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Jacques Cartier

Jacques Cartier

Titel: Jacques Cartier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri-Emile Chevalier
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fidélité.

CHAPITRE XII. TENTATIVE D'ÉVASION.
    A dater de cette nuit s'engagea entre Constance et Georges une correspondance active. Pour intermédiaire, cette correspondance eut le gourmette Lucas. Depuis longtemps, il était gagné aux intérêts des deux jeunes gens. Les libéralités de Georges, les caresses de Constance en avaient fait un messager fidèle. Au surplus, il ne savait de Maisonneuve que ce que l'on eu savait généralement à Saint-Malo. En cette circonstance, il ignorait même qu'il le servit personnellement. Constance avait dit à Lucas qu'il s'agissait d'un prisonnier politique pour qui messire de Maisonneuve nourrissait de l'attachement. Elle avait appuyé sa confidence d'un beau sol parisis, tout neuf, avec promesse d'autres récompenses, et le gourmette se montrait enchanté de la mission à lui confiée. Elle n'était cependant pas sans difficulté ni péril cette mission. Il fallait, durant les nuits sombres et à marée basse, descendre, par une ancienne brèche, dans les douves du château. Mais, comme ces douves n'étaient jamais entièrement à sec, il fallait encore jeter une planche entre la contrescarpe et le contrefort du bas de la tour, puis s'avancer sur ce pont volant, recevoir les billets envoyés de l'intérieur de Qui-Qu'en-Grogne, les transmettre au moyen d'une cordelle à Constance, qui attendait ordinairement à la fenêtre de sa chambre, et rapporter la réponse.
On avait à craindre, et les sentinelles postées sur les deux donjons, et la surprise d'un passant ou d'un pêcheur.
Rien, toutefois, pendant deux mois, ne troubla cette intrigue. Constance déplorait amèrement le temps que la maladie de Georges leur faisait perdre. Car son évasion était arrêtée, méditée avec soin et paraissait présenter toute chance de succès.
    Mais, aussi, la jeune fille, devenue superstitieuse, pensait à un concours secret de la Providence. Sa mystérieuse liaison ne semblait pas soupçonnée. Maître Jacques, tout occupé du projet d'une expédition nouvelle, dont il avait obtenu l'autorisation par Lettres patentes, en date du «pénultième jour d'octobre, l'an 1534,» maître Jacques avait bien trop à faire pour surveiller Constance. Étienne Noël s'était bénévolement prêté au désir de la jeune fille. On avait remis le mariage à l'automne prochain.
Peut-être les agitations de Constance, ses inquiétudes, ses tressaillements sans motif apparent, ses fréquentes promenades devant le château, sa dévotion subite avaient-elles excité l'attention de Catherine. Mais la bonne dame était trop timide pour en chercher la cause ; trop réservée pour faire part de ses appréhensions, si elle en avait conçu. Tout allait donc, autant que possible, pour le mieux.
Emportée par la passion, Constance s'était même plusieurs fois, vers minuit, à descendre de sa chambre,—ce qui lui était maintenant facile, la femme de Cartier habitant le rez-de-chaussée depuis le retour de son mari,—et à se rendre sur la chancelante passerelle jusqu'au pied de la tour pour toucher le fil qui la mettait en communication avec Georges. C'était pour elle des moments d'extase, ses seuls moments de bonheur. Un courant électrique s'établissait, vraiment, entre le prisonnier et la jeune fille. Constance sentait son amant, elle lui parlait, elle entendait sa voix. Pour eux, les murailles épaisses n'existaient plus, car lui aussi il savait qu'elle était là : il la voyait, il l'entretenait avec ardeur de leur amour, de ses espérances.
Si Georges l'eût permis, la fougueuse Constance y fût venue presque chaque nuit, à cet étrange rendez-vous.
    Mais il était prudent ; il la voulait prudente.
Au commencement de février, ses plaies se trouvaient cicatrisées. Il chercha à réaliser son projet d'évasion. D'abord il lima les barreaux extérieurs de la meurtrière. Pour s'élever jusqu'à leur hauteur, il enfonçait des tiges de fer dans les joints de la muraille. Avec de la mie de pain, couverte de rouille, il masquait les progrès de son travail.
Ce travail exécuté, il ne recula point devant l'idée de déplacer un des énormes blocs de granit dans lesquels était percée la meurtrière. Après avoir aisément descellé le grillage extérieur, Georges se mit à l'oeuvre.
Constance lui avait procuré quelques-uns des outils nécessaires : des ciseaux à froid, des leviers de petite dimension, mais de grande force ; des coins, et jusqu'à une poulie pour descendre, sans bruit, la pierre

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