Inaccessible Étoile

c’est là que Jules et Kamel ont fait connaissance d’ailleurs.
J’ai une confiance aveugle en Jules car nous sommes de la même école, de la même trempe, possédons la même mentalité. J’ai droit alors dans les jours qui suivent à un entretien avec des hommes plutôt discrets, mais ma candidature n’est pas retenue vu que je suis encore mineur, enfin c’est la raison officielle, je n’en connaîtrai pas d’autre.
Le 20 juillet 1976, je comprends à quoi Jules m’a proposé de participer, le casse de la Société Générale de Nice. Jules et Kamel sont arrêtés quelques mois plus tard pour avoir participé à ce cambriolage sans armes, sans haine, sans violence (dixit, Albert Spaggiari).
Mauvaise affaire finalement, si ce n’est la publicité pour le pseudo cerveau, Albert Spaggiari, car c’est un parti politique d’extrême droite fachiste qui empoche le gros lot.
Quant à Albert, après son arrestation, puis son évasion du cabinet du juge parisien par la fenêtre, après un séjour en Amérique du Sud, notamment, il reviendra sans richesse mourir en France, comme suite à une longue maladie. Il n’a obtenu de toute son affaire bien plus de gloire et de publicité que d’or et d’argent.
Bien d’autres voudront l’imiter par la suite, mais ce qui a déjà été fait ne fait plus figure d’exploit.
Jules, je ne le reverrai jamais, ni aurai de ses nouvelles, quant à Kamel, il doit fuir en Algérie, après s’être évadé de prison, pour revenir quelques mois plus tard, muni d’une nouvelle identité. En octobre 1977, il sera abattu à Palerme, lors d’un règlement de compte entre siciliens.
Mais en 1976, Malika est finalement satisfaite que je ne sois pas pris pour cette affaire, car bien que tolérante vis-à-vis de mes relations avec le milieu, elle me pousse un peu à m’en éloigner.
Elle veut me démontrer, avec raison, que même si on est né dans le mauvais milieu de la société, il y a d’autres moyens de s’en sortir que celui du banditisme, et puis elle ne tient pas à me rencontrer uniquement derrière un parloir.
Rien n’énerve plus Malika que ces jeunes de cités qui pleurent sur leur sort, rejetant tout sur la société.
Quand on veut s’en sortir, on y arrive, ce ne sont pas les exemples qui manquent, mais ce n’est pas en glandant, en cassant qu’on y arrive, ce n’est pas en gémissant sur son sort ! De grands sportifs, de grands artistes professionnels, sortent de cités de banlieue, des milieux les plus pauvres ! dit-elle.
    Lorsqu’on aborde le sujet, elle est intarissable, sur les centres de formation et autres services mis à disposition par la société, autres moyens pour s’élever. Preuve à l'appui, elle aide bien des jeunes ainsi à s’en sortir et à sortir des cités en les dirigeant vers des centres de formation de toutes sortes.
Malik en est un exemple, elle le pousse à s’inscrire dans une école de cirque, près de paris, et quelques années plus tard Malik se produira dans un cirque en tournée dans toute l’Europe.
Le jeune Rachid aussi, elle le pousse à s’inscrire dans une école pour magicien, et qui quelques années plus tard se produira au musée Grévin, à Paris. Farid deviendra sportif de haut niveau, Smaïn chef d’entreprise.
Chacun a la possibilité de prendre son destin en main, mais pas en restant à traîner en bande en bas de son immeuble, à pester contre la société, pas en jalousant ceux qui, eux, un jour ont pris leur vie en main.
Malika dit une chose juste : Regarde à la télé, un jour tu verras des Blacks, des Arabes, des Juifs, devenus célèbres, et qui pourtant sont nés dans une cité HLM. Cela se révélera exact quelques années plus tard.
Combien de chanteurs, de comiques, de comédiens, de sportifs célèbres sortent du ghetto ? La liste est longue ! Sur ce point, il faut reconnaître que les filles ont plus de discernement, plus de caractère que les garçons, car il y en a plus qui arrivent à s’en sortir sans tomber dans la délinquance.
Bien sûr il y a la drogue qui fait son apparition, mais personne ne les force à en prendre, à en vendre, sauf peut-être l’appât du gain immédiat et qui ne les conduit que dans une impasse d’où, effectivement, à un moment donné, ils ne peuvent plus revenir, de plus, ils en entraînent d’autres dans leur enfer, d’autres qui pourraient s’en sortir par un autre chemin.
Malika commence alors à ressentir un fort désir de mariage, de devenir