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Jacques Cartier

Jacques Cartier

Titel: Jacques Cartier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri-Emile Chevalier
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princes de Bretagne, portait ombrage à leurs prétentions. Suivant M. Cunat, l'érection du Grand Donjon est contemporaine du duc François Ier. Fait remarquable toutefois : ce donjon ne se voit pas sur diverses Vues de Saint-Malo, publiées dans le dix-septième siècle, pas même sur celle de Tassin, géographe de Louis XIII. Mais il existait alors. Rien n'est plus avéré.
En 1486, Pierre de Laval, évêque de Saint-Malo, reconnaît qu'au duc François II et à ses successeurs appartient «la garde des églises, cathédrales et autres du duché, ainsi que le Château, clôture, fortification et garde de toute la ville.»
     Il reconnaît de plus au duc et à ses successeurs le droit d'y faire bâtir «tels édifices qu'il leur plaira, prendre tels fonds et endroits que bon leur semblera, sans pouvoir être empêché par ledit évêque» [Archives de Nantes. Armoire S. Cassette C.]. Pourtant, malgré ces aveux et concessions de Pierre de Laval, le clergé apporta toutes les entraves possibles à l'édification du Château, dont le gros oeuvre ne semble avoir été achevé que vers l'an 1800.
La duchesse Anne, d'une piété ou plutôt d'une dévotion si vantée, eut elle-même à lutter contre le mauvais vouloir ecclésiastique. Elle s'en formalisa, elle s'en vengea. Venue à Saint-Malo, en 1503, Anne voulut marquer son mépris de l'opposition que lui suscitaient les gens du Chapitre et fit graver sur une des tours du château l'inscription suivante, avec l'écusson de ses armes :
QUIC EN GROINGNE,
AINSY SERA,
C'EST MON PLAISIR.
La tour reçut alors et conserva depuis le nom de Qui-Qu'en-Grogne. Mais notre grande révolution martela l'inscription comme l'écusson, dont on ne distingue plus que le cartouche mutilé.
Le Château de Saint-Malo, bien que d'une utilité militaire contestable aujourd'hui, est un des plus beaux types de forteresse du moyen âge et de la Renaissance. On l'entretient avec soin et l'on a raison. Pour le curieux comme pour l'érudit, c'est un monument précieux. Nous sommes seulement surpris que, dans ses vastes et belles salles, on n'ait pas pensé à installer un musée. Celui de Saint-Malo est-il bien à sa place, dans ce pavillon étroit, obscur, incommode, qui lui a été assigné ? Quant à nous, nous aimerions à le voir, ainsi que la bibliothèque, dans le Château.
    Ce château, le populaire, toujours éloquent, toujours sans s'en douter docteur ès-tropes, dans son langage l'a d'un mot caractérisé : il l'appelle le Chariot.
Et c'est un vrai char de pierres ! Caisse, roues, timon, strapontin, rien n'y manque. Des chevaux ? Non. Mais ou vient d'y atteler la vapeur. La gare du chemin de fer est au bout du Sillon.
Imaginez un quadrilatère, sur un des petits côtés duquel s'appuie un triangle, voici l'ensemble, la caisse et le timon du char ; quatre tours rondes, aux quatre angles du quadrilatère formeront les quatre roues,—roues de géant, à coup sûr ;—et pour siège du cocher, un Gargantua quelconque, ledit cocher, je vous donnerai le Grand Donjon, solidement assis au beau milieu du quadrilatère, et le dominant d'une royale hauteur. De figure singulière, ce donjon. Il ressemble à une moitié d'oeuf : la partie cintrée regarde les champs, la mer, le port ; elle est à créneaux, meurtrières et mâchicoulis ; l'autre voudrait regarder la ville, mais n'y voit rien. C'est un mur perpendiculaire, tout d'une pièce, rectiligne à sa base, angulaire à son sommet, qu'on dirait avoir été dressé, de mauvaise grâce, pour masquer l'ouverture de ce demi-ovale, partagé comme d'un coup de tranchet.
Longtemps, le Grand Donjon fut à ciel ouvert. Vers le commencement du dix-huitième siècle, on lui posa un toit, que surmonte néanmoins, à son milieu, une tour carrée de moindre dimension, flanquée au nord et au sud par deux tourelles à encorbellement.
Un escalier, en colimaçon, mène au sommet de ces tourelles, d'où l'oeil embrasse un horizon immense, et à l'entre-deux desquelles s'élance un mât de signaux.
Si je ne me trompe, le Château eut autrefois deux portes : l'une à l'est sur la campagne, l'autre à l'ouest sur la ville.
    A présent il n'en a plus qu'une, celle de l'ouest.
Cette porte franchie, vous êtes dans la cour d'honneur ; devant vous des bâtiments écrasés par la masse énorme du Grand Donjon. A droite, la tour la Générale, avec la fontaine ; à gauche, Qui-Qu'en-Grogne, et le Petit Donjon avec des casernes et la chapelle du Château.

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