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Jacques Cartier

Jacques Cartier

Titel: Jacques Cartier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri-Emile Chevalier
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coeur battait chaque fois que les portes criaient sur leurs gonds. Enfin, dans l'après-midi, comme le jour baissait et comme l'ombre envahissait sa mélancolique demeure, trois femmes arrivèrent. Georges, tout de suite, se dit que Constance était l'une de ces femmes. Et Constance découvrit que c'était lui, à travers le» ténèbres et sous son déguisement.
Tandis que dame Catherine adressait,—suivant l'usage,—quelques paroles de sympathie au prisonnier et que la vieille Manon déposait près de lui un petit paquet de provisions, Constance, d'une main tremblante, laissait furtivement tomber, sur sa pauvre couche, un papier qu'elle avait roulé sous ses doigts.
Puis elles sortirent toutes trois, Constance la dernière. Était-ce un rêve ? une de ces hallucinations auxquelles Georges avait été si souvent en proie depuis son incarcération ? Mais non. Le papier était là. Georges le sentait. Il le serrait de toute sa force ; il avait peur qu'il ne lui échappât, qu'il ne s'évanouit. Comme il lui tardait de le déplier, d'en lire le contenu ! Par malheur, on ne voyait plus assez clair dans la prison ; et le moment d'allumer une bougie n'était pas venu. Quelqu'un pouvait entrer encore dans le cachot. Longues, éternelles furent les heures qui suivirent ; car nous mesurons le temps plus avec nos impressions qu'avec notre raisonnement.
Mais, le couvre-feu sonné, les rondes n'étaient plus à redouter. Georges fit de la lumière et déroula le billet. Il contenait un écheveau de soie, et ces mots seulement :
«Demain ou après, minuit ; on attendra au pied de la tour.»
    —Ah ! s'écria le jeune homme, je suis sauvé !
Cette nuit-là il dormit d'un sommeil profond.
Le lendemain, Georges se fit une plume d'un tuyau de paille, s'incisa légèrement le doigt et écrivit à Constance, sur le billet qu'il en avait reçu. Il raconta ses souffrances, peignit son état, demanda indirectement des informations sur ses gens ; puis une corde, des limes, de l'encre, du papier ; il termina en recommandant la prudence.
Ensuite il mit une petite pierre dans le billet, les enveloppa avec un chiffon, attacha le tout à l'extrémité du fil de soie et s'exerça à le lancer, par les barreaux, à travers la meurtrière.
Quand il fut sûr de réussir, il attendit l'heure désignée.
A minuit, le fil glissait sur la paroi extérieure de la tour. Georges retenait l'autre extrémité. Vingt minutes s'écoulèrent. Le prisonnier perçut une traction du dehors. Ce signal était facile à interpréter. Georges ramena le fil à lui. Bientôt il eut entre les mains une corde, une lettre, et les objets nécessaires pour écrire. La corde était un franc-funin, de grosseur médiocre, mais d'une grande force de résistance. Elle avait quelque cinquante pieds en longueur.
Georges la cacha sous sa paille, se proposant de soulever dès qu'il pourrait une pierre du dallage pour la fourrer dessous.
Dans la lettre, frémissante de passion exaltée, Constance lui mandait, en termes couverts, que, le soir de son arrestation, les Tondeurs avaient mis le feu à la ville, sans doute pour essayer de briser ses fers. Pendant la confusion, ils avaient escaladé la courtine du château, près de la tour des Moulins, délivré ses deux camarades, et ils le cherchaient, en se battant vaillamment, lorsque les gardes étaient parvenus à les repousser.
    Depuis lors, les Tondeurs semblaient s'être éloignés de Saint-Malo, car l'on n'entendait plus parler d'eux. Tout le monde ignorait, d'ailleurs, qu'il fût leur chef. Son hôtel était fermé. On le disait parti pour un voyage lointain. Quant à elle, pendant l'incendie, on avait tenté de l'enlever. Un homme déguisé, inconnu, avait profité de ce qu'elle était seule avec sa mère, à la maison, pour se jeter sur Constance et l'emporter dans ses bras. Il l'avait conduite à la Grande-Conchée, dans la caverne de la sorcière Maharite, où, succombant à ses émotions, elle était tombée gravement malade. Maharite la ramena chez ses parents. De nouveau, elle fut prise de la fièvre, du délire. Présentement, sa santé se rétablissait heureusement. Elle ferait le possible et l'impossible pour arracher Georges à son odieuse captivité. Il pouvait compter sur le dévouement le plus absolu. Elle n'avait pas revu son ravisseur.
—C'est Eric ! ce brave Eric ! murmura Georges. Il voulait, tout à la fois, me rendre la liberté et une maîtresse adorable ! Oh ! je récompenserai sa

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