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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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peut-être faudra-t-il livrer bataille ! Peut-être en veut-on à la vie de ce pauvre sire, comme on en veut à la mienne, comme on en voulait à celle de mon malheureux…
    Au souvenir du vieux Champdivers, elle se mit à trembler et des larmes coulèrent. Bruscaille la regarda et fut étonné de trouver une émotion dans son cœur qui n’avait jamais battu.
    – Mort du diable, songea-t-il. Si le moment terrible arrive, nous daguerons de roi, puisqu’il le faut. Mais par l’enfer, que nul ne s’avise de toucher au sire de Passavant et à cette noble fille !… Madame, reprit-il, nous avons donc cherché le moyen d’entrer ici. Nous avons appris que Tosant et Lancelot avaient été chassés. Nous avons donc pensé que nous pourrions les remplacer, d’autant mieux qu’avant de nous faire truands, nous nous étions faits ermites pendant plusieurs années. On fait ce qu’on peut pour gagner sa pauvre vie. Je dois dire pourtant que le métier de coupe-bourse est plus agréable que celui d’ermite. Mais laissez faire, nous connaissons les paroles et les gestes…
    – Les gestes ? demanda Odette, tandis que Bruscaille cherchait sa voie parmi ses mensonges qu’entre-croisaient des vérités.
    – Les gestes qui exorcisent, dit-il. Nous les savons mieux que Tosant. Tenez, regardez !
    Il fut certain pour Odette que ces trois étranges ermites connaissaient Passavant, qu’ils l’aimaient et l’admiraient, qu’ils avaient été envoyés par lui. Le reste n’avait que peu d’importance. Elle résolut donc de ne pas s’opposer à leurs pratiques d’exorcisme, de façon qu’aux yeux de tous ils fussent seulement des ermites venus pour tenter une fois de plus la guérison du roi.
    Les gestes ! Déjà Bragaille et Brancaillon les avaient entrepris, Bruscaille, plein d’émulation et désireux surtout d’échapper aux précises questions d’Odette, courut se joindre à eux.
    Gringonneur suivait la scène d’un regard curieux et soupçonneux.

XI – SURPRISE DE THIBAUD LE POINGRE
    Maintenant que nous voici rassurés sur le sort de nos trois ermites, nous pouvons jeter un coup d’œil sur la situation de certains de nos personnages, et notamment sur celle du sieur Thibaud Le Poingre, que nous retrouvons en son auberge de la Truie pendue.
    L’enseigne brisée par Gringonneur avait été réparée tant bien que mal et remise en place de sorte qu’on n’eût pu se douter de la bataille qui avait eu lieu chez Thibaud.
    Vermeil et rieur, l’hôte de la Truie pendue continuait à exercer, avec sa malice et sa bonne humeur ordinaires, les charges de sa profession. Nous reprenons contact avec ce célèbre hôtelier le lendemain matin du jour où le chevalier de Passavant avait échappé au labyrinthe – et, par conséquent, la veille du jour où nous avons revu Bruscaille et Cie.
    Ce matin-là, samedi, maître Thibaud Le Poingre s’activait comme d’habitude à la bonne tenue de son auberge, gourmandait joyeusement Lubin et Perrinet, et Pervenche et La Boulgreuse, buvait un coup de vin par-ci, jetait par-là un regard aux cuisines.
    – Maître, fit un valet en s’approchant, voici un seigneur qui met pied à terre devant l’auberge.
    – J’y vais !
    Il se précipita vers la porte et se trouva nez à nez avec un grand gaillard à fortes moustaches noires qui jurait comme un païen.
    – Thibaud ! criait-il, Thibaud du diable ! Faudra-t-il que mon cheval attende ton bon plaisir avant d’être conduit au râtelier ? Sache, manant, que cette noble bête vient de faire ses dix lieues d’une traite. Du diable si je ne meurs d’envie de te couper les oreilles !
    Le fait est que ce pourfendeur avait une physionomie des moins rassurantes. Thibaud s’empressa de donner satisfaction à ce peu endurant seigneur qui, voyant son cheval aux mains du garçon d’écurie, entra en disant :
    – À manger, mort-Dieu ! À boire, mort-diable ! Holà ! drôles ! que l’on quitte tout ouvrage pour venir me servir ! Et vous, maître Thibaud, savez-vous qui je suis ?
    – Sans doute ! fit tranquillement Thibaud. Qui ne vous connaît ? Vous êtes le sire Tanneguy du Chatel, celui-là même qui faisait partie de la maison de Bourgogne.
    – Tais-toi, drôle ! tonna le nouveau venu.
    – Et que monseigneur Jean de Bourgogne…
    – Te tairas-tu, manant !
    – A fait gourmer par les sires de Scas, de Courteheuse, d’Ocquetonville et de Guines, acheva Thibaud Le Poingre dont la figure se rida

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