Inaccessible Étoile
à autre.
Féerie, elle, c’est Annick qui la garde autrement.
Je pourrais retrouver certains anciens voyous qui ne demanderaient qu'à me remettre le pied à l'étrier, me fournir un calibre pour me refaire, mais j'estime que ce ne serait pas une bonne idée, je suis devenu trop dur et trop amère et je serai trop dangereux, n'ayant plus rien à perdre et me foutant un peu de perdre la vie.
De plus, la foi est entrée dans ma vie et ça fait un sacré distingo. Sans elle j'aurai certainement replongé, oui. Me retrouver riche à la sueur de mon calibre est bien tentant, mais je parviens à y résister.
David, mon collègue de gardiennage lui-même me le propose, il connaît quelques bons coups à faire, mais j'en ai fini avec ce passé et je refuse poliment, lui c'est une branche pourrie. Dans le cas où j'aurais replongé, ce sont les banques qui m'auraient intéressé, pas des petit coups qui se comptent en-dessous de quelques briques (millions), autrement ça ne vaut pas la peine de risquer des années de centrale.
J'ai changé et je n'ai plus envie de quitter le droit chemin. De plus, maintenant je me dis que c'est peut-être que je dois en passer par là, affronter la tentation et y résister, par la foi.
Et la foi je l'ai, car, aussi étrange que cela puisse paraître, le moral tient le coup encore.
Ma confiance dans le Seigneur me soutient, je suis convaincu qu'il ne me laissera pas passer cette épreuve sans aide.
Bientôt j’arrête ce travail où je ne suis donc payé qu'une fois sur dix, et encore.
Parfois je vois Annick, mais plus comme avant. J'ai honte de ma nouvelle condition.
Je lui cache plus ou moins la vérité sur le fait que je dors souvent dehors ou dans des squats, ne mange presque pas, ou des choses glaner à droite, à gauche, que j'ai perdu 25 kg en trois mois. Je le lui cache, mais elle n'est pas dupe.
J’apprends aussi que les pauvres sont une armée très puissante, car miséricordieuse sur bien des points, bien plus que les nantis.
D’ailleurs n’est-ce pas les pauvres qui ont fait les plus grandes révolutions ?
Une nuit, dans une chambre d’hôtel de Parmain, dans la région parisienne, juste en face de la gare, je me décide à prier à nouveau.
En général je me contente de le remercier pour toutes bonnes choses qui m'arrivent, ne serait-ce que de pouvoir m'acheter un morceau de pain.
Cette nuit-là, je le prie que si ça doit être ça, ma vie dorénavant, qu’il me reprenne près de lui, qu'il m'enlève la vie. Puis je m'endors en pensant que c'est ma dernière nuit d’hôtel.
En effet, le lendemain matin je dois repartir et retourner au squat, n'ayant plus d'argent pour payer la chambre.
Dans la nuit, je suis comme réveillé par une voix calme et douce qui me dit : Tu vas prendre tes affaires et partir à Jérusalem à pied, sur la route tu liras des passages de ma parole (la Bible), et les gens te donneront de quoi te nourrir, un coin pour dormir, es-tu prêt à faire cela ? Et moi de répondre, sans même réfléchir : Oui Seigneur.
Le lendemain, je me rappelle tout, en me réveillant, je prépare donc mes affaires, calcule la route à prendre pour partir vers le sud, Jérusalem. Je vérifie que j'ai ma Bible et je descends à la réception prendre un café avant de prendre la route.
Installé devant mon café, le téléphone sonne, c'est pour moi, on me propose une place dans un centre d'hébergement tenu par le secours catholique, probablement le meilleur foyer de Paris, rue de la Comète.
Mentalement je prie : Seigneur, Jérusalem ou le foyer ? Quelle est ta volonté ? Alors m’apparut l'image d'Abraham sur le point de sacrifier Isaac son fils, et le Seigneur stoppant son bras, il connaissait maintenant le degré d'obéissance d'Abraham.
Pour moi, c'est une réponse et c'est donc vers le foyer que ma pensée me dirige.
Ce n’est pas par crainte que je me dirige plutôt vers le foyer que vers Jérusalem.
À la limite je suis même plutôt tenté par ce long voyage, j’ai toujours aimé les voyages, les aventures et les escapades de liberté de ce genre, d'autant que je n’ai rien à perdre, j’ai déjà tout perdu !
Vivre au jour le jour, ne pas manger à ma faim, dormir dehors, aller dans le froid ou sous la pluie, depuis un an je m’y suis fait, je crois bien que j’y prends même goût !
Quelle aventure cela serait ! Jusqu'à Jérusalem à pied et sans argent, rien que la foi que le Seigneur pourvoirait à tout, quelle aventure merveilleuse ! Il y a tant
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