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Jacques Cartier

Jacques Cartier

Titel: Jacques Cartier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri-Emile Chevalier
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n'avait même le prénom de Georges.
    Elle n'avait pu communiquer d'aucune manière avec lui. Mais Lucas s'était adroitement lié avec le fils d'un des gardiens du château. Il le faisait causer ; et, l'enfant répétant ce qu'il entendait dire chez ses parente, Constance avait appris que la santé de Georges était assez bonne.
Dernièrement, la discipline s'était relâchée à son égard. On lui permettait de se promener, une heure on deux, dans une vaste salle, au-dessous de son cachot.
Constance comptait sur la solennité de la Pentecôte pour essayer de le voir. Son espoir, cette fois, ne fut pas déçu.
Après vêpres, elle se rendit au Château avec Catherine et Manon qui portait un panier de provisions pour les détenus. Ce panier fut l'objet d'un examen sévère. On n'y découvrit rien de suspect.
—Voulez-vous grimper au Grand Donjon, mesdames demanda le geôlier, après les avoir conduites dans les chambres inférieures.
—Vous y avez des prisonniers ? fit Catherine.
—Un seul. C'est celui qui a tenté cette fameuse évasion... Si vous souhaitez de le voir.
—Oh ! j'irais, volontiers, faire un tour sur le Grand Donjon, s'écria Constance. On y jouit d'une vue admirable !
—Va, mon enfant. Mais moi je t'attendrai en bas, je suis lasse. Manon restera avec moi. Ses jambes ne lui permettraient pas non plus une pareille ascension.
—Alors, dit gaiement Constance, je porterai moi-même à ce pauvre prisonnier le reste de nos provisions !
Elle prit le panier et suivit le gardien, qui déjà gravissait l'escalier en spirale du Grand Donjon.
    Ils montèrent, montèrent, traversèrent de vastes salles, hérissées d'armes blanches, d'arquebuses et de canons. L'escalier, de spacieux et commode qu'il était à son point de départ, se rétrécit. Il devint sombre, presque noir, malaisé. Une seule personne y pouvait circuler. Le porte-clefs allait le premier, Constance, oppressée, haletante, venait péniblement derrière lui. On ne voyait même pas pour se conduire dans cet affreux dédale.
Le geôlier s'arrêta. Il ouvrit une double porte, dans un embrasement assez profond ; et, se retirant sur une marche supérieure, pour faire place à Constance :
—Mademoiselle, c'est là qu'est notre prisonnier ! dit-il en montrant un trou, long de six pieds, large de quatre, qu'éclairait un autre trou de six pouces carrés [Ces cachots existent encore dans le donjon du château de Saint-Malo.].
—Ah ! mon Dieu ! s'exclama Constance épouvantée...
Un fracas de chaînes résonna lugubrement.
—Oh ! n'ayez pas peur, mademoiselle, dit le gardien en ricanant. Cette fois le scélérat ne se sauvera pas ! J'en répondrais sur ma tête !
Une sorte de fantôme apparaissait dans l'ombre. La jeune fille et le spectre échangèrent un regard, un seul ! Ils y puisèrent la vie.
—Tenez, pauvre homme, et que le bon Dieu vous protège ! dit Constance en lui offrant de la viande et des fruits tirés de son panier.
Sa main gauche s'approcha des lèvres de Georges, qui la baisa passionnément. Mais, en même temps, sa droite, prestement, retirait de dessous sa basquine divers objets qu'elle lançait dans le cachot.
Le geôlier ne pouvait voir ; car il était, comme nous l'avons dit, debout sur un degré supérieur, et Constance, quoique très-mince, occupait, avec ses amples vertugadins, toute la baie de la porte de la cellule, pratiquée dans la cage même de l'escalier.
    Ce mouvement avait, d'ailleurs, duré moins de temps que l'on n'en met pour le décrire.
Constance retira sa main, ramassa son panier et se glissa sur la marche inférieure afin que le gardien pût refermer ses portes.
—Si vous désirez monter jusqu'au sommet de la tour, dit-il. Nous en sommes tout près.
—Oh ! non, je vous remercie ; j'ai trop présumé de mes forces, je me sens fatiguée.
Constance redescendit. Dame Catherine la trouva pâle au retour. Elle la gronda doucement de son imprudence. C'était si haut ! L'escalier était si raide ! Catherine le connaissait bien, cet escalier. Toute petite, elle l'avait parcouru. Dieu sait combien de fois, quand son père était gouverneur de Saint-Malo ! Et dans le Donjon il existait des cachots ! Sainte Vierge, quelle horreur ! leur souvenir lui faisait dresser les cheveux sur la tête. L'hiver c'était une glacière, l'été des plombs, comme à Venise. Le prisonnier devait-il souffrir !
En ce moment, le prisonnier ne souffrait plus. Ses tortures, ses déceptions, ses douleurs physiques

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