Indomptable
qui flamboyait, contrastant
ainsi avec le noir intense des poils de son torse.
En prenant bien garde à ne pas toucher l’étranger,
Ambre s’agenouilla à ses côtés, une bougie à la main. Elle
voulait étudier le talisman. D’élégantes runes avaient été
gravées dans la pierre précieuse. Elles confiaient le porteur
du pendentif à la protection des Druides.
— Retournez le pendentif, dit-elle à voix basse.
Erik s’exécuta. De l’autre côté du talisman, des mots
latins, transcrits en forme de croix, proclamaient la
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Extrait de : Interdit
grandeur de Dieu et demandaient Sa protection. C’était une
prière chrétienne que portaient souvent les chevaliers partis
en Terre Sainte combattre les Sarrasins.
Ambre soupira de soulagement. L’étranger n’était pas
un sorcier noir venu sur les Terres contestées pour y semer
la terreur. Pour la première fois, elle considéra l’étranger
comme un homme, et non comme un objet qu’on lui ame-
nait pour qu’elle y décèle vérité ou traîtrise.
Où qu’elle porte son regard, la puissance de cet homme
la narguait. C’en était déroutant. Seuls ses cils, épais et légè-
rement recourbés, et ses lèvres superbement dessinées pou-
vaient témoigner d’une quelconque délicatesse.
L’étranger était beau comme l’est un guerrier. Il avait la
beauté d’un orage plutôt que la beauté d’une fleur. Sur son
corps, des ecchymoses, des coupures et des éraflures
récentes se mêlaient à des cicatrices survenues lors d’autres
combats plus anciens. Ces marques sur son corps ne dimi-
nuaient pas son aura de pouvoir viril, mais au contraire le
rehaussaient.
Bien qu’il n’ait pas d’autres possessions que son talisman,
pas même de quoi se couvrir, Ambre savait que c’était un
homme sur lequel on pouvait compter.
— Où l’avez-vous trouvé ? demanda-t-elle.
— À Stone Ring.
— Comment ? s’écria-t-elle en relevant vivement la tête.
Elle avait du mal à y croire.
— Vous m’avez très bien entendu.
Ambre attendait des explications, mais Erik se conten-
tait de la fixer avec le regard déterminé d’un loup.
— Ne m’obligez pas à vous questionner, dit-elle, exas-
pérée. Parlez !
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Extrait de : Interdit
Les traits durs d’Erik se changèrent en un sourire
amusé. Il enjamba le corps de l’étranger pour fermer la
porte, mettant un terme à l’errance du vent froid automnal
dans la pièce.
— Vous auriez du vin chaud pour un vieil ami ?
demanda-t-il en souriant. Et une couverture pour couvrir
l’étranger ? Il fait trop froid pour rester ainsi à découvert,
qu’il soit un ami ou un ennemi.
— Bien sûr, monseigneur. Vos désirs sont des ordres.
La causticité de la voix d’Ambre était aussi incontestable
que son affection sous-jacente. Sire Erik était le fils et l’héri-
tier d’un grand comte écossais, mais curieusement, elle
s’était toujours sentie à l’aise avec lui… malgré le fait
qu’elle-même ne fût pas de haute naissance et qu’elle
n’eût pas plus de famille que le vent sauvage de l’automne.
Erik retira sa belle cape. Il couvrit l’étranger de la lourde
et chaude laine indigo. Le tissu suffisait tout juste à le
couvrir.
— Il est bien grand, dit-il d’un air absent.
— Encore plus grand que vous, dit Ambre depuis
l’autre côté de la chaumière.
— Le chevalier qui a mis cet homme à terre doit être un
guerrier puissant.
Erik la regarda, les yeux plissés, lorsqu’elle revint rapi-
dement vers lui, les bras chargés de l’épaisse couverture de
fourrure qui recouvrait habituellement son lit.
— Si on en croit les indices, il a été mis à mal par la
foudre, dit Erik distinctement.
Soudain, la vaporeuse chemise de nuit d’Ambre s’en-
roula autour de ses chevilles. Elle trébucha. Elle serait
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Extrait de : Interdit
tombée sur l’étranger, si Erik ne l’avait rattrapée. Il la remit
sur pied et la relâcha tout aussi rapidement.
— Pardonnez-moi, s’empressa-t-il de dire.
Bien qu’il ne l’ait touchée qu’un bref instant, elle ne pou-
vait cacher le malaise qu’elle ressentait.
— Ce n’est rien, dit-elle. Il vaut mieux que ce soit vous
qui me touchiez plutôt que cet étranger.
Malgré ses mots rassurants, Erik la regardait attentive-
ment. Il voulait être sûr que le désarroi que son contact lui
avait causé n’était que fugace.
— Je ne sais pourquoi je ne ressens
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