Indomptable
manière
aussi perceptible que les siens ; et ses paroles résonnèrent
dans le silence empli de tremblements, signe d’extase.
« Aimez-moi, Meg. Apportez la guérison au pays en me
donnant des fils. »
408
c 23
Comme c’était devenu son habitude au cours des trois
jours qui s’étaient écoulés depuis l’attaque des merce-
naires lors de la partie de chasse, Dominic se tenait sur les
remparts du château de Blackthorne dans la quiétude
intense qui suivait le coucher du soleil.
Depuis cette position privilégiée, Dominic pouvait voir
la brume scintiller comme un feu argenté au-dessus des
bassins à poissons, de la rivière et du lac éloigné. Il pouvait
voir, sur une rive toute proche, les silhouettes sombres,
semblables à de la dentelle, des chênes tout juste recouverts
de feuilles et les épais contours noirs des montagnes où la
dernière lueur rosée s’attardait sur les rochers escarpés. Il
pouvait voir le dernier mouton à la traîne être mordillé et
poussé par des chiens rapides jusque dans les étables pour
la nuit. Il pouvait voir le dernier vol d’un oiseau d’eau qui
descendait en tournoyant vers le lac pour y passer la nuit.
Ce qu’il ne pouvait voir, c’était Duncan de Maxwell et
ses mercenaires. Pourtant, Dominic savait qu’ils se trou-
vaient quelque part dans le crépuscule et le brouillard, dans
l’attente d’une nouvelle opportunité pour attaquer le cœur
du château de Blackthorne.
Des bruits de pas en provenance de la tour la plus
proche se firent entendre. Dominic n’eut pas à tourner la
tête pour savoir qui s’approchait. Les bruits de pas étaient
presque aussi familiers que les siens.
— Une belle soirée, dit Simon.
ELIZABETH LOWELL
Dominic grogna.
— Une soirée épouvantable, dans ce cas.
Dominic grogna une nouvelle fois.
— Une humeur exécrable, peut-être ? suggéra Simon.
La seule réponse de Dominic fut un regard dur de biais.
— J’ai des nouvelles de tes chevaliers, dit Simon.
Cela captiva l’attention de Dominic.
— Où sont-ils ?
— À neuf jours d’ici, à moins que d’autres tempêtes
n’éclatent. Les chariots se sont tellement embourbés sur les
routes boueuses qu’il leur a été impossible de bouger pen-
dant plusieurs jours.
— Bon sang, marmonna Dominic.
— Tu pourrais donner l’ordre aux chevaliers de
devancer ton mobilier.
— Quatre-vingt-neuf animaux chargés de biens oné-
reux, répondit brutalement Dominic. Sans chevaliers pour
les protéger des bandits, le chargement transportant mes
biens se retrouverait sans défense, tout comme un oiseau
avec une aile cassée.
Le poing de Simon s’abattit dans sa paume.
— Si seulement nous étions tombés, les chevaliers et
moi, sur les mercenaires plutôt que sur Meg et toi.
— Oui. Mais même si cela avait été le cas, les merce-
naires ne seraient pas restés pour se battre. Duncan est trop
intelligent pour cela. Il sait qu’il aurait connu une sévère
défaite. La plupart de ses hommes sont mal entraînés.
— Sven le confirme.
Dominic se tourna pour faire face à son frère.
— Est-il de retour ?
Simon hocha la tête.
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INDOMPTABLE
— Qu’on lui dise de venir.
Alors que Dominic était encore en train de parler, un
homme s’avança depuis la tour d’angle. Ses souples chaus-
sures de cuir ne faisaient aucun bruit sur les remparts de
pierre. Cela faisait partie des talents étranges de Sven que
de se fondre dans le décor des lieux dans lesquels il se trou-
vait. Dominic n’avait jamais connu d’homme plus discret, ni
plus meurtrier.
— Avez-vous soupé ? demanda Dominic.
— Oui, dit Sven d’une voix douce. Monsieur, je n’ai pas
beaucoup de temps devant moi. Je dois être de retour au
domaine de Carlysle d’ici peu afin de m’occuper de mon
troupeau.
Le sourire immaculé de Dominic étincela dans la
pénombre. Imaginer un homme aussi féroce que Sven s’oc-
cuper de moutons était grotesque.
— Qu’avez-vous appris ? demanda Dominic.
— La bande des mercenaires s’agrandit.
— Combien sont-ils ?
— Cinq chevaliers, douze écuyers, trente domestiques.
— À cheval ?
— C’est là leur problème. Seuls deux des chevaliers
montent des destriers. Les autres chevauchent des che-
vaux mal entraînés. De meilleurs chevaux devraient arriver
d’Écosse d’ici quelques jours.
— Des armes ? demanda Dominic d’un ton cassant.
— Les chevaliers sont aussi bien
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