six ans, je suis
rentré en Italie et j’ai éliminé ce qui restait des troupes d’esclaves rebelles
de Spartacus. À trente-sept ans, j’ai été élu consul et j’ai reçu mon deuxième
triomphe. En tant que consul, je vous ai rendu les droits ancestraux des
tribuns et j’ai organisé des jeux. Chaque fois qu’un danger a menacé l’unité
nationale, je me suis engagé. Ma vie tout entière n’a été qu’un long service
commandé. Aujourd’hui, un nouveau danger sans précédent menace l’unité
nationale, et pour y faire face, un nouveau commandement doté de pouvoirs
exceptionnels a été judicieusement proposé. Celui que vous choisirez pour
porter ce fardeau devra avoir le soutien de tous les rangs et de toutes les
classes car il faut une grande confiance pour accorder tant de pouvoirs à un
seul homme. Il me paraît évident, après la séance au Sénat d’hier, que je ne
bénéficie pas de la confiance des sénateurs, aussi voudrais-je vous dire que,
bien que l’on m’en ait prié, je n’accepterai pas d’être nommé à ce poste. Et,
si j’étais nommé, je refuserais de servir. Pompée le Grand a eu son content de
service commandé. Je renonce aujourd’hui à toute ambition à la tête de l’État
et me retire de la cité pour aller labourer la

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