Indomptable
des-
triers dans l’excitation de la chasse, dit Dominic. Votre mon-
ture est de bonne volonté, mais elle n’est plus toute jeune
pour partir à la chasse sur un terrain comme celui-ci.
— Et vous ? demanda Meg. Si je reste derrière, vous
allez manquer la prise.
— Il y aura d’autres parties de chasse.
— Mon palefroi sera le même.
— Oui, mais vous ne la monterez pas. Lorsque mes che-
valiers arriveront, vous recevrez un palefroi sarrasin dont
la robe est aussi rousse que votre chevelure.
— Vraiment ? demanda Meg, excitée.
— Vraiment. Elle devrait avoir de beaux poulains avec
Crusader.
— Encore la procréation, marmonna Meg dans un
souffle. Est-ce donc la seule chose à laquelle vous pensez
qu’une femelle puisse servir ?
Si Dominic l’entendit, il ne répondit rien.
Meg avait eu raison en mentionnant que la première
partie du chemin serait difficile. Depuis que sa monture
avançait avec précaution au milieu des ornières et des
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ELIZABETH LOWELL
pièges formés par les joncs, la jument respirait bruyamment
et avait pris un retard de cent mètres sur les autres cheva-
liers. Même s’ils portaient une charge plus lourde, les éta-
lons n’étaient pas affectés par cette chevauchée difficile, car
Dominic entraînait les chevaux de combat avec autant de
soin qu’il entraînait les chevaliers. Une monture qui man-
quait de souffle ou de puissance sur un champ de bataille
était bien pire qu’inutile.
Lorsque le palefroi de Meg quitta enfin la partie maré-
cageuse, Dominic vint à ses côtés et fit signe aux écuyers de
passer devant. Presque deux cents mètres plus loin, à pré-
sent, les chevaliers suivaient le ruisseau entre les herbes et
des arbres éparpillés, et ensuite dans la forêt. Même sans
feuilles, les arbres et les taillis étaient suffisamment épais
pour faire disparaître les chevaliers et les écuyers derrière
eux.
Meg et Dominic avaient parcouru mille mètres, quand
un cor de chasse résonna au milieu du jour. Ils s’arrêtèrent
et tendirent l’oreille. Le cor se fit de nouveau entendre, et
puis encore, marquant les tours et détours de la poursuite.
— Ils sont arrivés à un ruisseau secondaire, dit Meg,
écoutant attentivement.
Le cor retentit de nouveau, avec insistance.
— Le cerf a été aperçu ! dit Dominic.
Retenant leur souffle, ils écoutèrent le son du cor qui
s’éloignait. Le cerf entraînait les chiens dans une course-
poursuite à travers les collines et les vallons. Dominic avait
eu raison ; ils déambulaient à tombeau ouvert. Son palefroi
aurait été distancé en un clin d’œil.
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INDOMPTABLE
Soudain, un sentiment de mise en garde glaça Meg. Elle
observa rapidement les alentours telle une proie à la
recherche d’une échappatoire.
— Que se passe-t-il ? demanda Dominic.
— Je ne sais pas. Tout à coup, je me sens comme le cerf.
Chassée.
— Cela vous arrive-t-il souvent lorsque la proie est en
vue ? demanda-t-il avec curiosité.
— Jamais avant aujourd’hui. Je…
La voix de Meg se cassa comme si elle avait été
poignardée.
Un cor retentit à l’est, directement entre Dominic et Meg
et les autres chevaliers à la poursuite du cerf. Le son du cor
n’appartenait pas à celui du maître-chien du château de
Blackthorne.
— Reconnaissez-vous le cor ? demanda Dominic.
— Ce n’est pas possible, répondit-elle. Il ne ferait pas ça.
— Qui ? l’interrogea Dominic.
— Duncan. C’est le cor de bataille des mercenaires.
Le cor retentit de nouveau, plus proche cette fois.
Les mercenaires ne poursuivaient pas les chevaliers et les
écuyers, mais bien les deux personnes qui étaient restées à
l’écart à l’arrière de manière imprudente.
— Bon sang, cracha Dominic. Y a-t-il un endroit près
d’ici qui puisse être défendu par un seul homme contre
plusieurs ?
— Il y a un endroit où aucun homme n’irait.
— Montrez-moi le chemin !
— C’est par là, indiqua Meg, mais mon palefroi ne
peut…
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ELIZABETH LOWELL
Avant que Meg ne puisse terminer sa phrase, Dominic
l’arracha à sa monture, l’installa à califourchon devant lui
dans un tourbillon de vêtements et donna un coup d’épe-
rons à son immense étalon.
Derrière eux, les cris des hommes qui venaient de
repérer leur proie s’élevèrent.
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c 22
Meg se tapit dangereusement, très bas sur la droite du
cou de l’étalon quand la branche la plus basse
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