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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Bourgogne ! »
    Isabeau murmurait : « Ce soir, je descendrai dans le cachot de Passavant !… Et pourtant, si Jean de Bourgogne est sincère ?… Sincère ou non, qu’il veuille ou non sauver l’intrigante, elle mourra ! »
    En sortant du palais de la reine, le duc de Bourgogne marcha tout droit sur le palais du roi. Il ne prenait même pas la précaution de se cacher. Il savait d’ailleurs que toute précaution eût été inutile. Il savait que dans peu de minutes la reine serait avisée de ce qu’il faisait. Dehors, les dernières impressions qu’il gardait encore de la puissante beauté d’Isabeau s’effacèrent. Il lui semblait que cet air glacial qu’il aspirait avidement le dégrisait. Sa résolution de sauver Odette, de l’emmener sur-le-champ s’affermissait. Un autre plan de bataille s’échafaudait dans son esprit, et ses pensées évoluaient maintenant autour de la possibilité du meurtre de la reine survenant en même temps que l’assassinat du roi.
    Lorsqu’il arriva dans les antichambres de Charles VI, il apprit que Sa Majesté se trouvait en conférence avec les trois ermites. Mais Jean sans Peur n’était pas de ceux que le roi pouvait consigner à sa porte : bientôt le duc fut admis dans la salle où, en effet, Bruscaille, Bragaille et Brancaillon continuaient en toute conscience à exorciser le fou.
    À la vue de leur seigneur et maître, les trois sacripants frémirent.
    – Attention ! se dit Bruscaille. Est-ce que le moment est venu de faire le geste ?
    Ils se réfugièrent avec empressement dans un angle où ils s’immobilisèrent, attentifs, se demandant vaguement si derrière le duc n’allait pas entrer l’exécuteur qui leur eût fait signe.
    Mais Jean sans Peur, sans jeter un regard sur eux, vint s’incliner devant le roi qui l’accueillit gracieusement.
    – Voyez-vous ces trois hommes ? dit le pauvre fou. Eh bien, mon cousin, ils sont en train de me guérir, de me sauver la vie, et savez-vous comment ?
    – Par la prière, sire.
    – Non… par le rire. Ce gros, surtout ! Il s’appelle Brancaillon. Voyez le gaillard…
    Brancaillon sa redressait, Bragaille invoquait les saints, Bruscaille gémissait en lui-même et se disait : « Cette fois, c’est fini. Le roi, que nous devons aider à mourir, déclare que nous le sauvons !… »
    Jean sans Peur alla à eux, et ils grelottèrent.
    – C’est bien, leur dit-il à voix basse. Vous faites à merveille votre office. Continuez… Continuez, ajouta-t-il tout haut, à prier pour Sa Majesté. Demain je vous enverrai un présent à chacun.
    Les ermites respirèrent.
    – Ainsi, monseigneur, dit timidement Bruscaille, tout va bien ? Nous devons faire rire Sa Majesté…
    – Oui… Oui, jusqu’au moment proche… Soyez prêts !
    – Nous le sommes ! gronda Bruscaille électrisé par le regard du maître.
    – Sire, dit le duc en revenant au roi, les nouveaux guérisseurs du roi me semblent dignes de toute confiance. J’ai fort entendu parler d’eux et de leurs exploits. Leur prière vous guérira.
    – Mais non, cousin. Par le rire, vous dis-je ! Vous ne connaissez pas ces drôles. Je les connais, moi – et le maître de mes caves les connaît aussi. Ah ! par Notre-Dame, quelles futailles il faudrait pour leur soif ! Mais parlez, mon noble cousin. Je vois à votre sévère figure que vous venez m’entretenir des affaires de l’État. Venez ça, maître Brancaillon, vous ne serez pas de trop, car je vous nomme conseiller.
    – Sire, je n’y entends rien, balbutia Brancaillon qui s’approcha obliquement en surveillant le duc.
    Mais Jean sans Peur leur gardait un visage impassible.
    – Par la Pâques de Dieu, cria le roi, je veux que vous soyez mon conseiller. Parlez, maintenant, duc.
    – C’est une heureuse nouvelle que j’apporte, dit Jean sans Peur.
    – Ah ! fit amèrement le fou. Quelle heureuse nouvelle, voyons ? Est-ce que Madame la reine se met à aimer et honorer son époux ? (Jean sans Peur tressaillit). Est-ce que les seigneurs du royaume cessent de conspirer ma mort pour mettre à ma place un roi qui ne serait pas fou ? (Jean sans Peur pâlit). Les fous ! reprit Charles VI en se levant. Les déments ! Ils ont un roi qui les laisse vivre et ils en cherchent un plus raisonnable qui les… Voyons la nouvelle !
    – Sire, dit le duc de Bourgogne, le meurtrier de notre aimé cousin est pris.
    – Vraiment ? dit le fou avec un étrange regard en dessous. Le

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