Indomptable

sur
    l’aiguille et se remit à coudre.
    — Une fois marié, il n’y a pas de divorce pour un chré-
    tien, poursuivit Marie, donc nul besoin de jalousie. Vous
    avez la protection de Dominic, son titre et sa fortune pour le
    reste de votre vie. Que lui reste-t-il qui vaille la peine d’être
    possédé ?
    — Son affection. Son respect. Son… amour.
    — L’or et les bijoux durent plus longtemps, dit Marie.
    Ils peuvent être vendus pour de la nourriture et des vête-
    ments lorsque vient la guerre ou la famine. L’affection est
    distrayante pendant un moment, mais elle est aussi incons-
    tante que le vent. Pour ce qui est de l’amour, c’est un caprice
    de l’esprit, rien de plus.
    Marie noua le fil et le coupa d’un geste sec de ses dents.
    — Voilà, dit-elle, satisfaite. Elle tombe convenablement,
    à présent.
    Elle se releva avec l’élégance d’une femme habituée à
    s’asseoir sur des coussins éparpillés sur le sol plutôt que sur
    des chaises. Ses doigts habiles s’agitèrent alors qu’elle se mit
    à délacer la robe bien ajustée.
    — Marie.
    — Oui, madame ?
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    INDOMPTABLE
    — Gardez vos artifices sexuels pour la garnison, dit
    crûment Meg. N’en usez pas sur mon époux. Que vous rem-
    portiez un succès ou que vous échouiez, vous regretteriez
    d’avoir essayé.
    Il régna un instant de surprise silencieuse avant que
    Marie n’éclate de rire.
    — Je peux voir pourquoi il vous appelle son « petit
    faucon », dit-elle. Faites un pas hors de la robe, madame.
    Meg s’exécuta et ensuite attendit, observant avec des
    yeux qui étaient franchement ceux d’un prédateur, tandis
    que Marie mettait soigneusement la robe dans la
    garde-robe.
    — Marie ?
    — Comme vous voudrez, répondit-elle calmement, se
    retournant vers Meg. Mais vous devez savoir que ce que
    vous voulez ne sera valable que le temps que votre maître le
    souhaitera également.
    — Que voulez-vous dire ?
    L’espace d’une seconde, Marie regarda Meg avec quelque
    chose dans les yeux proche de la compassion.
    — Comment est-ce possible que vous ayez dix-neuf ans
    et que vous soyez encore tellement innocente…
    Marie soupira profondément et s’expliqua.
    — Dominic vous fait la cour avec énormément de soin.
    Pendant ce temps, il ne me regarde pas. Lorsque cela chan-
    gera — et cela arrivera, puisqu’il n’est qu’un homme —,
    alors j’irai dans son lit aussi longtemps qu’il voudra bien de
    moi. Il est maître dans son château, pas moi. Vous non plus,
    madame. Aucune femme ne l’est.
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    ELIZABETH LOWELL
    Marie se saisit du petit panier de couture.
    — Puis-je faire autre chose pour vous ?
    — Non.
    Après un petit signe de tête, Marie sortit de la chambre.
    À chaque mouvement, ses hanches balançaient à l’image de
    la flamme d’une bougie sous un courant d’air.
    Meg laissa échapper sa respiration contenue ainsi que
    quelques mots qui lui auraient valu un regard horrifié du
    bon prêtre. Le pire dans tout cela, c’était que Marie avait
    raison. Si Dominic choisissait de favoriser sa maîtresse
    plutôt que son épouse, Meg ne pourrait pas y faire
    grand-chose.
    « Elle ne peut lui donner de fils légitimes. Il n’y a que
    moi qui puisse faire cela. »
    Pourtant, Meg n’était pas certaine d’en être capable.
    Après tout ce qui avait été dit et tout ce qui s’était passé, il
    semblait que peu de femmes Druides de la Vallée aient été
    fertiles.
    Fronçant les sourcils, Meg jeta un manteau sur ses
    épaules et se dirigea vers la salle de bain. Les pantoufles
    pointues étranges faites de tissu, que Dominic lui avait
    données, bruissaient contre le sol et luisaient d’un éclat
    métallique sous la lumière des lampes. L’huile parfumée
    des lampes compensait l’odeur d’humidité et du froid des
    murs de pierre du château. Depuis l’arrivée de Dominic, le
    château avait commencé à briller tel un papillon fraîche-
    ment sorti de sa chrysalide.
    — Vous voilà, dit Eadith. Je pensais que vous aviez fait
    quelque chose qui avait déplu à votre époux et que vous
    étiez à nouveau confinée dans vos appartements.
    Meg sourit d’un air plutôt grave.
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    INDOMPTABLE
    — J’étais enfermée dans de la soie verte pendant que
    Marie ajustait l’ourlet.
    — Ah, la catin. Dominic lui a promis de la soie pour
    elle-même si elle vous confectionnait une robe qui lui plaise.
    La joie que Meg avait ressentie grâce à la soie verte dis-
    parut. Se