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Jacques Cartier

Jacques Cartier

Titel: Jacques Cartier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri-Emile Chevalier
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Cartier. De toute manière, mon homme, tu peux compter sur une belle récompense. Mais, pour l'instant, soyons à nos affaires et allons décharger la cargaison du brig, car je me propose de partir, dans quelques jours, pour Paris, rendre compte de mon voyage à notre honoré sire, le roi.
A ces mots, Morbihan se mit à gronder entre ses dents. Puis, tandis que les étrangers quittaient le logis de Cartier, il s'approcha de Constance et lui dit :
—Petiote, je veux te parler, moi. Cela ne te convient pas, hein ?
—Mais si, mais si, répondit-elle en affectant une gaieté loin de son esprit.
Le vieux marin et la jeune fille montèrent dans la chambre de celle-ci.
C'était une grande pièce bien froide, bien vide à la mode du temps.
    Excepté le vaste lit-clos, ciré, luisant comme une glace, et deux bahuts, les meubles étaient rares contre les murailles lavées à la chaux. La cheminée faisait face au lit. Elle ressemblait par ses dimensions et sa profondeur à l'orifice d'une caverne. Aussi l'air, en s'y engouffrant, y psalmodiait-il incessamment un chant lamentable. Des sculptures, grossières imitations de fruits, essayaient de décorer le manteau de cette cheminée. Un luth, quelques romans de chevalerie et livres de piété sur une étagère, un miroir en fer bruni, une demi-douzaine d'escabelles complétaient, avec un prie-Dieu gothique, le mobilier de cette chambre, dont un lacis de solives enjolivées de peintures composait le plafond. Un carrelage de faïence, blanche et bleue, tenait lieu de parquet. Trois ou quatre pots de fleurs tentaient vainement de combattre la nudité du local, mais en rompaient cependant l'uniformité.
En entrant, le vieux Morbihan se jeta sur un siège. Constance sauta sur ses genoux avec la souplesse d'une chatte et lui passa un bras autour du cou.
—Qu'est-ce que vous avez contre moi, père ? dit-elle en le câlinant du regard et du geste.
Jean ne s'attendait pas à ces caresses. Il en fut désarmé.
Brusquement, toutefois, il s'écria, après quelques moments de silence :
—J'ai, min Gieu... j'ai... j'ai que je ne suis pas content de toi, petiote... Non, pas content, en tout.
—Parlez, que vous ai-je fait ? demanda Constance, s'amusant, comme une enfant, à tresser en nattes les longs cheveux du marin.
—Ce que tu m'as fait, ce que tu m'as fait... tu es une cajoleuse !
    —Après ? dit-elle souriante.
Jean Morbihan se morigénait intérieurement de sa faiblesse. Il prit son courage à deux mains et, enlevant Constance de dessus ses genoux, il la plaça sur une escabelle, à quelques pas de lui, pour ne point se laisser «ensorceler par ses minauderies.»
—Ma fille, ta conduite est répréhensible, très-répréhensible dit-il de son ton le plus sévère. Elle offense le bon Gieu et elle afflige ceux qui t'aiment. Moi, le premier, moi qui t'ai élevée avec cette brave Manon, après t'avoir rapportée de la Terre Neuve...
—Mais, enfin, quelle faute ai-je commise ? s'écria Constance d'un ton impatient.
—Tu le sais bien, da oui, tu le sais ! tu sais ce que je veux dire. N'es-tu pas éprise du bandit qui a tué Yvon ?—ce que je ne me pardonnerai jamais...non da, jamais !
—Moi ! dénia l'impudente, en riant aux éclats.
Le front du vieux Jean se plissa. Sa voix se fit grave, presque dure quand il prononça ces mots :
—Ma fille, il ne faut pas mentir. J'excuserais tout de toi, car je t'aime presque à la déraison ; mais pas de mensonge. Je le déteste, le mensonge ! C'est la porte de derrière des mauvaises actions. Malheur à ceux qui s'en servent ! Ils se condamnent à n'être pas absous de leurs péchés. Je préférerais te savoir morte, plutôt que délibérément menteuse !
—Mon Dieu ! comme vous me dites cela, Jean ! sanglota Constance.
Le bonhomme fut aussitôt gagné. Il se reprocha sa raideur. Et, pour l'atténuer, il alla prendre la jeune fille tout en larmes et la remit sur ses genoux.
—Voyons, voyons, disait-il d'un ton mouillé ; ne pleure pas comme ça, ou mes yeux vont ruisseler comme des fontaines.
    Je n'ai pas voulu te gronder, mais seulement t'avertir. Avoue que tu es amoureuse de... Je vous ai surpris un jour causant derrière le pignon... da oui...
Et dans la nuit d'avant-hier, pas plus tard, comme nous venions de débarquer, est-ce que je ne l'ai pas vu qui sautait par la fenêtre, hein ? Si je ne savais que la vieille Manon était là, terr i ben ! Ah ! tu as du bonheur, toutefois, que maître Jacques ne l'ait pas

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