Indomptable
de
trouver un chemin de l’autre côté des terres hantées.
Au milieu des dolmens, rien ne bougeait, si ce n’est le
vent.
— Qu’y a-t-il au centre du tertre ? demanda Dominic.
— Une chambre à ciel ouvert.
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INDOMPTABLE
— Y a-t-il suffisamment de place pour un cheval ?
Meg hésita.
— Ne vous inquiétez pas, dit-il en remarquant sa réti-
cence. Je vais attacher Crusader ici, à l’extérieur.
— Rien ne viendra le déranger.
— Allez dans la chambre du tertre, dit Dominic. Si
Duncan est courageux ou assez intelligent pour franchir les
cercles de pierres, la chambre sera plus facile à défendre
que cet espace ouvert.
— Et vous ?
— Je viendrai avec vous du moment que je puisse
garder un œil sur Crusader. Ou bien devrai-je procéder à
des rites et incantations afin de pouvoir entrer ? demanda-
t-il d’un ton sarcastique.
— Rien de plus original que les yeux que Dieu vous a
donnés, répondit-elle, la voix crispée. Si cet endroit était
habité par le diable, ma croix ne le tolérerait pas.
Dominic haussa les épaules.
— Cela n’a pas d’importance. Je pactiserais avec le
diable, pour être à l’abri de Duncan et de ses mercenaires.
— Non ! dit Meg, horrifiée. Ne dites jamais cela !
Il rit.
— Quelle sorcière étrange vous faites.
— Je ne suis pas une sorcière, dit Meg, détachant bien
chaque mot. Je suis une Druide de la Vallée. Ce n’est pas la
même chose.
— Les gens ordinaires ont du mal à faire la distinction
entre les deux.
— C’est pour cette raison qu’ils sont ordinaires,
rétorqua-t-elle.
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ELIZABETH LOWELL
— Allez au tertre, chère épouse Druide de la Vallée. Je
vous rejoindrai là-bas.
Meg contourna le tertre et rejoignit une ouverture où la
terre et les rochers avaient soit été poussés de côté, soit ne
s’y étaient jamais empilés depuis le début des temps. Le
passage était étroit, avec des parois de pierre, et le sol était
recouvert des feuilles de la saison dernière. Au bout de
quelques mètres, il s’ouvrait sur une chambre circulaire. Si
l’endroit avait un jour été recouvert d’un toit, il n’en restait
aucune trace.
De l’herbe et des fleurs sauvages poussaient pour former
un tapis épais. Dans la partie se trouvant à l’ouest, les
feuilles de l’année dernière s’étaient amassées au pied de
quatre pierres blanches étranges. Elles auraient pu servir de
supports pour un abri ou bien être des obélisques entourant
un autel disparu, ou encore servir de points de repère pour
capturer les rayons inclinés de la lumière au changement
d’une saison spécifique. Aucune personne vivante ne le
savait.
Si les Druides de la Vallée avaient un jour su à quoi ser-
vait le tertre, la chambre ou les obélisques, cette connais-
sance n’avait pas survécu à l’époque où un frère s’était
retourné contre son frère et où le Loup des Druides de la
Vallée avait été perdu ; et avec lui, la paix dans le pays
lui-même.
— Vous paraissez triste, dit Dominic derrière Meg.
Est-ce un endroit mélancolique pour vous, ou bien êtes-vous
malheureuse que Duncan n’ait pas réussi à vous enlever ?
— Est-ce donc ce que vous croyez ?
La tentation de provoquer Meg gagna presque sur le
bon sens de Dominic. Avec un juron entre les dents, il retint
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INDOMPTABLE
sa langue. Son humeur était toujours changeante lorsque
son sang bouillonnait après une bataille. Ses hommes
avaient appris à l’éviter soigneusement.
— Laissez-moi seulement vous dire que je suis malade
à en mourir d’entendre constamment des histoires sur
Duncan de Maxwell et vous, dit Dominic d’un ton amer.
— Moi aussi.
Le ton de la voix de Meg était aussi amer que celui de
son époux.
L’effort était visible, mais Dominic parvint à contenir sa
mauvaise humeur.
— Restez ici, dit-il. Je vais monter la garde à l’extérieur.
Sans un mot, Meg regarda Dominic quitter la chambre
d’un air furieux. Il ne lui fallut qu’un court instant pour
trouver un endroit confortable au milieu des herbes et des
fleurs sauvages. Elle ôta son manteau, le retourna vers l’in-
térieur pour protéger le tissu délicatement brodé et se
confectionna un coussin. Son foulard était maintenant de
travers à cause de leur course effrénée, tout comme ses
nattes étaient à présent défaites. Elle enleva les chaînes en
or, secoua ses cheveux et se mit à les coiffer avec le
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