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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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songent à me meurtrir. Chez moi ! ajouta Tanneguy avec rage.
    – Lubin ! cria Thibaud, un autre flacon !
    – Je veux vivre, poursuivit du Chatel en se versant une rasade. D’abord, je trouve que la vie est bonne, moi. Ensuite, je veux me venger. J’attendrai mon heure. Elle viendra, soyez tranquille. En attendant, les Bourguignons tiennent le haut de la chaussée, et ne nous laissent que le ruisseau. J’ai donc résolu de ne pas les attendre en mon logis, et…
    – De vous cacher ! fit étourdiment Thibaud.
    – Maître, dit froidement du Chatel, les gens comme moi ne se cachent pas. Je vais me retirer pour quelques jours en embuscade dans votre auberge. C’est une ruse de guerre.
    – Sans contredit ! Ruse de guerre… J’y suis, capitaine. Allez toujours.
    – C’est tout. Avez-vous une belle et bonne chambre à me donner pour huit jours. Je paie d’avance, ajouta du Chatel en faisant sonner son escarcelle.
    Thibaud se mit à réfléchir. Et, certes, la chose demandait réflexion.
    – Unechambre, une belle et bonne chambre, bredouillait-il. Heu. Nous disons belle et bonne, et payée d’avance. Belle affaire, ventre-joye ! (Si les Bourguignons le savent, méditait-il, c’est la ruine, c’est la Truie pendue mise à feu et à sac, et moi pendu à la place de mon enseigne.) Sans aucun doute, capitaine. Mais vous avez dit ruse de guerre… (Si je refuse, il va m’étriper.) C’est donc que vous vous tiendrez coi dans votre chambre, sans vous montrer à âme qui vive ?
    – C’est mon intérêt, affirma Tanneguy. Je vous promets que nul ne saura…
    – Venez ! dit rapidement Thibaud après un nouveau coup d’œil vers la porte.
    Il entraîna Tanneguy du Chatel au fond de la salle, où, derrière une porte, commençait l’escalier. Une fois à l’abri de cette porte, Thibaud se sentit rassuré et, sans savoir pourquoi, éclata de rire.
    – Mort-Dieu ! fit-il. Ce n’est pas que j’aie peur… J’ai fait mes preuves. Je vais vous donner la chambre dont s’était emparé ce fameux truand, le sire de Passavant.
    – Passavant ? fit Tanneguy.
    – Oui. Celui qui a meurtri le duc d’Orléans. C’est moi qui l’ai arrêté.
    – Ah ! ah ! Contez-moi cela. J’aime les beaux faits d’armes.
    Thibaud commença à monter l’escalier. À chaque marche, il s’arrêtait pour gesticuler. Son visage ensoleillé riait. Il n’avait pas l’air de bien croire à ce qu’il racontait. Mais cela l’amusait tout de même de le raconter. Suant, soufflant, cramoisi, Thibaud raconta donc l’exploit. Homère eût dit qu’il le chantait.
    – Oh ! C’est donc un bien rude batailleur ? fit du Chatel intéressé.
    – C’est-à-dire que dix, vingt épées ne lui font pas peur. Je crois me connaître en bravoure, capitaine. Eh bien, je jure qu’après vous cet homme est le plus brave de Paris. C’est dommage, vraiment, qu’il soit sans sou ni maille et qu’il ait failli me ruiner. Voyant donc que les gens d’armes n’osaient pas monter pour le saisir, je fais signe à mon ami Gringonneur. Il me suit. Nous montons. Vous connaissez Gringonneur, n’est-ce pas ? Vous savez qu’il n’a peur de rien…
    – Oui, il boit bien, dit Tanneguy. Moins bien que moi, toutefois, car je l’ai fait rouler sous la table.
    – Intrépide comme moi, Gringonneur me suit. Les gens du guet se décident alors. Nous montons, tous, moi en tête, Gringonneur derrière moi, et nous arrivons à cette porte que vous voyez…
    Ils étaient arrivés devant la porte de la chambre qu’avait occupée Passavant. Thibaud continua :
    – Pour arrêter le truand, je n’avais d’autre arme qu’une toute petite lardoire. Gringonneur était là où vous êtes, son épée à la main. Derrière lui, l’escalier était plein de gens d’armes qui me disaient de faire attention et que j’allais me faire tuer. Comme bien vous pensez, je ne les écoutais pas. Je dis à Gringonneur : Y es-tu ? – Oui, me répondit-il.
    – Alors, j’ouvre la porte toute grande…
    Et Thibaud ouvrit la porte, d’un mouvement superbe.
    – Et j’entre en criant de toutes mes forces…
    Et Thibaud entra en criant en effet :
    – Rends-toi, truand ! Pas de résistance inutile !
    – Or çà, maître Thibaud, dit une voix paisible, devenez-vous enragé de venir ainsi réveiller les gens qui dorment tranquillement chez eux ? Fermez cette porte, je vous prie. Il fait assez froid, je pense !
    La bouche ouverte, les yeux

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