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Journal de Jules Renard de 1893-1898

Journal de Jules Renard de 1893-1898

Titel: Journal de Jules Renard de 1893-1898 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Renard
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vous pourriez le croire. La mer se gonfle comme votre petit ventre si vous respirez fort, comme vos deux joues si vous imitez le phoque. Elle se soulève comme une soupe au lait. Elle monte vers la lune qui est au ciel, et vous avez la mer haute. Puis elle s'affaisse, s'accroupit, fait le chien couchant, se met en carboulot comme vous, dans vos draps, les nuits d'hiver. Et vous avez la mer basse.
Pourquoi cet air d'étrangère qui vous revient à chaque instant, femme que j'aime le plus ? J'ai envie de vous faire un grand salut et de vous demander : « Qui êtes-vous ? »
Comme deux bouillottes qui, contraintes de passer la journée côte à côte, se fâchent et se calment aux mêmes heures.
Le petit bonhomme auquel vous demandez : « Combien ce bouquet ? » et qui vous répond : « Cinq centimes » au lieu de « Un sou », est déjà pris de vanité littéraire.
Tourmenter une femme et lui dire :
- J'avais ça sur le coeur. Ne valait-il pas mieux partager ma peine avec toi ?
    - Tu n'as pas besoin de pleurer.
- Si, si ! J'en ai besoin.
- Les larmes ne prouvent rien.
- J'aime mieux que tu raisonnes tout seul, pendant que je pleurerai.
- Tu es femme, donc tu ruses.
- Non, je t'assure !
- Alors, tu n'es pas femme, et c'est froissant pour moi.
Elles ont l'air, les baigneuses, de poser, à petits coups, culotte dans la vague.
Sa bouche n'était plus qu'une caverne où puaient des os rangés.
Va ! Vide un bon coup ton coeur où l'amour a déposé.
Imitez, imitez le plus servilement que vous pourrez : je relirai bien encore une fois Le Neveu de Rameau.
19 juillet.
Elle disait : « Il ne faut pas être grand clerc de notaire pour comprendre. »
20 juillet.
Quand la mer monte et couvre la plage, Pierre dit :
- La mer m'a chipé ma place.
Incapable d'aller chez le dentiste, il serait monté sur la voiture d'un charlatan, et, entre la musique et la foule simiesque, bravement, il aurait ouvert la bouche.
22 juillet.
Une belle fille avec des membres considérables.
    26 juillet.
Avec l'oeil désintéressé du lynx.
Son âme : une bulle d'air dans une boule de chair.
2 août.
Il me dit :
- Ah ! monsieur, j'ai connu un homme rouge, rouge, presque aussi rouge que vous !
5 août.
Tristan Bernard suait en souriant. Des gouttes perlaient à ses beaux poils noirs de barbe. Heureusement, nous étions arrivés. Il n'avait plus qu'à monter un petit perron de quelques marches. Discrètement, comme si tout à coup, je m'étais senti pris d'une vive sympathie, je lui offris mon bras, pour l'aider à monter. Demander à Tristan Bernard ce qu'il juge le plus extraordinaire en vélocipédie, en course hippique, en lawn-tennis, etc.
- Je ne dis pas que Chevillard soit imbattable au coup de bouton, mais il me séduit. Il a des retraits de corps d'une grâce imprévue. Tout son jeu est une composition de haut style. Sa phrase d'armes est presque littéraire.
- Vous avez souvent tiré avec lui ?
- De ma vie je n'ai touché un fleuret. Je ne me sers de l'épée que pour tenir ma cravate. J'attends un costume rare que j'emplirai, comme l'eau une éprouvette. C'est dangereux, de jouer aux courses : on peut y perdre son argent... Pour qui me prenez-vous ? Je ne joue jamais.
    - Cependant, vous ne courez pas ?
- Je n'ai jamais approché un cheval à plus de cent mètres. Entre eux et moi, il y a toujours une palissade.
9 août.
Le beau rôle que pourrait jouer Malherbe en ce moment ! « D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir » Et jeter dans la boîte aux rebuts tous les autres mots, qui sont flasques comme des méduses mortes.
Étudier le rôle de Malherbe et Régnier.
Une amusante chosette à écrire.
Un tout jeune homme se sent troublé par une jeune femme et, maladroitement, le montre. Le mari s'en aperçoit, et prend la chose au tragi-comique. Il crible l'enfant de traits dans ce goût-ci.
Comme un étranger vient de faire à la jeune femme un compliment excessif, le mari dit à l'enfant :
- Comment ! Tu étais là, et tu n'as pas défendu notre honneur ?
La complicité du mari et de la femme contre l'enfant.
Du plus loin qu'il nous voyait, il se mettait à courir, et passait comme une balle, sans s'arrêter. Ainsi, il voyait madame dans un éclair et il n'était pas indiscret.
Il s'acheta une canne et se fit faire des cartes de visite, et il dit à sa mère qu'il ne voulait plus être habillé comme un collégien pauvre.
    12 août.
- Monsieur, voulez-vous me permettre une légère indiscrétion ?
- Non, monsieur.
Il connaissait la jouissance

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