Indomptable
à l’usage et au bon
sens d’utiliser un cheval de bataille de valeur pour effectuer
un simple voyage. Néanmoins, personne ne pouvait savoir
avec certitude si John de Cumbriland, seigneur du château
de Blackthorne, avait planifié un mariage ou une guerre.
— Calme-toi, Crusader, dit calmement Dominic à son
cheval. Il n’y a pas de traces de trahison.
— Pour l’instant, répondit l’autre chevalier sans ména-
gement en arrivant à ses côtés.
Dominic regarda son frère. Les yeux noirs de Simon
observaient tout avec lucidité, sans rien laisser échapper.
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ELIZABETH LOWELL
Simon, appelé « le Fidèle », était le chevalier le plus estimé
dans l’escorte de Dominic. Sans son aide, Dominic doutait
qu’il eût accompli au combat les exploits qui lui avaient valu
d’être récompensé par une épouse saxonne dont la richesse
foncière suffisait à rendre jaloux le roi d’Angleterre.
Mais pas cupide. Les rois normands avaient appris à
leurs dépens que les Saxons indisciplinés aux frontières du
nord étaient trop difficiles à battre complètement. Il était
plus judicieux d’avoir recours à des mariages plutôt qu’à des
guerres.
— As-tu remarqué quelque chose qui cloche ? demanda
Dominic.
— Sven est venu me trouver dans les bois, répondit
Simon.
— Et ?
— Il a fait ce que tu as demandé.
— Un véritable chevalier, dit Dominic d’un ton sardo-
nique, vu qu’il avait demandé à Sven de rejoindre le châ-
teau de Blackthorne en éclaireur, déguisé en pèlerin, et de
séduire une des domestiques de la maison.
— La jeune femme était consentante, dit Simon en
haussant les épaules.
Dominic grogna.
— Sven a appris que Duncan de Maxwell est dans le
château, dit Simon de manière succincte.
L’étalon de Dominic se cabra à nouveau à moitié, en
réponse à la brusque montée de colère de son cavalier.
— Et Lady Margaret ? demanda-t-il froidement.
— Elle se trouve également au château.
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INDOMPTABLE
— Un rendez-vous galant ?
— Personne ne les a surpris ensemble.
Dominic grommela.
— Cela pourrait uniquement signifier qu’ils sont intel-
ligents et non vertueux. Qu’en est-il des mercenaires ? Se
trouvent-ils également ici ?
— Non, ils sont en compagnie du cousin de Duncan,
au nord, à Carlysle, une des propriétés de Lord John. Ou
plutôt, une de tes propriétés.
— Pas encore. Pas avant d’avoir épousé la fille et que ne
meure le père.
— Il ne reste que deux jours avant les noces. Je doute
que John ne survive au festin qui suivra.
Dominic se détourna de son frère en direction du châ-
teau de Blackthorne surplombant la colline verte d’où il
dominait la vallée. Lord John s’était plongé dans la pauvreté
en construisant ce château de quatre étages avec ses épais
murs de pierre et ses abruptes tourelles d’angle.
On n’avait reculé devant aucune dépense afin de trans-
former l’endroit en une forteresse militaire et le protéger
de toute attaque. Tout autour du château, à environ trente
mètres, se trouvait un mur de pierre à moitié terminé.
Achevé, le mur aurait atteint deux fois la hauteur d’un
homme à cheval. Mais le mur de pierre cédait la place à
des palissades en bois, ce que Dominic, d’un regard affûté,
considéra immédiatement être un point faible.
« Au moins John a-t-il eu le bon sens de creuser un fossé
large et profond en vue de ralentir les assaillants. Même
ainsi, le château est trop vulnérable. Quelques seaux de
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ELIZABETH LOWELL
braises contre les palissades et le mur extérieur offrirait une
brèche. Le château lui-même ne résisterait pas plus long-
temps que la capacité des chevaliers à résister à la soif.
» À moins qu’il n’y ait un puits au sein du château lui-
même… Si ce n’est pas le cas, je remédierai à cela
immédiatement. »
Dominic contempla à nouveau l’imposante structure de
pierre dominant la colline peinant à verdir. Une guérite
avait été encastrée dans le mur extérieur partiellement
achevé. Le pont au-dessus du fossé devait encore être
abaissé.
— Où est le gardien du pont ? demanda Simon.
Sommes-nous censés faire le siège ?
— Patience, mon frère, dit Dominic sur un ton acerbe.
John mérite davantage notre pitié que notre colère.
— Je préfèrerais voir ce visage saxon endurer le
martyre.
— Tu pourrais bien avoir ta chance.
— M’en fais-tu
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