Inaccessible Étoile

lorsque je me plais dans une place, je suis sérieux. Il y a ainsi plusieurs endroits où je reste de longs mois, voir des années, entre autres le café-tabac Le Reinitas à Saint-Germain-des-Prés, Le croissant Magenta sur le boulevard du même nom, et bien d’autres.
La clientèle, le quartier, beaucoup de choses jouent.
Un bureau de placement, l’Amicale Hôtelière, rue Louis Blanc, avec son patron, Monsieur Louis, m’envoie régulièrement faire des remplacements. J’y vais ou exceptionnellement, je n’y vais pas.
Il m’arrive en effet que de ne voir que l’extérieur du café de décide de ne pas y aller, simplement parce que cela ne me dit rien comme aspect, comme si une voix intérieure me disait : Laisse tomber, va te balader, pourquoi aller te crever alors que tu peux aller te trimbaler au soleil, sur les quais.
Pour le reste, je fais mon travail avec zèle, parfois quinze, seize heures par jour.
La plupart des patrons sont satisfaits de moi, je gagne bien ma vie, et même très bien.
Dans une brasserie de Villemomble, j’ai une aventure avec la femme du patron.
    Le soir de Noël 74, la patronne me raccompagna en voiture avant de rejoindre son mari dans une soirée, nous avons fini tard à la brasserie ce qui fait qu’elle me raccompagne.
Au moment de se dire au revoir, ses lèvres glissent sur les miennes, ainsi nous ne tardons pas à faire l’amour dans sa voiture, dans une contre-allée du bois de Boulogne, à la grande cascade.
Il est vrai que l’entente dans le couple n’est pas au beau fixe et les querelles coutumières, de plus, autant son mari peut avoir un durillon de comptoir et des manières brusques bien qu'introverti alors qu'elle, est sexy et sensuelle, extravertie.
Je ne reste pas longtemps dans cet établissement à cause des audaces de madame, toujours prête à prendre des risques lorsque son mari nous tourne le dos, me caresser, m’embrasser, et autres polissonneries pendant le travail.
Et quand je dis qu’il nous tourne le dos, ce n’est pas une image, il est parfois juste à vingt centimètres de moi quand elle me donne un baiser rapide, quand ce n’est pas une caresse à un endroit que la décence…
Je vais ainsi travailler dans quasiment tous les quartiers de Paris.
J’ai une nette préférence pour la fermeture, commencer le travail vers 11 h, plutôt que 4 h du matin. Je préfère vivre la nuit, j’aime la faune nocturne, c’est un autre monde, aussi, dès que j’en ai l’occasion, je travaille de nuit, dans les bars et clubs privés.
La nuit, c’est une autre ambiance que celle du troquet du coin avec ses clients au coup de rouge et à la bière. La nuit c’est alcool fort et champagne, paillette et détente, rire et amour.
La nuit les gens prennent le temps de vivre, de rire, alors que dans la journée ils sont stressés.
Mes meilleurs souvenirs en tant que barman sont dans les bars de nuit, les clubs, pas toujours privés, ainsi Le perroquet vert rue Saint-Honoré, fief de transsexuels et de travestis parisiens. Le perroquet vert, c’est une ambiance de rire et de gaieté, C’est Rio en plein Paris, quoi qu’il y ait aussi beaucoup de transsexuels portugais.
J’ai l’occasion de faire de nombreuses connaissances en ce lieu, mais également lorsque je travaille dans d’autres bars de nuit, et pas toujours de bonnes fréquentations où le leitmotiv est la fête et le plaisir à tout prix.
Je suis relativement instable lorsqu’il s’agit de travailler de jour, la nuit beaucoup moins, la nuit, c’est mon monde. Question sentimental je suis également précaire.
Je dépense l’argent sans trop compter avec ces filles de rencontre dont la moyenne d’âge, dépasse rarement vingt ans. La plupart sont étudiantes, filles de la bonne société, où encore certaines, jeunes fugueuses de dix-sept, dix-huit ans, mon âge quoi. Je fais tout de même parfois quelques exceptions avec des femmes quadragénaires, voir plus, pour autant qu’elles aient une certaine classe, mais ce n’est alors plus moi qui paye.
J’entends toujours cette voix dans mon esprit qui me dit : Ne t’en fais pas ! Profite de ta vie, elle sera courte, alors profite.
Qui se ressemble s’assemble, ne dit-on pas ?
La plupart de ces jeunes clientes ne pensent en aucune façon à leur avenir, pas plus que moi au mien, nous vivons au jour le jour.
Certaines ont papa et maman derrière, avec un compte en banque bien approvisionné, parents abondamment larges niveau argent de poche avec