Indomptable
féroce et amusé.
— Ah, monsieur. Me connaissez-vous si peu ? Le
danger est mon épouse, ma maîtresse et mon enfant. C’est
pour cette raison que j’aime autant faire partie de vos
chevaliers.
Un juron virulent, un profond soupir, et Dominic céda.
— Voyez le prêtre avant d’y aller, ordonna Dominic à
Sven. Cette fois-ci, peut-être rencontrerez-vous un danger
auquel vous ne pourrez survivre.
— Il y a des manières bien pires de mourir qu’en défen-
dant l’épouse de mon seigneur.
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INDOMPTABLE
— Oui, le coupa fermement Simon. Laisse-moi y aller
avec Sven. Je peux…
— Non, objecta Sven spontanément. Vous êtes aussi
imposant que Dominic ou Duncan. Les mercenaires vous
repèreraient en un clin d’œil. S’ils ne le font pas, ce sera
Eadith.
— Vous n’êtes pas vraiment un gringalet, vous non
plus, rétorqua Simon.
— Ils sont habitués à moi, dit Sven en se retournant.
Quand attaquerez-vous ?
— À la nuit tombante, répondit Dominic. Cela vous
laissera-t-il suffisamment de temps ?
Sven observa l’inclinaison du soleil.
— Tout juste. Envoyez des hommes à pied pour atta-
quer par l’arrière. Avec un peu de chance, la porte de sortie
dans la palissade sera ouverte.
Avant que quiconque ne puisse répondre, Sven partit en
courant dans la forêt et disparut.
— Où l’avez-vous trouvé, celui-là ? demanda Duncan à
Dominic.
— Au milieu de l’enfer sarrasin.
— Est-il capable d’ouvrir la poterne ?
— Si un homme est capable de le faire, c’est bien Sven.
Ce ne sera pas la première porte qu’il aura ouverte de l’inté-
rieur pour moi.
— Je veux bien le croire, marmonna Duncan. Il est aussi
discret qu’un chat.
Derrière Dominic, un cheval s’ébroua et s’agita impa-
tiemment. Les autres chevaliers et leurs écuyers étaient des-
cendus de cheval pendant que leur seigneur et les deux
chevaliers débattaient pour savoir quel serait celui qui
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ELIZABETH LOWELL
prendrait la plus dangereuse position durant l’attaque. Les
hommes de Duncan ressemblaient à ceux de Dominic :
durs, compétents et habitués à verser du sang lors de précé-
dents combats.
La plupart des chevaliers avaient enlevé leurs lourds
hauberts et vérifiaient leurs armes. Arbalète et carreaux,
pique et bâton, masse, épée et hache de bataille comme
panoplie mortelle. Les chevaliers parlaient tout en s’affai-
rant sur leur équipement, pariant sur l’homme qui serait le
premier à traverser les palissades, lequel serait le premier à
tuer, et même lequel serait le premier à faire couler le sang
ou celui dont le sang coulerait en premier de sa propre chair.
Dominic entendait les plaisanteries et les conversa-
tions même s’il se trouvait à une grande distance. Il n’était
concentré que sur une seule chose : Meg. Il aurait bien
échangé le paradis contre l’enfer en solitaire, si cela lui avait
donné la garantie que son petit faucon survivrait au lever
de la lune.
— As-tu des instructions pour les chevaliers ? demanda
Simon à Dominic quand ils furent prêts.
— Pas de quartier. Pas de prisonniers.
Ignorant les gardes des mercenaires qui faisaient des allers-
retours en haut des palissades, Meg tira discrètement sur la
chaîne qui lui menottait les poignets et encerclait le jeune
chêne. Bien que rouillée, la chaîne était encore solide.
Elle jeta un coup d’œil au soleil. Il n’était plus visible au-
dessus de la palissade en bois brut qui entourait la cour
cahoteuse. Bientôt, le crépuscule formerait des bassins
d’ombres et de cuvettes jusqu’à ce que l’obscurité en déborde
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INDOMPTABLE
et règne en maître sur les terres. Un peu plus tard, la lune
argentée se lèverait glorieusement.
Ensuite, les mercenaires viendraient la chercher.
Eadith faisait les cent pas près du grand feu où les restes
d’une viande de chasse rôtie durcissaient sur une broche.
Impatiemment, elle dirigeait son regard du feu au garde qui
avait la meilleure vue sur la route carrossable en direction
du manoir de Carlysle.
— Est-ce que vous voyez quelque chose ?
— Non, répondit sèchement l’homme.
Rufus découpa un morceau du rôti avec un poignard,
fourra le morceau de viande dans sa bouche et le mâcha.
— Il viendra, insista-t-elle. Il est follement épris de la
sorcière.
Rufus grogna.
Eadith se remit à faire les cent pas.
Un mercenaire dépenaillé s’approcha de la broche.
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