Inaccessible Étoile

de beaux endroits à voir sur la terre, mais quelque chose, une sorte de puissance, de force me poussa à aller au foyer plutôt que sur les routes.
C’est presqu'à regret donc que je m’y rends.
Je ne sais pas ce qui m’y attend. Je ne connais pas la puissance de la foi, bien qu’ayant été délivré de vingt ans de centrale pénitentiaire, une éternité. Je ne sais pas de quoi la foi peut me rendre capable.
En tant qu'existentialiste je ne mérite rien et surtout pas de la part de Dieu auprès de qui je n'ai jamais été proche. J'ai fait des choix dans ma vie, je me suis trompé parfois, mais quoiqu'il m'arrive dans la vie, je ne le dois qu'à mes choix.
L'homme doit trouver en lui ses propres valeurs et il doit décider par lui-même les actes qu'il commettra, c'est ce que je me suis toujours efforcé de faire.
Il est un fait que les parents transmettent à leurs enfants des valeurs, un modèle de base, mais ce n'est pas mon cas, je n'ai jamais eu cette base, on ne me l'a jamais transmise et j'ai dû aller la chercher moi-même. J'ai dû me la construire moi-même.
C'est à ce niveau-là qu'on peut dire que je suis existentialiste, mais plus à la mode de Camus que de Sartre. Camus est surtout un humaniste qui d'ailleurs finit par s'opposer à l’existentialisme.
Pour ma part, je cherche à comprendre ma raison d’être dans ce monde dont je ne comprends pas le sens. Ma quête est celle d’une cohérence, or pour Camus il n’y a pas de réponse à cette demande de sens.
Dieu, je ne le connais pas, pas plus que la multitude de chrétiens non-pratiquants, mais je sais une chose, c'est que chaque fois que j'ai mis un genou à terre, quelqu'un ou quelque chose m'a donné la force de me relever, plus fort qu'avant. C'est peut-être un signe, mais je ne tiens pas à négliger ce signe-là !
     
     

L’inaccessible Étoile
    Ce foyer est une bénédiction pour moi.
Je peux me remettre sur pied en mangeant à ma faim, dormir dans un lit propre, me vêtir proprement et m'occuper de moi sur le plan hygiénique, principalement prendre une douche chaque jour, deux fois par jour si j'en ai envie.
Je peux prendre le temps de trouver un vrai travail rémunéré avec l'aide des éducateurs sociaux présents. Me changer les idées en regardant la télé, en lisant, en me re socialisant avec d'autres humains.
Ce genre de foyer donne vraiment, à celui qui veut s'en sortir, remonter la pente, toutes ses chances, et je pense qu'il n'y en a pas assez de comparables dans les grandes villes.
Il existe bien des aides sociales, mais souvent à trop court terme. Or il faut du temps à un homme pour se reconstruire.
Héberger un SDF une nuit, deux ou trois même, c'est bien, mais et après ?
Au foyer de la Comète je peux rester un mois, voir trois si ma réinsertion sociale évolue dans la mesure où je fais des efforts dans ce sens, et c'est le cas parce que je ne suis pas seul à y travailler, les travailleurs sociaux me sont d'une aide précieuse !
Encore faut-il que les hommes aient vraiment envie de se réinsérer socialement.
J’ai connu plusieurs personnes qui auraient pu s’en sortir, mais qui se trouvent bien ainsi.
Pourquoi aller travailler, se faire taxer, payer des impôts, après tout, ils ont appris à se débrouiller, honnêtement, travaillent au noir de temps à autre, de droite à gauche et ça leur suffit. Il fait froid ? Ils partent au soleil dans le sud. Ils sont libres et ça ne leur coûte pas une taxe, pas un impôt.
Toutefois, ça reste tout de même une minorité, ceux que je connais ou que je croise et qui assument leur statut SDF, qui y trouvent leur compte. Je pourrais être des leurs.
Au foyer je retrouve du travail en intérim, dans une ancienne société pour laquelle j'ai déjà travaillé et ayant laissé un bon souvenir des années auparavant, à l’époque d’Isabelle.
L'agence intérimaire m'envoie dans une compagnie d'assurances, au service courrier, préparer les commandes de dossiers et documentations.
Puis, c'est Annick qui me revient tout doucement. Avec son mec ça n'a pas du tout été. Un mec violent, infidèle.
Nous nous installons ensemble au bout de quelques semaines. Amandine elle, semble ravie, mais je dois la ré apprivoiser, car elle a vu une image de l'homme, l'ex de sa mère, qui n'est pas faite pour la rassurer. Cela ne prend pas longtemps pour qu'elle se rende compte que je n'ai rien à voir avec cet ex et notre entente est parfaite. Enfin, un bel héritage totalement