Indomptable
armés que nous le
sommes. Ils ne sont pas aussi habiles, mais les hommes sont
aussi bruts et impitoyables que la pierre. Les Écossais de
Solway ont énormément de sang viking dans les veines.
411
ELIZABETH LOWELL
La bouche de Dominic se courba en un léger sourire.
L’orgueil farouche de Sven quant à ses origines nordiques
était une grande source d’amusement parmi les chevaliers.
Mais aucun homme intelligent ne s’aventurait à le taquiner
à ce propos.
— Les écuyers sont assez âgés pour verser leur sang,
poursuivit Sven. En effet, certains volent leurs supérieurs
depuis qu’ils sont assez âgés pour tirer à l’arc.
Un cri dans la cour poussa Sven à se retourner si vive-
ment que sa tenue de pèlerin gris foncé tournoya. Une lueur
étincela dans ses yeux pâles qui scrutaient le moindre mou-
vement en contrebas.
— Ce n’est que Leaper qui a été attrapée en train de
voler du pain, dit Dominic. Cela arrive aussi fréquemment
que le soleil se couche.
— Quand vos autres chevaliers arriveront-ils ? demanda
franchement Sven.
— Neuf jours. Peut-être davantage.
— Ce n’est pas assez tôt. Les mercenaires seront prêts à
passer à l’attaque à la moitié de ce délai.
— Nous pouvons résister, dit Simon. Le château est
fiable en cas de siège.
— Dans ce cas, ils attaqueront simplement tout d’abord
le chargement de mobilier, et ensuite, ils viendront nous
attaquer, dit Dominic.
— Oui, acquiesça Sven. C’est ce que Duncan planifie. Il
est rusé, monsieur.
— Qu’en est-il des mercenaires ? Sont-ils satisfaits de
suivre Duncan ? demanda Dominic.
— Les meilleurs le sont. Les pires seraient prêts à suivre
quiconque leur promettrait un massacre, y compris Rufus.
412
INDOMPTABLE
— Le cousin de Duncan, dit Dominic, songeur. Est-il à
moitié aussi bon chef que ne l’est Duncan ?
— Non. Duncan est comme vous, monsieur. Les
hommes le suivraient jusqu’en enfer. Seuls les chiens sui-
vraient Rufus dans une pièce, et seulement s’il avait de la
viande sanguinolente dans les mains.
Dominic regarda d’un air pensif en direction des
champs, se laissant envahir par la tranquillité de la soirée.
Il en avait besoin.
Depuis que Meg était réellement devenue son épouse,
au-delà de simplement son épouse légitime, elle avait été
réveillée chaque nuit par ses rêves, prise de sueurs froides.
Lorsqu’il l’interrogeait, ses réponses étaient toujours identi-
ques, puisque le rêve était toujours le même.
— Le danger arrive.
— Quelle sorte de danger ? Une épidémie ? Un siège ? Du
poison ? Une embuscade ?
— Je ne sais pas. Je ne sais pas ! Je sais uniquement que le
danger rôde autour du château de Blackthorne. Chaque nuit, il
s’approche, s’approche, s’approche ! Prenez-moi dans vos bras,
Dominic. Prenez-moi dans vos bras. J’ai peur pour vous, mon sei-
gneur. J’ai peur…
Il la prenait dans ses bras, lui caressait les cheveux, la
réchauffait avec sa propre chaleur. Et finalement, le jour se
levait.
Cependant, le jour faisait toujours place à la nuit.
— Bien, finit par dire Dominic, au moins maintenant je
sais quel est le danger. Vous pouvez partir, Sven. Merci.
Comme toujours, vos renseignements sont précieux.
Simon attendit que le bruit des pas de Sven qui s’éloi-
gnait s’estompe.
413
ELIZABETH LOWELL
— Que veux-tu dire en parlant du fait qu’à présent, tu
sais quel est le danger ? demanda Simon.
— Mon épouse Druide de la Vallée rêve, mais pas de
façon claire.
— Elle est enfin ton épouse véritable , dit Simon en insis-
tant sur ces mots. Quels que puissent être ses sentiments
pour Duncan, elle s’est donnée à toi.
— Oui, acquiesça Dominic à voix basse. Elle est mon
épouse véritable.
« Mais elle ne me parle pas d’amour. Elle parle de plaisir,
de danger, de rires, du château, du jardin, de l’étreinte verte
du printemps… mais pas d’amour.
» Guérissez-moi, Meg.
» Aimez-moi.
» Donnez-moi des fils. »
Simon tapa dans le dos de Dominic en signe
d’affection.
— Les gens du château l’ont su, dit Simon d’un air satis-
fait. Au moment où tu es revenu de la chasse avec Meg qui
brillait à l’image du soleil dans tes bras, ils l’ont su.
Il n’y eut aucune réponse.
Immobile, silencieux, Dominic observait le paysage
serein jusqu’à ce qu’il ne subsiste plus aucune lueur dans le
ciel, sauf le croissant de
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