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Inaccessible Étoile

Inaccessible Étoile

Titel: Inaccessible Étoile Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Claude Cotard
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autant qu’un autre s’en charge.
Laurent a beau me stimuler à me relever, je ne réagis pas pendant plus d’un mois.
Un matin je me regarde dans la glace, Maman pleure à côté de moi, nous sommes seuls. Tu te laisses mourir, je n’y survivrai pas, ton père, Malika, puis toi...
Électrochoc ! J’ai une telle passion pour Maman, je réalise alors mes kilos perdus, la maigreur de mon visage, je ne pèse plus que 62 kg, les cheveux hirsutes, pas rasé depuis des semaines, je me fais peur à moi-même.
Il est temps que je réagisse, jamais Malika n’aurait aimé me voir ainsi, elle en aurait trop souffert, moi qui étais plein de vie et d’espérance je suis maintenant un moribond.
Je dois vivre, pour sa mémoire, pour elle, pour Claude Samuel.
Poussé par Laurent, je fais une demande d’engagement à l’armée, appuyé par monsieur Godot, ex-directeur de l’Assistance publique de Paris et relation de Laurent et de Papa, de son vivant.
Partir au loin ne peut me faire que du bien.
En attendant, je recommence à travailler grâce à Lucien qui me trouve des remplacements dans des cafés-brasseries, enfin quand je suis en état, je suis en pleine dépression, et quand je vais travailler c’est bourré d’anti-dépresseurs.
La plupart de mon temps libre, je le passe à traîner sur les quais de Paris, dans les quartiers que nous fréquentions Malika et moi. Je n’ai pas d’amour ni d’aventures, l’idée d’une autre à mes côtés m’est inenvisageable. Je me renferme sur moi-même, saleté de fatalité, je n’ai donc pas droit au bonheur ? Si je savais au moins pourquoi je l’accepterais peut être plus facilement et me ferais une raison, mais non, je ne comprends pas ce que j’ai fait de mal, je n’ai jamais été irrespectueux de Dieu, pas volontairement, alors pourquoi ?
    L’homme que je suis aujourd’hui est tellement différent de celui qui allait au bras de Malika, il n’éclate plus de rire, n’a plus de fous-rires, se montre réservé en toute occasion, est devenu introverti, renfermé, secret.
Il a perdu toute confiance en lui-même, en l’avenir, persuadé qu’une malédiction plane sur lui, et pourtant il avance parce que quelqu’un, quelque part, le pousse à avancer, à continuer à vivre, mais il ne sait quoi ni qui.
Peut être attend-il qu’enfin, un jour, on vienne le chercher pour le ramener près de ceux qu’il aimait, son père déjà, puis Malika. Peut-être attend-il le jour où il pourra enfin découvrir le visage de Claude Samuel, son fils ?
Pour le moment, il attend la convocation pour partir à l’armée, sans se poser trop de questions, sinon pour se demander ce qu’il fout là, dans ce monde où il se sent complètement étranger.

Ténèbres
    Une convocation à l’armée me parvient en mai 1976, elle tombe bien. J’ai fait une demande d’engagement quelques mois plus tôt, histoire de changer d'air, mais surtout de ne plus penser, tout au moins apaiser cette douleur de la perte de Malika et de notre fils, Claude Samuel, qui ne verrait jamais le jour, de m'écarter un peu de mes relations avec le milieu également.
Mon vieux P38, c’est Fatiha qui l’a glissé dans un paquet qu’elle a déposé sur le cercueil de sa soeur, Malika.
Lorsqu’on interroge Fatiha sur ce paquet, elle répond que c’est entre elle et Malika, que nul n’a besoin de savoir. Je n’ai bien entendu pas été autorisé à assister aux funérailles, d’autant moins qu’elles sont organisées dans la région d’Aït Boumehdi, village perché sur les collines du Djurdjura, en Kabylie.
Comme de toutes façons je dois faire mon service, pourquoi pas maintenant ?
C’est une opportunité qui de plus me permet de choisir mon arme, et je choisis la marine, les fusiliers-marins, pour faire comme Papa qui avait fait les paras commandos.
Françoise m’accompagne au train en partance pour Hourtin, dans la région bordelaise, où je dois faire mes classes.
Je n’ai aucun état d’âme à ce moment précis, je regarde juste Paris s’éloigner, je sais que j’en ai pour un mois minimum, ensuite ? On verra, selon les opportunités militaires.
Je fais donc mes classes à Hourtin, pendant ce mois tout se passe bien. Je reçois mon paquetage avec mes tenues militaires, passe chez le coiffeur, chez le toubib. J’apprends à saluer, à marcher au pas, les grades des officiers, manipuler diverses armes, c’est assez tranquille.
Nous faisons pas mal de marches aussi, barda sur le dos et par

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