Inaccessible Étoile
fatigue, mais surtout nous avons hâte de nous retrouver, moi surtout d’avoir des nouvelles, puisque Malika a eu rendez-vous avec le gynécologue, dans l'après-midi.
Elle traverse pour me rejoindre, surgit alors à vive allure, du boulevard Bonne Nouvelle, une voiture rouge, une vieille 205. Malika n’a rien vu, ni moi ni personne, un bruit sourd, je vois juste Malika voler en l’air et retomber trois mètres plus loin comme une poupée de chiffon.
Des cris, des hurlements, plein de gens qui courent pendant que la voiture va s’encastrer dans l’entrée d’un cinéma d’art et d’essais.
J’ai l’impression que mon sang quitte mon corps, je deviens blanc, je pousse un hurlement, je me précipite en écartant l'attroupement qui se forme déjà.
Le gérant du Palace, la boîte voisine à la mode, appelle d’urgence SAMU et police.
Je ne vois rien, que du sang. Je hurle : C’est ma femme, c’est ma femme. Je suis blanc, je tremble, j’ai froid et je me sens défaillir, je suis à genoux, soutenant légèrement la tête de mon amour qui, les yeux mi-clos, ne cesse de me murmurer qu’elle m’aime, que je suis son étincelle divine.
Je veux lui parler mais Malika m’en empêche, posant sa main sur mes lèvres.
Elle me demande pardon, m’explique qu’elle ne voulait pas m’abandonner comme ça, si vite, me remercie et remercie le ciel de m’avoir envoyé pour adoucir sa jeune vie qui n’a pas été facile, jusqu'à ce qu’elle me rencontre. Un pompier est là, avec moi, pour la prier de tenir bon, que les secours arrivent, sur ma main, le sang de Malika. Les larmes coulent silencieusement sur mes joues.
Une ambulance la transporte à l'hôpital Dieu, mais Malika ne parle plus, Malika n’est plus, elle est morte dans mes bras en me demandant encore une fois pardon et en me disant une nouvelle fois que je suis une étincelle divine, Son étincelle divine.
Claude Samuel ne pourra pas être sauvé non plus.
Je ne réalise pas, ça ne peut pas se terminer ainsi, ce serait trop injuste, Malika était une belle âme qui ne demandait rien qu’à m’aimer et être aimée de moi, elle était la vie sans fioritures, tellement pleine de vie !
Maman arrive avec Laurent et Lucien à l’hôpital de l’Hôtel Dieu, dès que je l’appelle.
Je suis là dans le couloir de la morgue, de l’hôpital, c’est d’abord la rage, un sentiment d’injustice qui gonfle en moi, l’envie de hurler, mais les dents se serrent, seules, les larmes coulent.
L’assassin était ivre et de plus poursuivi par une autre voiture à qui il avait fait une simple queue de poisson sur le boulevard.
Je quitte la morgue avec Maman et Lucien, je ne peux plus rien pour Malika, j’ignore alors que je ne pourrai jamais revoir Malika, certains membres de sa famille habitant la région parisienne et ayant été prévenus, s’opposant à tout contact entre elle et moi.
Ils ont décidé de prendre la relève et je n’ai jamais existé pour eux, jamais cela ne serait arrivé si elle était restée dans sa famille, pour eux je suis le responsable, le démon qui a enlevé et tué leur fille, qui l'a volée à Allah.
Maman me propose de m’héberger, le temps que je me remette, ce que j’accepte, je n’ai pas envie de revoir l'appartement du bonheur et qui représente aujourd’hui, pour moi, sans elle et sans ses éclats de rires, un lieu de tourments et de tortures. Cet appartement qui conservera, le jour où je remettrai les clefs au propriétaire, le parfum de celle qui à emporté avec elle et à tout jamais ma joie de vivre.
Je passe les jours, les semaines qui suivent en pleine dépression, je pleure, je ne dors plus sans faire de cauchemars, je me néglige, je ne me rase plus, me lave à peine, me traîne dans l’appartement exigu de Maman.
Je mange encore moins, heureusement, Maman est là et me soutient comme elle peut, elle pleure aussi sans cesse.
Lucien lui, je le vois peu, il travaille, et quand je le vois nous n’arrêtons pas de nous lancer des piques, de nous agresser. Il veut me sortir, me présenter cinquante filles faciles qui ne m’intéressent absolument pas, il ne comprend rien, à croire qu’il n’a aucune sensibilité, aucun coeur, je ne suis pas loin de la vérité.
Je suis fatigué de cette vie, de cette fatalité.
Pourtant Malika est en moi, elle vit en moi, je le perçois et à aucun moment l’idée de suicide ne m’effleure, je ne suis pas assez courageux pour cela, mais mourir me plairait assez, pour
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