Indomptable
détournant de sa servante, Meg ôta le manteau, le
déposa et commença à délacer les rubans des sous-
vêtements de soie que Dominic lui avait offerts en même
temps que les pantoufles brodées de fils d’or.
Eadith testa la température de l’eau dans la baignoire, la
trouva satisfaisante et se tourna pour aider Meg.
— Quel tissu délicat, dit Eadith en lui ôtant le haut. Et
de si jolis motifs, comme sur la Bible du prêtre.
Meg ne répondit rien. Savoir que Dominic offrait des
présents à Marie rendait Meg à la fois mal à l’aise et en
colère.
« J’irai dans son lit aussi longtemps qu’il voudra de moi.
Il est le maître dans ce château, pas moi. Vous non plus,
madame. Aucune femme ne l’est. »
Avec un regard en biais à sa maîtresse mécontente,
Eadith commença à disposer le savon, le parfum, les
onguents et les crèmes qui faisaient partie du rituel de Meg
propre aux Druides de la Vallée. Personnellement, Eadith
trouvait que tout cela était une grande perte de temps. D’un
autre côté, les chevaliers de Dominic avaient montré leur
nette préférence pour la femme élevée par les Sarrasins, et
cette dernière prenait son bain aussi souvent que Meg. Peut-
être y avait-il bien plus dans cette habitude que l’obsession
des Druides de la Vallée et les habitudes païennes des
Sarrasins.
345
ELIZABETH LOWELL
Les grelots dorés chantonnèrent une douce mélodie
quand Eadith enroula les nattes de Meg au-dessus de sa tête
pour former une couronne et les fixa avec des peignes faits
d’or et d’émeraudes — d’autres présents de Dominic.
— Ce sont des peignes ravissants, dit Eadith.
— Oui, répondit Meg sans joie dans la voix.
— Ils sont très jolis sur vos cheveux.
— Merci.
— Thomas m’a offert quelques peignes en argent. Il a
dit qu’ils allaient bien avec mes cheveux.
— Avez-vous de l’affection pour Thomas ? demanda
Meg. Vous parlez souvent de lui, depuis la semaine dernière.
Eadith haussa les épaules.
— Il est assez gentil pour sa taille.
— Devrais-je demander à Dominic de proposer le
mariage ?
— Non, répondit Eadith. Thomas n’est pas assez for-
tuné pour entretenir deux écuyers, encore moins une
épouse. À moins que Dominic n’offre des propriétés à ses
chevaliers… ?
— Je ne sais pas.
— Eh bien, j’en doute, dit Eadith en faisant glisser un
nouveau peigne. Même lorsque ses autres chevaliers seront
arrivés, il aura déjà assez peu de chevaliers comme cela
pour défendre le château et les manoirs. Si les chevaliers
sont absents parce qu’ils défendent leur propre terre, ils ne
seront pas capables de défendre les siennes.
— C’est assez vrai.
Eadith fit glisser le dernier peigne.
346
INDOMPTABLE
— Savez-vous quand arriveront les autres chevaliers ?
L’intendant fait face à un problème vu la quantité de nourri-
ture que les hommes mangent.
Meg fit la grimace. L’intendant se plaignait, chaque
fois qu’il la voyait, de la vitesse à laquelle s’évaporaient les
réserves.
— Gwyn a dit que l’on parlait beaucoup dans le sud
de la mer très agitée, dit Meg. Peut-être les chevaliers sont-
ils encore en Normandie à attendre de pouvoir faire la
traversée.
— Au moins une quinzaine de jours, dans ce cas, dit
Eadith en faisant un pas en arrière. Dans votre bain, à
présent.
Meg ôta ses pantoufles dorées, les tendit à Eadith et
pénétra dans l’eau fumante et parfumée aux herbes. Avec
un soupir de plaisir, elle s’enfonça jusqu’au menton, ce qui
fit taire les grelots, excepté ceux qui se trouvaient dans ses
cheveux.
— C’est étonnant que les Druides de la Vallée n’aient ni
écailles ni nageoires, dit Eadith en observant Meg s’aban-
donner dans l’eau.
Souriant, Meg bougea les mains pour faire tourbillonner
l’eau.
— Avez-vous besoin d’autre chose ? demanda Eadith.
— Non.
— Je vous laisse à vos psalmodies, dans ce cas.
Amusée, les coins de la bouche de Meg se relevèrent
devant la ferme désapprobation d’Eadith quant aux cou-
tumes des Druides de la Vallée.
347
ELIZABETH LOWELL
— Si je ne suis pas de retour et si vous avez besoin de
moi, dit Eadith, criez. Votre chien à deux pattes est juste au
bout du couloir. Il ira me chercher.
Devant ce rappel à propos de l’écuyer de Dominic qui se
trouvait toujours à proximité, la bouche de Meg s’affaissa.
Le « petit faucon » avait été relâché
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