Inaccessible Étoile
officiellement ma femme.
Je n’ai rien dit à Françoise, seule Maman et son mec, Lucien, savent parce qu’ils connaissent bien Malika.
Mon oncle Laurent aussi la connaît, avec Maman, nous la lui avons présentée un matin. Ce mariage, Laurent ne l’apprécierait pas, pas que j’épouse une Arabe « une crouille », une de ses soeurs à déjà épousé un Juif, ma soeur Françoise un pied-noir, alors…
Un peu raciste, l’oncle, mais malgré tout il apprécie fortement Malika qui n’a pas sa langue dans sa poche mais en même temps qui est quelqu’un de droit et de cultivé.
Malika, ce matin me questionne pour savoir si, selon moi, elle ferait une bonne mère, et comme je réponds par l’affirmative, elle me conseille alors d’être un bon père, car le bébé est en route !
Ma première réaction est la peur, non pas d'avoir un enfant avec Malika, mais les précédentes s’étant enfuies avec, j’ai une pensée évidemment alarmiste et en même temps c’est un bonheur immense, rien au monde ne peut davantage me combler, rien !
Malika ne met pas longtemps à me rassurer, non seulement elle ne s'enfuirait pas, mais elle à l'intention de m'épouser.
Maman, Lucien et Laurent sont immédiatement informés.
À l'annonce de cette nouvelle, ils ont une réaction partagée, Maman était folle de bonheur, les deux autres sont beaucoup plus sceptiques.
Il est temps pour moi de prouver à tous que je peux être responsable, trouver un travail fixe, me montrer capable d'assumer une charge familiale.
Le travail, pas de problème, je donne toujours le meilleur de moi-même, lorsque je le veux, de plus j’ai la plus grande motivation qui s'offre à moi, Malika et le bébé.
Le travail je le trouve rapidement, chez Chartier un restaurateur de la rue du Faubourg Montmartre à Paris, lieu aux décors rococo, réputé pour l'époque.
Il me faut ensuite trouver un appartement qui sera vraiment à nous, et j’en trouve un rapidement, dans le quartier Saint-Michel, près de la rue de la Huchette.
Deux mois passent, le bébé sera un garçon.
Malika et moi avons décidé de le surnommer Claude Samuel. Claude pour faire comme mon papa, qui m’avait donné son prénom. Notre fils sera donc Claude Cotard 3e du nom.
Nous aimons le prénom Samuel aussi. Malika travaille sur une pièce de Samuel Beckett, et enfin c’est une petite provocation aussi envers sa famille, rapport à Samuel, le prophète juif.
Notre vie conjugale devient relativement calme vu que nous nous entendons quasiment sur tout, partageant une complicité de tous les instants.
Un regard, un petit sourire nous suffit pour nous comprendre. Malika se montre de plus en plus tendre, affectueuse, attentionnée, et c’est partagé.
La journée je travaille, elle aussi, comme danseuse pour diverses émissions de télé.
Nous gagnons bien notre vie. Le week-end, nous courons aux magasins La Samaritaine ou le BHV, bazar de l’hôtel de ville, pour meubler notre petit nid d’amour, préparer la chambre de Samuel.
Malika, comme moi, aime tout ce qui est rustique, le bois massif pour le mobilier, les décors champêtres et les petits trucs dégotés chez les brocanteurs ou aux puces de Saint-Ouen.
D’autres fois, nous passons nos journées à visiter les galeries de peintures, les musées, ou allons chez Gilbert Jeunes, une mega librairie, nous adorons les livres et la littérature, tous les arts en fait.
Le soir, c’est souvent les dîners aux chandelles, puis nous allons flâner sur les quais de la Seine, comme moi, Malika adore Paris by night.
Je sens son ventre s’arrondir très légèrement et ça la rend très sensuelle, elle rit.
Nous passons beaucoup de temps à rire, chanter, danser, une vraie joie de vivre nous habite, c’est le bonheur !
Régulièrement nous passons aussi des soirées entre ami(es) dans un des nombreux restaurants internationaux du quartier.
Bien sûr, je passe souvent voir Maman aussi, car pour Françoise, ma tutrice, je suis toujours censé habiter chez elle et chez Lucien, mais cela ne pose aucun souci, Maman et Malika s’adorent.
Alors la fatalité, celle dont je serai longtemps persuadé d’être poursuivi, fait de nouveau des siennes de façon terriblement douloureuse. Sortant avec des collègues de Chez Chartier où je travaille la journée, le soir du 6 novembre 1975, j’aperçois Malika qui m'attend de l’autre côté de la rue, il fait déjà sombre, elle est venue me chercher comme tous les soirs.
La voir m’enlève toute
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