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Jacques Cartier

Jacques Cartier

Titel: Jacques Cartier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri-Emile Chevalier
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marin, en essuyant, du revers de la main, une grosse larme qui roulait sur sa joue basanée.
L'hôtelier lui remplit son gobelet et lestement Jean en absorba le contenu.
—Mais que faisiez-vous donc, pendant qu'on élevait cette croix ? questionna Lorimy.
    —«Ah ! ah ! répondit vivement le timonier, je ne perdais pas mon temps, moi, da non ! Je rôdais dans la campagne, min Gieu, oui ! et je trouvais ça, ajouta-t-il en sortant de son bragou-bras un nouveau caillou, veiné de jaune. Oui, je trouvais ça et bien d'autres comme lui ! On en remplit plusieurs barriques. Ça valait-il pas mieux que d'ériger des croix pour les Français, hein !»
Tous les assistants firent à l'envi des signes d'assentiment.
—«C'est comme ça, mes gens ! acheva triomphalement Morbihan. Quand nous eûmes ramassé de ces pierres d'or, en suffisance, maître Jacques reconnut encore l'embouchure d'un grand fleuve [A son deuxième voyage, Cartier, comme on le verra plus loin, nomma ce fleuve Saint-Laurent.]. Mais il avait hâte de revenir et, le 15 août, jour de l'Assomption, après avoir oui la messe, nous démarrâmes de Blanc-Sablon pour Saint-Malo, où, avec l'aide de Dieu, nous avons débarqué, en bonne santé, la nuit passée.»
—C'est merveilleux, pour le certain, dit Lorimy. Et vous n'avez pas eu d'accident ?
—Pas un seul, mon camarade, pas un seul, hormis deux bourrasques, l'une en partant d'ici, l'autre en y revenant, da oui !
Comme il prononçait ces mots, la porte de l'auberge s'ouvrit et le négociant Vordec reparut.
Il criait en agitant le caillou dans sa main :
—Morbleu ! j'ai perdu ! C'est de l'or, au meilleur titre.
Aussitôt l'homme qui buvait isolé, en un coin, sortit furtivement du cabaret, mais avec une précipitation telle qu'il oublia de payer sa consommation.

CHAPITRE VIII. LES TONDEURS.
    D'un pied leste, notre homme franchit les marches branlantes des escaliers qui entrecoupaient la rue des Petits-Degrés. Puis, il tourna à droite, enfila la rue de la Boucherie, traversa le parvis de la cathédrale, et, par une ruelle sombre, si étroite que deux personnes eussent eu de la peine à passer de front, il arriva dans la cour dont nous avons précédemment parlé.
Elle était illuminée avec un éblouissant éclat. Le seigneur de Maisonneuve donnait à ses amis une fête, avant de partir pour un voyage lointain. Tout en ruisselant par les fenêtres de l'hôtel dans la cour, les rayons de cent bougies éclairaient, dans la grande salle du premier étage, un banquet aussi splendide par la rareté et la variété des mets que par leur délicatesse.
Cette salle était tendue de tapisseries de haute lisse. Au milieu se dressait la table, oblongue. Elle ployait sous les cristaux, la vaisselle plate et les riches pièces d'or ou de vermeil merveilleusement ciselées.
Le linge, ouvré, damassé, de Flandre, avait une blancheur et une finesse idéales. Les serviettes des convives étaient parfumées avec des sachets, dont l'odeur mariée à celle des corbeilles de fleurs et de fruits de toute provenance, disposées avec goût sur la table, et des cassolettes d'encens, qui brûlaient sur des consoles embaumait la vaste salle.
Pour ce festin, digne de Lucullus, les quatre éléments avaient été largement mis à contribution. La terre avait fourni ses viandes les plus succulentes, ses vins les plus exquis ; l'onde, ses poissons les plus fins ; l'air, ses plus friands volatiles, le feu, ses chaleurs les plus ardentes et les plus douces.
Le spectacle était réjouissant au possible.
    Et pour comble de raffinement, une musique invisible, délicieuse, ne cessait de jouer.
Baignés de lumière, plongés dans une atmosphère enivrante, servis par douze belles jeunes femmes très-légèrement vêtues d'étoffes transparentes, sollicités par toutes les séductions des sens, les douze convives n'avaient, à travers cette profusion de plats inouïe, que l'embarras du choix.
Contrairement à la mode bretonne, l'on s'était mis à table à cinq heures. Mais cela n'avait rien de surprenant, Georges de Maisonneuve ne faisant rien comme les autres.
On en était au dessert, composé de fruits indigènes et exotiques, fruits mûrs, fruits secs, fruits à l'eau-de-vie, gâteaux, échaudés, biscuits, massepains, confitures de Verdun, cotignacs de Tours, gelées, pâtes, crèmes, sorbets et liqueurs. La gaieté bruyante, l'ivresse enflammaient les visages, éclataient dans les bouches. L'amphitryon se leva, et tenant

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