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Jacques Cartier

Jacques Cartier

Titel: Jacques Cartier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri-Emile Chevalier
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son de cette voix.
—Je vous effraie ? fit-il tristement. Mon costume...
Et ses yeux tombèrent sur ses jambes nues, sa chemise et ses braies, d'où l'eau coulait comme d'un ruisseau.
—Vous oubliez, messire Georges, dit-elle, que, quand même je ne vous devrais pas ma vie, je serais bien mal avisée en ayant attention à votre accoutrement, car le mien...
Et, à son tour, elle jetait les yeux sur sa toilette, si fraîche deux heures auparavant, en si pitoyable condition à cet instant.
Mais, s'interrompant :
—Et ma mère, et nos bateliers ? interrogea-t-elle avidement.
—Oh ! j'espère qu'ils sont sauvés aussi ! répondit Georges d'un air embarrassé.
—Pensez-vous ?
—Oui ; du reste, j'ai envoyé une barque à leur recherche... Mais je vais me retirer pour vous laisser changer de vêtements...
—Qui m'en donnera ?
—Cette femme que vous voyez accroupie et qui chante devant l'âtre.
—Quoi ! la sorcière !
    —Vous la connaissez. Constance ? s'écria-t-il, avec un émoi qu'il s'efforça ensuite de dissimuler.
—Eh ! qui ne connaît la sorcière de la Conchée ! Nous sommes donc sur l'île ?
—Oui... commandez à Maharite et elle vous obéira... Je sors ; me permettez-vous de revenir ?
—Oh ! oui ! Ne me laissez pas longtemps Ici, supplia-t-elle en tendant sa main à Georges, qui y imprima un baiser.
Puis il quitta la caverne ; et Constance demeura seule avec la sorcière, laquelle chantait d'une voix étrange ce chant plus étrange encore :
«—Merlin, Merlin, où allez-vous si matin avec votre chien noir ?
«—Je reviens de chercher le moyen de trouver ici l'oeuf rouge.
«Je vais chercher dans la prairie le cresson vert et l'herbe d'or.
«Et le gui de chêne, dans le bois, au bord de la fontaine.
«—Merlin ! Merlin ! revenez sur vos pas, laissez le gui au chêne.
«Et le cresson dans la prairie, comme aussi l'herbe d'or.
«Comme aussi l'oeuf du serpent marin parmi l'écume dans le creux du rocher...
«Merlin ! Merlin ! revenez sur vos pas ; il n'y a de devin que...»
—Le Diable ! acheva-t-elle avec un ricanement farouche. N'est-ce pas, ma mignonne, qu'il n'y a pas d'autre devin que le Diable ?
Et Maharite tourna vers Constance sa face, dont la flamme jaillissante du foyer faisait, pour ainsi dire, flamboyer les abominables laideurs.
A cet aspect, la jeune fille se serra, en tremblant, au fond du lit.
—Ah ! je te fais peur ! je te fais peur, petite mijaurée, poursuivit la sorcière, avec des inflexions tour à tour railleuses et sinistres ; je suis donc bien horrible ! bien décidément horrible !
    Moi aussi j'ai été belle, pourtant, belle comme toi, plus que toi. Et toi aussi tu deviendras horrible, plus horrible que moi ! Ah ! je te vois pâlir, puis verdir comme la mousse qui tapisse ces rochers !
Ah ! sur ton corps si frais, si parfumé, je vois grouiller des millions et des millions de vers gluants...
—Tais-toi ! maudite ! oh ! tais-toi ! ordonna Constance, sautant à terre.
—Pouah ! continua la sorcière, avec un geste de dégoût, je sens l'odeur, rôdeur exécrable de tes chairs qui tombent en pourriture...
—Misérable ! proféra la jeune fille, faisant un bond pour s'enfuir de la caverne.
Mais Maharite la retint par le pan de sa jupe.
—Arrête ! mignonne ! arrête ! Entends-tu comme la mer gronde, comme le vent se lamente au dehors ?... Où irais-tu ? Non, ruste, reste ici. Je veux te faire belle, moi ; plus belle que tu n'as jamais été, que tu ne seras jamais !
En prononçant ces paroles Maharite traînait la pauvre enfant effarée dans un couloir, dont elle éclaira les profondeurs avec une torche de résine.
Elle ouvrit un coffre en bois peint, et, pièce à pièce, en tira un coquet habillement de jeune mariée. Depuis le voile virginal jusqu'à l'anneau d'or, rien n'y manquait.
—Voyons, mignonne, mets bas cette cotte mouillée, disait-elle, en rangeant les objets sur le coffre.
Et comme, malgré son audace habituelle, Constance ne bougeait pas, Maharite, se hissant sur un banc, se prit à la dévêtir avec autant d'adresse que d'agilité.
    Mais, en la débarrassant de ses effets, elle s'extasiait sur les charmes de la jeune fille, et mêlait de prédictions lugubres, révoltantes, ses marques d'admiration.
Constance, éperdue, n'osait lui résister. Quelle que fût la fermeté, nous pourrions dire l'impudence qui lui était propre, tant d'impressions violentes et diverses avaient fondu sur elle, depuis le départ de

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