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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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Londres. Cet accident le rappela si bien à lui-même, qu’il gagna sa chambre sur-le-champ, se mit au lit, dormit profondément, et se réveilla un nouvel homme le lendemain matin.

CHAPITRE III.
     
    « Non, vous prêchez en vain ; je tiendrai la gageure ;
    « Je ne recule point en pareille aventure.
    « J’étais, en la faisant, dites-vous, un peu gris ?
    « N’importe ! on fait à jeun ce qu’ivre on a promis.
    La Table de jeu.
     
    – Et comment va votre neveu, mon bon hôte ? dit Tressilian le lendemain matin, quand Giles Gosling descendit dans la grand’salle, théâtre de l’orgie de la veille. Est-il bien portant ? tient-il encore sa gageure ?
    – Bien portant ! oh ! oui. Il a déjà couru pendant deux heures, monsieur, et visité je ne sais quels repaires de ses anciens camarades. Il vient de rentrer, et déjeune avec des œufs frais et du vin muscat. Quant à sa gageure, je vous conseille en ami de ne pas vous en mêler, ni de toute autre chose que puisse proposer Michel. Ainsi donc, vous ferez bien de prendre pour votre déjeuner un coulis chaud, qui donnera du ton à votre estomac, et de laisser mon neveu et M. Goldthred se tirer de leur gageure comme ils l’entendront.
    – Il me semble, mon hôte, que vous ne savez trop comment vous devez parler de ce neveu, et que vous ne pouvez ni le blâmer ni le louer sans quelque reproche de conscience.
    – Vous dites vrai, M. Tressilian. L’affection naturelle me dit à une oreille : Giles ! Giles ! pourquoi nuire à la réputation du fils de ta sœur ? pourquoi diffamer ton neveu ? pourquoi salir ton propre nid ? pourquoi déshonorer ton sang ? Mais arrive ensuite la justice qui me crie à l’autre oreille : Voici un hôte aussi respectable qu’il en vint jamais à l’ Ours-Noir , un homme qui n’a jamais disputé sur son écot ; je le dis devant vous, M. Tressilian, et ce n’est pas que vous ayez jamais eu lieu de le faire ; – un voyageur qui, autant qu’on peut en juger, ne sait ni pourquoi il est venu, ni quand il s’en ira ; et toi qui es aubergiste ; toi qui, depuis trente ans, paies les taxes à Cumnor ; toi qui es en ce moment Headborough {17} , souffriras-tu que ce phénix des hôtes, des hommes et des voyageurs, tombe dans les filets de ton neveu, connu pour un vaurien, un chenapan, un brigand, qui vit grâce aux cartes et aux dés, un professeur des sept sciences damnables, si jamais personne y a pris ses degrés ? Non, de par le ciel ! Tu peux fermer les yeux quand il tend ses rets pour attraper une mouche comme Goldthred ; mais, pour le voyageur, il doit être prévenu, et, armé de tes conseils, s’il veut t’écouter, toi, son hôte fidèle…
    – Eh bien ! mon bon hôte, vos avis ne seront pas méprisés ; mais je dois tenir dans cette gageure, puisque je me suis avancé jusque là. Donnez-moi pourtant, je vous prie, quelques renseignemens. Qui est ce Foster ? Que fait-il ? Pourquoi garde-t-il une femme avec tant de mystère ?
    – En vérité, je ne puis ajouter que bien peu de choses à ce que vous avez appris hier. C’était un des Papistes de la reine Marie ; et aujourd’hui c’est un des Protestans de la reine Élisabeth. Il était vassal de l’abbé d’Abingdon, et maintenant il est maître d’un beau domaine qui appartenait à l’abbaye. Enfin il était pauvre, et il est devenu riche. On dit qu’il y a dans cette vieille maison des appartemens assez bien meublés pour être occupés par la reine ; que Dieu la protège ! Les uns pensent qu’il a trouvé un trésor dans le verger, les autres qu’il s’est donné au diable pour obtenir des richesses, quelques uns prétendent qu’il a volé toute l’argenterie cachée par le prieur dans la vieille abbaye lors de la réformation. Quoi qu’il en soit, il est riche, et Dieu, sa conscience et le diable peut-être, savent seuls comment il l’est devenu. Il a l’humeur sombre, et il a rompu toute liaison avec les habitans de la ville, comme s’il avait quelque étrange secret à garder, ou comme s’il se croyait pétri d’une autre argile que nous. Si Michel prétend renouer connaissance avec lui, je regarde comme très probable qu’ils auront une querelle, et je suis fâché que vous, mon digne M. Tressilian, vous songiez à accompagner mon neveu dans cette visite.
    Tressilian lui répondit qu’il agirait avec la plus grande prudence, et qu’il ne fallait avoir aucune inquiétude relativement à lui. En un

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