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Je suis né un jour bleu

Je suis né un jour bleu

Titel: Je suis né un jour bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Tammet
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dans un récipient ou sur une pile, élève
son niveau.
    D’autres linguistes ont noté que
certaines des caractéristiques structurelles des mots, qui ne sont associées à
aucune fonction, comme des groupes de phonèmes, ont un effet notable sur le
lecteur/locuteur. Les initiales comme sl – «  slack (indolent), slouch (affalé), sludge (boue), slime (vase), slosh (renverser), sloppy (négligé), slug (faux jeton), slut (salope), slang (argot), sly (sournois), slow (lent), sloth (paresse), sleepy (endormi), slipshod (débraillé), slovenly (débraillé), slum (taudis), slobber (sensiblerie), slur (insulte), slog (grand effort)… »  – ont une connotation négative et certains sont
particulièrement péjoratifs.
    L’idée que certains sons correspondent à
certaines réalités remonte aux anciens Grecs. Les onomatopées illustrent parfaitement
ce principe : ce sont des mots qui reproduisent le son qu’ils décrivent : fizz, whack, bang [17] , etc. Dans une série de tests menés dans les années 1950, des
chercheurs inventèrent des mots selon des principes synesthésiques. Certains
étaient censés évoquer des choses agréables, d’autres non. On demanda à des volontaires
de leur faire correspondre un mot anglais. Le taux de correspondance fut tel qu’il
ne pouvait seulement être attribué à la chance.
    ~
    Dans les années 1920, une expérience a tenté d’établir le
lien entre des modèles visuels et la structure phonétique des mots, ce qui
revient à démontrer l’existence d’une forme de synesthésie latente de la langue,
chez tout le monde. Le chercheur Wolfgang Köhler, un psychologue americano-allemand,
utilisa deux formes visuelles arbitraires, l’une ronde et lisse et l’autre
anguleuse et aiguë. Pour chacune d’entre elles, il proposa deux noms : takete et maluma . On demanda à plusieurs personnes laquelle était takete ,
laquelle était maluma . La très grande majorité baptisa la forme arrondie maluma , et l’anguleuse, takete . Plus récemment, l’équipe du Pr
Ramachandran a reconduit cette expérience en proposant les mots bouba et kiki . 95 % des personnes interrogées baptisèrent la forme arrondie bouba et l’anguleuse kiki . Ramachandran suggère que les changements brusques
de direction visuelle des lignes du kiki rappellent et imitent les
inflexions phonétiques brusques du mot, tout comme l’inflexion brusque de la
langue sur le palais.

    Le Pr Ramachandran pense que ces
connexions synesthésiques entre la vue et l’ouïe ont été une étape importante
dans l’histoire de la création des premiers mots par les hommes. D’après sa
théorie, nos ancêtres ont dû commencer à parler en utilisant des sons qui
évoquaient l’objet qu’ils voulaient décrire. Il note également que les
mouvements des lèvres et de la langue peuvent être synesthésiquement liés à des
objets ou des événements auxquels ils se réfèrent. Par exemple, les mots qui
font référence à quelque chose de petit impliquent souvent la formation d’un
son i, c’est-à-dire le resserrement des lèvres et de l’ensemble de l’appareil
vocal : little (petit), teeny (m inuscule), petite [18] . Tandis que pour les mots qui désignent quelque chose de grand ou
d’énorme, c’est exactement le contraire. Si la théorie est vraie, alors le
langage est né d’un vaste ensemble de connexions synesthésiques dans le cerveau
humain.
    * * *
    Les chercheurs commencent à se demander
si mes compétences linguistiques particulières s’appliquent à d’autres types de
langages, comme la langue des signes. En 2005, j’ai participé à une expérience
conduite par Gary Morgan du Département du Langage et des Sciences de la
Communication à la City University de Londres. Le Dr Morgan effectue des
recherches sur la langue des signes anglaise (British Sign Language  – BSL),
la langue de prédilection de 70 000 sourds ou mal-entendants en
Grande-Bretagne. Plusieurs milliers de personnes entendantes utilisent
également la BSL, langue visuelle et spatiale, qui utilise les mains, le corps,
le visage et la tête pour produire du sens. Le test était mené de sorte que l’on
puisse savoir s’il m’était possible d’apprendre les mots de la langue des
signes aussi rapidement et aussi facilement que ceux que l’on écrit ou que l’on
dit. Un locuteur BSL s’est assis en face de moi à une table et a exécuté une
série de soixante-huit mots. À chacun d’entre eux, on me montrait

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