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Jacques Cartier

Jacques Cartier

Titel: Jacques Cartier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri-Emile Chevalier
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tête aux pieds. Jamais arsenal de coquette ne fut aussi complet. Car les perruques, les coiffures de nuances, de formes diverses ne manquaient pas non plus. Le maquillage moderne y eût été pris d'envie.
Georges portait toute sa barbe. Il se rasa. Ensuite il se débarrassa de son vêtement d'apparat, pour endosser l'accoutrement des gardes du port de Saint-Malo, sur un halecret, à l'épreuve de la balle ; mais en se travestissant et se grimant, avec une perfection telle, que nul, même parmi ceux qui le fréquentaient habituellement, ne l'eût reconnu, sa toilette terminée.
Maisonneuve aussitôt tira deux forts verrous et ouvrit une porte. Il entra dans une chambre de médiocre dimension qui devait appartenir à la tour.
Assis devant une table dans cette chambre, un homme nettoyait la batterie d'une arme récemment inventée à Pistoia, en Toscane, ce qui lui valut d'abord le nom de pistole, puis de pistolet.
Cet homme était le pêcheur que nous avons entrevu à l'auberge de Monsieur Saint Anthoine. Seulement, il avait, lui aussi, opéré une métamorphose, en s'affublant des haillons d'un pillawer, sorte de chiffonnier breton.
—Eh bien, Eric ? demanda Georges, en refermant avec précaution la porte sur lui.
—Eh bien, marquis, tu peux te vanter d'avoir du flair ! Mais quelle raffinerie dans ton déguisement ! Tu es méconnaissable.
    N'était le son de ta voix...
—Cartier a rapporté des tonnes d'or, n'est-ce pas ? interrompit Maisonneuve d'un ton brusque.
—Oui, des tonnes, répéta Eric, en se frottant les mains. Voilà prêt ce grand coup que nous attendions tous les deux !
—Allons, conte-moi ça, dit Georges, qui s'assit négligemment sur le bord de la table.
—C'est simple comme bonjour, marquis. Ce matin, le bruit court en ville que l'expédition de Cartier est revenue avec des monceaux d'or. Tu me l'apprends. Je m'habille en pêcheur, je vole aux informations. Les vaisseaux de Cartier étaient effectivement arrivés, durant la nuit, en vue de Saint-Malo. Ils avaient mouillé hors du havre, à l'île Harbourg. Mais, quand je montai sur le rempart, les deux brigs entraient dans la Petite Rade. L'un avait le cap sur Saint-Servain [On disait alors Saint-Servain, au lieu de Saint-Servan.], où probablement il doit être radoubé ; et l'autre venait jeter l'ancré devant Saint-Malo, sous le môle. C'était justement celui de Cartier. Je le reconnus bien, car il portait le pavillon de commandement. Dès qu'il fut amarré, je descendis sur la plage. Adroitement, je questionnai, j'interrogeai. Mais impossible d'obtenir une réponse précise. Ceux-ci disaient que le navire était lesté d'or, ceux-là que le lest n'était que de cailloux, qu'on avait pris pour de l'or. Je te laisse à penser si je fis des tentatives pour me procurer un de ces cailloux ! Pas moyen. Cependant, je rôdai toute la journée sur la grève et je remarquai que la plus grande partie de l'équipage allait à terre. Je dépêchai quelques-uns de nos hommes après les mariniers, afin de les enivrer et de les garder à boire toute la nuit avec eux, s'il se pouvait.
    Instinctivement ensuite, je me rendis à la taverne du père Clovis. Le hasard me servit à souhait. On y causait du sujet qui m'intéressait. Vordec, le joaillier-armateur de la Grand'Rue, ne voulait pas que Cartier eût trouvé de l'or, quand entra un timonier de celui-ci :
—Jean Morbihan, sans doute, dit Georges.
—Je crois que oui. Mais cela ne me préoccupe guère.
Quoi qu'il en soit, mon timonier avait justement une pépite dans sa poche. Il la montre. Vordec la prend, va l'essayer chez lui et revient à l'auberge en disant que c'est de l'or pur. Ma foi, marquis, je n'en ai pas entendu davantage. Je me suis sauvé comme un fol, et en deux minutes j'étais ici.
—Tu vois que j'avais raison ! fit Maisonneuve avec un sourire complaisant.
—Tu as toujours raison, toi, marquis ! répondit Eric, d'un ton de respectueuse admiration.
—Maintenant, reprit Georges, nous allons, comme je l'ai dit ce matin, jouer notre grand jeu.
—C'est convenu. J'ai déjà envoyé nos gens en expédition, au château Richeux, sur la route de Dol. Ils sont tous partis, à l'exception des six plus robustes et meilleurs mariniers.
—Bien, dit Maisonneuve. Nous enlevons le navire de Cartier, tout chargé d'or, et nous faisons voile pour mon château d'Écosse, où nous nous délivrerons aisément de nos complices...
—Mais ici ? demanda Eric.
—Ici, repartit Georges avec un

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