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Jacques Cartier

Jacques Cartier

Titel: Jacques Cartier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri-Emile Chevalier
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île pour épier... Ah ! tu es bonne ! et tu m'aimes, n'est-ce pas, Constance ?... Mais parle donc ! Serais-tu fâchée contre moi ? Quel motif !... Si la Providence ne m'avait conduit ici, tu périssais... Oh ! rien qu'à cette idée, je me sens glacé... Dis un mot... un seul qui me rassure... Qu'as-tu ? Cette toilette, que j'avais fait disposer, à l'avance, ne te plairait-elle pas ?... Est-ce que tu es indisposée contre moi ?...
Georges avait prononcé ces mots de ce ton mouillé, insinuant, qui caractérise les ardeurs de la passion et pénètre, bon gré mal gré, le coeur de ceux qui l'ont allumée. Aussi, comme à un divin nectar. Constance s'enivrait-elle «aux paroles du séduisant jeune homme, aux magnétiques effluves de son amour.
    Les doutes, les craintes qui s'étaient élevés dans son esprit, se fondaient ainsi que les brumes du matin sous un rayon de soleil, et, palpitante, ravie, elle dit, en enveloppant Georges dans un regard voluptueux :
—Quoi, doux ami, ce vêtement...
—C'est ton vêtement nuptial, que j'avais fait faire et apporter ici où tu l'aurais mis, avant de nous rendre à Césembre, s'écria-t-il, en enlevant la jeune fille de terre et la pressant avec frénésie contre sa poitrine.
—Laissez-moi ! oh ! laisse-moi ! disait-elle éperdue, abandonnant sa tête alanguie sur l'épaule de son amant.
Et lui :
—La tempête s'apaise ; le vent a cessé de gronder ; les flots rentrent dans leurs abîmes. Viens, viens, mon ange, mon idole, viens, sautons dans ma barque ; rendons-nous à Césembre et soyons unis, heureux pour toujours !
Georges se précipitait, avec son précieux fardeau, hors de la grotte, lorsque le crépitement d'une vive arquebusade se fit entendre, à quelques pieds au-dessus d'eux, sur le plateau de la Conchée.

CHAPITRE V. GEORGES DE MAISONNEUVE.
    De tout temps, la Bretagne a été remarquée pour sa fidélité au culte des pratiques dévotieuses. Mais, souvent aussi, elle s'est distinguée par les troubles déplorables qui ont pris naissance dans son sein et jeté le discrédit sur ses habitants. Le brigandage lui-même y a, plus d'une fois, usurpé le droit de cité et commis des excès heureusement ignorés ailleurs. Sans redire les abominations de Gilles de Laval, maréchal de Retz (1440), non plus que les atrocités de Fontenelle, cent cinquante ans plus tard, ou, de nos jours, les horreurs de la chouannerie, il serait facile de montrer que, fréquemment, la Bretagne fut ravagée par des bandes de scélérats, agissant tantôt sous la bannière de la religion, tantôt sous l'étendard de la politique.
Nombreuses, terribles apparurent ces bandes vers le milieu du seizième siècle. Depuis là mort de la «bonne» duchesse Anne, celle que Louis XII appelait sa Brette moult amée, la province était en proie au fléau des guerres intestines. Et quelles guerres ! Sous prétexte de reconnaître ou de ne pas reconnaître la souveraineté de la France, les grands seigneurs se livraient d'évêché à évêché, de ville à ville, de château à château à des luttes acharnées qui répandaient la ruine et le deuil dans toute la péninsule ; luttes, ai-je dit, massacres, bien mieux j'aurais pu écrire. Car ils sont farouches, ils sont sauvages, quand la passion les enflamme, nos Bretons ! Dans leurs rixes, dans leurs jeux, gare au Pen-Bas ! cette arme nationale autrement redoutable que le sabre, la baïonnette ou même la crosse de fusil ! Je vous laisse à penser s'il eut un rôle capital à cette époque de discorde. Le sang coula à torrents, et, sur les monceaux de cadavres entassés par le fanatisme, dans toute la vieille Armorique, on vit germer des hordes de bandits qui, prenant diverses dénominations, plus effroyables les unes que les autres, achevèrent de saccager le pays, d'y répandre la terreur avec la désolation.
    Ces malfaiteurs étaient connus du peuple sous le nom générique de Soudards. Mais chaque troupe avait, en outre, sa désignation particulière. C'est ainsi que l'une d'elles, dont nous allons nous occuper, s'intitulait fièrement les Tondeux, et tâchait de justifier sa sinistre appellation par tous les excès imaginables, perpétrés sur ceux qui tombaient entre ses mains, mais les riches, les nobles et les prêtres principalement.
Après avoir semé la dévastation dans la Cornouaille et le pays de Tréguier, les Tondeux avaient pris, en 1533, Saint-Malo et ses environs pour théâtre de leurs odieux

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