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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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madame ! s’écria Jeannette en courant vers sa maîtresse et couvrant sa main de baisers ; vous abandonner ! que mon espérance et ma foi m’abandonnent aussi si jamais cela m’arrive ! Non, madame. Vous avez dit avec juste raison que le Dieu que vous serviez vous ouvrirait une voie de salut : il y a un moyen d’échapper. J’ai prié nuit et jour pour être éclairée : j’étais indécise entre l’obéissance que je dois au malheureux qui vient de nous quitter, et celle à laquelle vous avez droit ; j’ai été éclairée d’une manière sévère et terrible, et je ne dois point fermer la perte de salut que Dieu vous ouvre. Ne m’en demandez pas davantage ; je serai bientôt de retour.
    En parlant ainsi, elle s’enveloppa de son manteau, dit à la vieille femme qu’elle rencontra dans l’antichambre qu’elle allait à l’office du soir, et elle sortit.
    Cependant son père était de retour dans le laboratoire, où il trouva les complices du crime qu’il n’avait pas osé accomplir.
    – L’oiseau a-t-il bu ? dit Varney avec un demi-sourire. L’astrologue fit des yeux la même question, mais sans prononcer une parole.
    – Non, dit Foster, et ce ne sera pas moi qui lui présenterai le poison. Voudriez-vous me faire commettre un meurtre en présence de ma fille ?
    – Lâche et méchant coquin ! reprit Varney avec amertume, ne t’a-t-on pas dit que dans cette affaire il n’était pas question de meurtre, comme tu l’appelles avec ce regard égaré et cette voix tremblante ? Ne t’a-t-on pas dit qu’il ne s’agit que d’une légère indisposition, telle qu’une femme en feint tous les jours, sans conséquence, afin de pouvoir s’étendre avec nonchalance sur un canapé, au lieu de soigner ses affaires domestiques ? Voilà un savant qui en jurera par la clef du palais de la sagesse.
    – Je jure, dit Alasco, que l’élixir contenu dans la bouteille que tu tiens à la main ne saurait porter atteinte à la vie ; je le jure par l’immortelle et indestructible quintessence d’or qui est contenue dans toutes les substances de la nature, quoique son existence secrète ne puisse être découverte que par celui auquel Trismégiste cède la clef de la science cabalistique.
    – Voilà un serment de poids ! dit Varney. Foster, tu serais pire qu’un païen si tu restais incrédule. Tu me croiras d’ailleurs, moi qui ne jure que sur ma parole, que, si tu fais le récalcitrant, il ne faut pas conserver l’espoir qu’on change ton bail en un acte de propriété. Alasco ne transmutera point ton étain en or ; et, pour ce qui me regarde, mon brave Tony, tu ne seras jamais que mon fermier.
    – Je ne sais pas, messieurs, dit Foster, quel est le but où tendent vos desseins : mais il est une chose à laquelle je suis résolu ; c’est que, quoi qu’il arrive, je veux avoir ici quelqu’un qui prie pour moi, et ce sera ma fille. Je n’ai pas bien vécu, et je me suis trop occupé des affaires de ce monde ; mais ma fille est aussi innocente que lorsqu’elle jouait encore sur les genoux de sa mère, ma fille au moins aura sa place dans cette heureuse cité dont les murs seront d’or pur et les fondemens de pierres précieuses.
    – Certes, Tony, dit Varney, ce serait un paradis selon ton cœur. Discutez cette matière avec lui, docteur Alasco ; je serai de retour dans quelques instans. En parlant ainsi, Varney se leva, et, prenant le flacon qui était sur la table, il quitta la chambre.
    – Mon fils, dit Alasco à Foster aussitôt après le départ de Varney, je te proteste que, quoi que cet audacieux et impie railleur puisse dire de la science souveraine dans laquelle, avec la grâce du ciel, je suis allé si loin, il n’y a aucun artiste vivant que je voulusse appeler mon supérieur et mon maître. Malgré tous les blasphèmes que ce réprouvé ne craint pas de prononcer sur des choses trop saintes pour être comprises par des hommes qui n’ont que des pensées charnelles et coupables, je te proteste que la ville aperçue par saint Jean dans la vision brillante de l’Apocalypse, cette nouvelle Jérusalem, où tous les chrétiens espèrent d’arriver, annonce figurativement la découverte du grand secret, de ce secret par lequel les créations de la nature les plus précieuses et les plus parfaites se sont extraites de ses productions les plus viles et les plus grossières ; de même que le papillon aux ailes légères et éclatantes, le plus beau des enfans de la

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