Jack Nicholson
dont (et principalement) son père, Abe Schneider, président de l’une des filiales de la société, Columbia Pictures Industries. Bert Schneider avait apporté avec lui trois films à petit budget : Too Soon to Love, Hell’s Angels on Wheels et Psych-Out. Tous trois avaient été mis en scène par Richard Rush ; et il se trouvait que Jack Nicholson apparaissait dans chacun d’entre eux. Schneider expliqua aux cadres de la Columbia qu’il visait une sensibilité tendance – plus Richard Rush que Roger Corman – et que la bonne réception du public pour Easy Rider était quasiment garantie. Il obtint son contrat.
Avant qu’ Easy Rider ne soit lancé, Schneider et Rafelson se projetèrent les trois films de Richard Rush pour observer les acteurs et le travail des techniciens. « On va faire un film de Dick Rush. » C’était le mantra qu’ils ne cessaient de se répéter.
Terry Southern, très tôt, laissa tomber le projet de rédaction du script. Dern fut quant à lui écarté (on dit qu’il aurait demandé un cachet trop élevé), et Torn fut finalement recruté. Le reste des acteurs fut choisi au sein du cercle d’amis et de connaissances de Corman et Raybert.
Et toujours pas de Jack.
Au début du printemps 1968, Fonda, Hopper et compagnie se rendirent à La Nouvelle-Orléans pour tourner quelques séquences, sur film 16 mm, du Mardi gras, ainsi que la scène du trip d’acide dans un cimetière local. En rentrant, ils décidèrent de faire une pause avant de tourner les premières scènes dans les environs de Los Angeles, dont la scène de la vente de drogue à l’aéroport qui lançait l’histoire et la rencontre de Wyatt et Billy avec la communauté hippie (« Ils vont réussir » est une réplique que Fonda a toujours regrettée).
Déjà, les relations entre Fonda et Hopper n’étaient pas faciles. On disait que le plateau était parfois le théâtre de concours de hurlements entre le producteur et le réalisateur, que l’on consommait de la drogue à tout-va, que Fonda et Hopper filmaient le nombril des gens en gros plan.
L’un des principaux problèmes était le rôle de George Hanson. Fonda et Hopper souhaitaient différer le paiement du cachet de Rip Torn, afin de rester dans le budget ; les autres acteurs avaient accepté de recevoir les cachets minimums prévus par la Screen Actors Guild au profit d’une participation aux bénéfices. Mais avant même que Torn ne soit passé devant une caméra, il perdit patience, se leva lors d’un dîner, et, d’après la légende, dit à Hopper : « Tu n’as qu’à faire ton film de merde sans moi. »
Quand les scènes de Los Angeles furent achevées, au moment où l’équipe allait reprendre la route, d’après Nicholson, « tout le monde voulait tuer quelqu’un, traîner un autre devant les tribunaux, ou brûler les livres d’un troisième ». Rafelson étant occupé avec Head, et Schneider étant un homme de bureau, les responsabilités de conciliateur furent confiées à Nicholson, qui avait acquis une grande expérience dans la production avec Corman et le réalisateur Monte Hellman.
Suivant les conseils de Jack, Schneider profita de la pause à Los Angeles pour embaucher un nouveau chef opérateur, le Hongrois Laszlo Kovacs, qui était très doué pour résoudre les difficultés liées aux extérieurs, ainsi que l’ingénieux directeur de production qu’était Paul Lewis. Tous deux venaient de finir de tourner Psych-Out.
L’accès de colère de Torn avait laissé le rôle de George Hanson vacant. Mais puisque Jack serait sur le plateau tous les jours, pourquoi ne jouerait-il pas le rôle de George Hanson ? C’est à se demander si Nicholson n’avait pas tout manigancé depuis le début.
Fonda n’avait rien contre. De son point de vue, Jack pouvait se révéler utile ; et ce qui était sûr, c’était qu’il allait peaufiner ses dialogues.
Hopper résista fermement à l’idée. Hopper avait des idées très définies sur tout, et il pensait que Nicholson ne convenait pas au rôle. Comme la scène qui introduisait George Hanson se déroulait dans le Sud-Ouest, Hopper voulait quelqu’un qui pût passer pour un homme de la campagne, avec un accent texan. « Je n’avais jamais vu Jack faire un truc comme ça », dit Hopper. « Je le voyais comme un exhibitionniste de Hollywood, pas comme un pécore de la campagne. »
Hopper refusa. Rafelson et Schneider insistèrent.
Jack joua à merveille celui qui
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