Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
galanterie.
    En retournant au palais, Élisabeth accepta, ou pour mieux dire choisit le bras de Leicester pour se rendre du grand escalier donnant sur la Tamise jusqu’à la porte du palais. Il crut même sentir, quoique ce ne fût peut-être qu’une illusion flatteuse de son imagination, que, pendant ce court trajet, elle s’appuyait sur lui plus qu’elle n’aurait eu besoin de le faire. Certainement, les actions et les discours d’Élisabeth s’étaient accordés, pendant toute la matinée, pour lui indiquer qu’il était arrivé à un degré de faveur auquel il n’était pas encore parvenu jusqu’alors. La reine, il est vrai, adressa souvent la parole à son rival avec bonté ; mais ce qu’elle lui disait semblait moins lui être inspiré par son cœur que lui être arraché par le mérite qu’elle ne pouvait s’empêcher de reconnaître en lui. Enfin tout ce qu’elle lui dit de flatteur fut contre-balancé dans l’opinion des courtisans les plus déliés par un mot qu’elle avait dit à l’oreille de lady Derby, que la maladie était plus habile alchimiste qu’elle ne le supposait, puisqu’elle avait changé en or le nez de cuivre du comte de Sussex.
    Cette plaisanterie transpira, et le comte de Leicester, jouissant de son triomphe en homme dont le premier, l’unique mobile avait été de s’assurer la faveur de sa souveraine, oublia, dans l’ivresse du moment, l’embarras et le danger de sa situation. Quelque étrange qu’on puisse le trouver, il pensait moins alors aux périls auxquels son mariage secret l’exposait qu’aux marques de bonté qu’Élisabeth accordait de temps en temps au jeune Raleigh. Elles étaient passagères, momentanées, mais elles tombaient sur un jeune homme qui aurait pu servir de modèle à un sculpteur, dont l’esprit avait été soigneusement cultivé, et qui joignait à la valeur les grâces et la galanterie.
    Les courtisans qui avaient accompagné la reine à la promenade furent invités à un splendide banquet. Il est vrai que le festin ne fut pas honoré de la présence de la souveraine ; Élisabeth pensait que sa modestie et sa dignité ne lui permettaient pas d’y paraître ; et son usage, en pareil cas, était de prendre en particulier un repas léger et frugal avec une ou deux de ses favorites. Après le dîner toute la cour se réunit de nouveau dans les superbes jardins du palais, et ce fut en s’y promenant que la reine demanda tout-à-coup à une dame qui était près d’elle ce qu’était devenu le jeune chevalier du manteau.
    Lady Paget répondit qu’elle avait vu M. Raleigh, il n’y avait que quelques minutes, debout devant la fenêtre d’un pavillon donnant sur la Tamise, et écrivant quelque chose sur une vitre avec la pointe d’un diamant enchâssé dans une bague.
    – C’est moi qui la lui ai donnée, dit la reine, comme une indemnité de la perte de son manteau. Mais allons de ce côté, Paget ; je suis curieuse de voir ce qu’il a écrit. Je commence déjà à le connaître ; il a l’esprit merveilleusement subtil.
    Elles se rendirent au pavillon. Le jeune homme en était encore à quelque distance, comme l’oiseleur qui veille sur le filet qu’il a tendu. La reine s’approcha de la fenêtre, sur une vitre de laquelle Raleigh s’était servi du présent qu’il avait reçu d’elle pour écrire le vers suivant :
    Je voudrais bien monter, mais la chute est à craindre.
    La reine sourit, et lut ce vers une première fois tout haut à lady Paget, et une seconde tout bas pour elle-même. – C’est un fort bon commencement, dit-elle après une minute ou deux de réflexion ; mais on dirait que sa muse a abandonné le jeune bel-esprit dès le premier pas dans sa carrière. Ce serait un acte de charité que d’achever le distique ; ne le pensez-vous pas, lady Paget ? Donnez une preuve de vos talens poétiques.
    Lady Paget, prosaïque, depuis son berceau, comme l’a jamais été la dame d’honneur d’une reine, se déclara dans l’impossibilité absolue d’aider le jeune poète.
    – Il faudra donc que je sacrifie moi-même aux muses, dit Élisabeth.
    – Nul encens ne peut leur être plus agréable, dit lady Paget, et ce sera faire trop d’honneur aux divinités du Parnasse que de…
    – Paix ! Paget, dit la reine, paix ! vous commettez un sacrilège contre les neuf immortelles. Vierges elles-mêmes, elles devraient être favorables à une reine vierge, et c’est pourquoi… mais relisons son

Weitere Kostenlose Bücher