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Jacques Cartier

Jacques Cartier

Titel: Jacques Cartier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri-Emile Chevalier
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les objets A des distances prodigieuses. Ayant porté ses yeux à l'horizon, il s'écria :
—Par ma Catherine ! ce sont les sauvages ! Les coquins sont nombreux et s'avancent de notre coté. Mais voici qui est étrange, bien étrange ! On dirait qu'ils pourchassent l'un des leurs qui les précède d'une, centaine de pas, autant que je puis juger...
    Oui, c'est cela... Le poursuivi file à toutes jambes... Il porte quelque chose dans ses bras... Les autres lui décochent des flèches. Ah ! le malheureux trébuche ; il tombe... Ses persécuteurs vont l'atteindre... Non ; le voici qui se relève... Bravo ! courage ! volons à son aide !...
En prononçant ces mots, maître, Jacques se jetait en bas du monticule et s'élançait, accompagné de ses matelots, au secours du misérable, dont il venait, en quelques mots, de peindre la périlleuse situation.
Bientôt, on le put voir parfaitement, et l'on put entendre les infernales vociférations de ceux qui lui donnaient la chasse.
—Arrêtons-nous et préparez vos arquebuses, ordonna maître Jacques. Mais visez juste et de façon à ne pas toucher ce pauvre hère.
Quoique les sauvages fussent encore éloignés de plus d'un mille, cinq minutes après, ils arrivèrent à portée des armes à feu.
Une décharge fut commandée et exécutée à l'instant.
Au bruit de cette arquebusade, les Peaux-Rouges épouvantés, se débandèrent et prirent la fuite, en laissant plusieurs morts et mourants sur le théâtre de l'action.
Parmi ces derniers, mais en avant d'eux, était tombé l'individu dont la cruelle position avait si fort soulevé l'intérêt de maître Jacques.
Instinctivement, poussé par sa bienveillance naturelle, le capitaine s'approcha de lui. L'infortuné était étendu immobile sur le dos.
—Sauvez ma fille ! pour l'amour de Dieu, si vous êtes chrétiens, sauvez ma fille ! murmura-t-il, en français, d'une voix faible.
Et ses yeux se portaient avec anxiété vers une sorte de paquet de pelleteries qui, lui ayant échappé dans sa chute, avait roulé sur la glace.
    Surpris au dernier point, car cet individu était vêtu, comme les sauvages, de peaux de caribou, et avait le visage peint en rouge comme le leur, Jacques demeura un moment interdit ; mais, reprenant bien vite son sang-froid, il demanda au blessé qui il était.
—Sauvez ma fille, sauvez mon enfant ! répétait celui-ci avec égarement.
Maître Jacques ramassa le paquet de fourrures. Il contenait une charmante petite fille blanche, d'environ deux ans, qui souriait dans toute l'heureuse insouciance de son âge.
—Min Gieu ! que voilà-t-il une jolie petite créature ! Que c'eût été dommage de la laisser entre les griffes de ces satanés hérétiques ! da oui ! s'écria Jean Morbihan.
—Allons, garçons, dit Jacques, nous n'avons pas perdu notre matinée. Chargez-moi doucement ce blessé sur vos épaules et regagnons le navire... Quant aux autres, leurs compagnons viendront assurément les chercher lorsqu'ils ne nous verront plus.
Dès qu'il eut parlé, deux robustes matelots se saisirent du corps de l'inconnu ; maître Jacques prit l'enfant dans ses bras, et l'équipage de la Catherine retourna rapidement à ses quartiers.
En y arrivant, le capitaine voulut que son protégé fut déposé dans sa cabine. Celui-ci s'était évanoui. Après avoir reconnu qu'il était mortellement frappé d'une flèche dont la pointe avait glissé sur la colonne vertébrale et traversé le poumon gauche, Jacques coucha le blessé dans son lit et lui fit avaler quelques gouttes d'un puissant cordial.
Le moribond ouvrit les yeux.
—Où est ma fille ? balbutia-t-il.
—Rassurez-vous ; on a soin d'elle, répondit le capitaine.
—Ah ! soyez béni !...
    Vous la conduirez en France.. n'est-ce pas ?
—Et vous aussi, si vous le désirez.
—Moi ! dit l'inconnu, en secouant la tête... non ! c'est fini de moi, je le sens. Mais écoutez : vous êtes Français ?...
—De Saint-Malo.
—Et moi de Dieppe...
—Comment ?...
—Laissez-moi parler. Les moments que j'ai à vivre sont comptés... Vous pouvez me rendre un grand service, je puis vous être utile aussi... Ne m'interrompez pas... Et d'abord sachez qu'à cinq degrés plus haut, il existe à l'ouest un détroit qui borde une grande terre où l'on trouve de l'or...
—De l'or ! fit Jacques avec dédain, la gloire me suffit.
L'étranger continua :
—On m'appelait le capitaine Guillaume Dubreuil. J'ai découvert cette île... les côtes voisines...

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