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Je suis né un jour bleu

Je suis né un jour bleu

Titel: Je suis né un jour bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Tammet
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collecter des fonds. Un
voisin qui avait eu vent de l’événement vint me parler de l’épilepsie de sa
propre fille et m’exprima son admiration. Recevoir de tels soutiens, des cartes
postales, des e-mails de bonne chance, m’inspirait beaucoup.
    Le samedi 13 mars, Neil nous conduisit à
Oxford. Bien que j’aie fini d’apprendre les décimales depuis plusieurs semaines,
j’étais toujours très nerveux à l’idée de les réciter en public. Nous passâmes
la nuit dans une pension de famille près du musée et je tentai de dormir du
mieux que je pus, ce qui n’était pas évident parce que je n’arrêtais pas de penser
au lendemain. Finalement je m’endormis et rêvai que je marchais dans mes paysages
de décimales  – là au moins, je me sentais calme et sûr de moi.
    Le matin suivant, nous nous levâmes tous
les deux de bonne heure. Je n’étais pas le seul à m’inquiéter car Neil se
plaignait de crampes d’estomac, ce qui était  – je le savais  – le
signe de sa nervosité. Nous prîmes notre petit déjeuner ensemble puis nous nous
rendîmes au musée. C’était la première fois que je venais à Oxford et j’étais
excité à l’idée de voir cette ville, fameuse pour son Université (la plus
ancienne du monde anglophone) et connue comme la « Cité des Tours fantastiques [22]  », en référence à l’architecture de l’Université. Nous
passâmes par une série de longues rues étroites et pavées avant d’arriver à
destination.
    Le musée de l’Histoire des Sciences, situé
dans Broad Street, est le plus ancien bâtiment au monde construit pour être, dès
le départ, un musée. Édifié en 1683, ce fut le premier musée du monde ouvert au
public. Parmi sa collection d’environ quinze mille objets, depuis l’Antiquité
jusqu’au début du XX e siècle, on trouve
une série d’instruments mathématiques anciens utilisés pour le calcul, l’astronomie,
la navigation, l’observation et le dessin.
    Après nous être garés sur le parking, nous
vîmes des membres de la NSE, du musée, des journalistes, des télévisions qui
attendaient devant le bâtiment. Simon, le responsable de la collecte des fonds,
vint à notre rencontre et me serra la main vigoureusement en me demandant comment
j’allais. Je lui répondis que j’allais bien. Je fus présenté aux autres personnes
qui m’attendaient puis on me demanda de poser pour les photographes sur les
marches du musée. Je m’assis sur une marche, froide et humide, et je tentai de
ne pas trop m’agiter.
    À l’intérieur, la salle prévue pour la
récitation était longue et poussiéreuse, remplie de différents objets placés
dans des vitrines. Sur un côté, contre le mur, on avait placé une table et une
chaise pour moi. De là, j’avais une vue imprenable sur le tableau noir d’Einstein,
sur le mur, en face de moi. Un peu à l’écart, une autre table, plus longue, avec
des nombres écrits sur des feuilles de papier et un chronomètre digital. Assis
autour de la table, des membres du département des sciences mathématiques de la
Oxford Brookes University voisine s’étaient portés volontaires pour contrôler l’exactitude
de ma récitation. Le chronomètre serait lancé au début de ma récitation, de
sorte que le public qui entrerait puisse voir depuis combien de temps je
parlais. L’événement avait été relayé par la presse locale et il y avait des
affiches devant le musée pour inciter les passants à entrer. Des membres de la
NSE se tenaient également prêts à distribuer des brochures et à recevoir des
dons.
    Neil était toujours très tendu, quasiment
malade, mais il était déterminé à rester pour me soutenir et sa présence était
tout à fait rassurante. Après avoir posé pour d’autres photos à l’intérieur de
la salle, je m’assis devant ma table et sortis les quelques munitions que j’avais
apportées : des bouteilles d’eau pour soulager ma gorge, ainsi que du chocolat
et des bananes pour me donner de l’énergie pendant la récitation. Simon réclama
le silence. J’étais prêt à commencer et il lança le chronomètre à 11 heures
et 5 minutes.
    Et je commençai les premières décimales
de pi, désormais très familières, les paysages numériques grandissant dans ma
tête et changeant au fur et à mesure que je parlais. Pendant ce temps, les
examinateurs cochaient chaque nombre dont je m’étais correctement souvenu. Le
silence était presque total dans la salle, à

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