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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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les fadaises ampoulées d’un histrion, au lieu d’encourager la plus belle image de la guerre qu’on puisse offrir en temps de paix, c’est-à-dire le combat de l’ours. Là vous voyez l’ours se tenant en garde, l’œil rouge et enflammé, comme un capitaine rusé qui reste sur la défensive pour engager son ennemi à venir l’attaquer dans son camp. Alors messire Mâtin s’élance dans la carrière, et saisit messire Bruin {83} à la gorge ; mais celui-ci lui apprend quelle est la récompense de ceux qui, en temps de guerre, négligent, par excès de courage, les précautions de la prudence : il le serre entre ses bras, et le presse contre son sein, en vigoureux lutteur, jusqu’à ce qu’on entende toutes ses côtes se brisant craquer l’une après l’autre avec un bruit semblable à un coup de pistolet. Mais en ce moment arrive un autre Mâtin, non moins brave, mais ayant plus de jugement ; il saisit messire Bruin par la lèvre inférieure, et y reste suspendu, tandis que celui-ci, perdant son sang et poussant des hurlemens, cherche en vain à se débarrasser de son ennemi. Alors…
    – Sur mon honneur, dit la reine, j’ai vu plus d’une fois le combat de l’ours, et j’espère bien le voir encore ; mais vous en faites une description si admirable que, si je ne l’avais jamais vu, elle suffirait pour me le mettre sous les yeux. Mais voyons, qui nous parlera maintenant sur ce sujet ? Leicester, avez-vous quelque chose à nous dire ?
    – Votre Majesté permet donc que je me considère comme démuselé ?
    – Sans doute, pourvu que vous parliez sans vous fatiguer. Cependant, quand je pense que l’ours et le bâton se trouvent dans vos anciennes armoiries, je crois que je ferai mieux d’entendre un orateur moins partial.
    – Sur ma parole, madame, quoique mon frère Ambroise de Warwick et moi nous portions dans nos armoiries les emblèmes que vous daignez rappeler, nous n’en sommes pas moins amis de l’impartialité. Je vous dirai donc, en faveur des comédiens, que ce sont des drôles spirituels qui occupent l’esprit du peuple par leurs bouffonneries, et qui l’empêchent de se mêler des affaires publiques, d’écouter de faux bruits, des insinuations déloyales, des discours perfides. Quand on s’occupe à voir la manière dont Marlow {84} et Shakspeare dénoueront leurs intrigues imaginaires, ainsi qu’ils les appellent, on ne songe pas à examiner la conduite de ceux qui gouvernent.
    – Mais je n’entends pas empêcher mon peuple d’examiner ma conduite, milord, parce que plus il l’examinera de près, et mieux il en appréciera les véritables motifs.
    – On prétend, madame, dit le doyen de Saint-Asaph, puritain à toute outrance, que non seulement ces comédiens débitent dans leurs pièces des expressions profanes et licencieuses tendant à engendrer le péché et la débauche, mais qu’ils y introduisent aussi des réflexions sur le gouvernement, sur son origine, sur son objet, propres à rendre le peuple mécontent et à ébranler les fondations de la société civile ; et je dirai, sous le bon plaisir de Votre Majesté, qu’il ne paraît pas prudent de permettre à ces bouches impures de ridiculiser la gravité des hommes pieux, de blasphémer le ciel, de calomnier ceux qui gouvernent la terre, et de braver ainsi les lois divines et humaines.
    – Si nous pouvions croire qu’ils le fissent, milord, nous aurions bientôt réprimé une telle licence : mais il n’est pas juste de défendre l’usage d’une chose, parce qu’il est possible d’en abuser ; et quant à ce Shakspeare, nous pensons qu’il se trouve dans ses pièces des choses qui valent vingt combats d’ours, et que ce qu’il appelle ses chroniques {85} peut fournir un divertissement honnête et une instruction utile non seulement à nos sujets, mais aux générations qui nous succéderont.
    – Le règne de Votre Majesté, dit Leicester, n’aura pas besoin d’un si faible appui pour passer à la postérité ; et cependant Shakspeare a touché à sa manière divers incidens du gouvernement de Votre Majesté, de façon à contre-balancer tout ce que vient de dire sa révérence le doyen de Saint-Asaph. Il y a, par exemple, quelques vers… Je voudrais que mon neveu Philippe Sidney fût ici, car ils sont constamment dans sa bouche. C’est une espèce de conte de fée : il est question d’amour, de traits, de… Mais, quelque beaux qu’ils soient, ils sont bien loin d’approcher

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