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Jacques Cartier

Jacques Cartier

Titel: Jacques Cartier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri-Emile Chevalier
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Jacques Cartier, que sa volonté s'était amollie comme la corde d'un arc trop longtemps tendu.
Elle laissait faire et parler cette bizarre créature, qui, tout en lui passant la robe nuptiale, extraite du coffre, disait sur un ton rhythmé, mystérieux :
«Il y aura six ans, six ans vienne la Saint-Jean, la Saint-Jean prochaine.
«Dans le village, le joli village de Pordic, tout près, tout près de Tréguier.
«Vivait heureuse, vivait bien heureuse Maharite, Maharite, la femme du pêcheur Jugon.
«Mais Maharite était coquette, elle était trop coquette ; et mal lui en prit, grand mal lui en prit.
«Son mari n'était pas pieux, pas pieux du tout ; et mal lui en prit aussi, très-grand mal lui en prit.
«Le jour de la fête, de la fête de monsieur saint Jean, le mari de Maharite était allé à la pêche, dans son bateau ; dans son grand bateau.
«Maharite la frivole, Maharite rencontra hors du logis un chevalier, un chevalier tout de vert habillé.
«Maharite la folle, Maharite écouta les paroles, les trop douces paroles du galant cavalier.
«C'était le démon, le beau démon, sorti des enfers pour la séduire, la séduire et la tromper.
«—Où vas-tu, Maharite ? Maharite, où vas-tu ?» demanda le prince, le prince damné des Enfers.
    «—Cavalier, gentil cavalier, je vais, dit-elle, au feu que l'on allume sur le rocher, pour monsieur, le très-vénéré monsieur saint Jean.
«—Non, tu n'iras pas, tu n'iras pas à ce feu ; mais viens avec moi, nous en allumerons ensemble un plus brûlant, bien plus brûlant.
«Laissez-moi, aimable cavalier ; aimable cavalier, laissez-moi ; je veux aller à la fête, à la fête sacrée.
«—Cette fête, douce Maharite, Maharite très-douce, nous la ferons dans mon château, dans mon riche château.
«—Monseigneur, je ne saurais, je ne saurais consentir ; que dirait-on au village si je vous suivais dans votre château, votre riche château ?
«—Viens, il y aura pour toi des coiffes en dentelle, en fine dentelle ; et une robe, une jolie robe violette.
«—Y aura-t-il tout cela ? Messire, y aura-t-il tout cela ?» dit, en s'arrêtant, Maharite, l'imprudente Maharite.
«—Il y aura aussi, ma belle, de l'or, de l'or pour payer les redevances que vous devez à votre seigneur, votre très-redouté seigneur.»
«Notre seigneur, notre redouté seigneur était cruel, très-cruel pour ses vassaux.
«Son intendant, son intendant, aussi dur que lui, avait menacé Jugon de l'enfermer dans la tour, dans la tour épaisse du manoir.
«Maharite, la crédule Maharite, suivit, en hésitant, le cavalier, le perfide cavalier.
«Il la mena dans son château, dans son merveilleux château, où il lui fit boire des liqueurs, des liqueurs enivrantes.
«Maharite, ah ! plaignez Maharite ! s'endormit, et quand elle s'éveilla, elle était couchée, couchée à côté de LUI !
«Et le château était en feu, en feu flambant, et formait ce bûcher, ce magnifique bûcher que Satan avait dit.
    «Sans mal, sans mal aucun Lucifer sortit de la fournaise, et Maharite, la désolée Maharite aurait voulu faire comme lui.
«Mais le plancher s'écroula, s'écroula sous ses pieds, et tomba Maharite dans les flammes, dans les flammes dévorantes.
«Où Maharite, la malheureuse Maharite, se rompit les reins et se brûla le visage, se brûla le visage au vif.
«Et, le lendemain, on apprit que Jugon, Jugon le pécheur, avait péri dans la mer, la mer sans fond.
«Et ainsi furent punis par monsieur saint Jean, le sévère monsieur saint Jean, Maharite, la très-coupable Maharite, et son mari.
«Et voilà l'histoire, la triste histoire de Maharite, Maharite la magicienne du roc Quince.»
Comme la sorcière terminait son goerz, d'une voix douce, qui n'était pas sans charme musical, elle achevait aussi la toilette de Constance. Peu à peu, la jeune fille s'était remise de sa stupeur. Elle prêtait une oreille attentive, presque complaisante, au chant de Maharite.
—Allons, mignonne, dit celle-ci en reprenant son ton sarcastique, après avoir fini ; allons, à ton tour d'être l'amante et la dupe du roi des ténèbres ! Regarde-moi, petite, regarde-moi et n'aie frayeur, car mon visage et mon corps t'annoncent ce qui t'attend !
Bien plutôt tâché de t'y accoutumer. Allons ! tu es parée pour les noces, parée des effets de celle qui t'a précédée dans les bonnes grâces de Satan, cours te jeter entre ses bras ! Je ne suis pas jalouse, moi ; tiens, le voici ! ajouta-t-elle avec un rire

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