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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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une extrême agonie, s’endort par le secours de l’opium, il savait cependant que dans le cœur de son maître il y avait encore cette flamme qui ne s’éteint jamais, et qu’au milieu de toutes ces pompes et de cette magnificence, il était la proie du ver rongeur qui ne meurt pas. Cependant Leicester étant persuadé de ce que lui avait dit Varney, que la comtesse éprouvait une indisposition qui était une excuse sans réplique pour ne pas paraître devant la reine en cette occasion, il n’y avait pas à craindre, pensait l’adroit écuyer, qu’un homme aussi ambitieux que son maître se trahît lui-même en laissant échapper quelque sentiment de faiblesse.
    Le cortège des deux sexes qui suivait immédiatement la reine était composé de tout ce que le royaume avait de plus remarquable par la bravoure et la beauté. On y voyait ces nobles illustres, ces sages conseillers, dont les noms sont trop connus pour fatiguer inutilement le lecteur en les lui répétant. Derrière eux marchaient, en longue file, des chevaliers et des gentilshommes dont la naissance et le rang, quelque distingués qu’ils fussent, étaient éclipsés par la majesté de l’auguste reine, qui s’avançait en tête du cortège.
    La cavalcade se rendit en cet ordre jusqu’à la tour de la Galerie, qui formait, comme nous l’avons déjà dit plus d’une fois, la barrière extérieure du château.
    C’était en ce moment que notre géant de portier devait jouer son rôle ; mais ce grand coquin était si troublé, et un broc d’ale qu’il avait avalé pour se raffermir la mémoire avait produit un effet si contraire dans son cerveau, qu’il pouvait à peine respirer sur le banc de pierre où il était assis. La reine aurait passé sans qu’il l’eût même saluée, si son souffleur Flibbertigibbet, qui se tenait aux aguets derrière lui, n’eût enfoncé dans la partie postérieure du vêtement fémoral, dont nous avons fait la description ailleurs, une épingle qui perça l’étoffe, ainsi que la doublure, et pénétra encore plus avant.
    Le portier fit entendre une espèce de hurlement qui n’était pas de trop dans son rôle, se leva tenant en main sa massue, qu’il agita à droite et à gauche ; puis, semblable à un cheval de carrosse, qui, sentant le coup d’éperon, se précipite dans la carrière, et d’un seul trait arrive au but, il récita, avec l’aide de son souffleur, tout son discours, dont voici l’abrégé. Le lecteur doit être prévenu que les premières lignes de cette harangue étaient adressées à la foule, et le reste à la reine, à l’approche de laquelle le géant, comme frappé d’une apparition, laissait tomber sa massue, et abandonnait ses clefs pour céder la place à la déesse de la nuit et à son magique cortège.
    Holà ! quel bruit ! que veut cette canaille ?
    Retirez-vous, ou gare à votre dos !
    Je ne suis pas un concierge de paille ;
    Retirez-vous, ou je brise vos os.
    Mais doucement, quelle est cette inconnue
    Qui vient s’offrir mes regards surpris ?
    Adieu mes clefs et ma lourde massue ;
    De tant d’éclat mes yeux sont éblouis.
    Noble princesse, agréez mon hommage ;
    Venez ici connaître le bonheur.
    En vous voyant qui donc aurait le cœur
    De vous refuser le passage ?
    Élisabeth reçut très gracieusement l’hommage de cet Hercule moderne ; et, lui ayant fait un signe de tête en reconnaissance, elle traversa la tour qu’il gardait, où une musique guerrière se faisait entendre, répétée par d’autres musiciens placés sur différens points des remparts du château. On eût dit, par l’effet de l’entre-croisement des échos, qu’une harmonie s’élevait au ciel de tous les points de la terre.
    Ce fut au son de cette musique ravissante que la reine Élisabeth arriva sur le pont qui s’étendait depuis la tour de la Galerie jusqu’à celle de Mortimer. D’innombrables torches attachées aux palissades répandaient une clarté aussi vive que celle du jour. La plupart des seigneurs descendirent de cheval, et renvoyèrent leurs montures au village de Kenilworth pour suivre la reine à pied, comme les autres gentilshommes qu’on avait choisis pour la recevoir dans la galerie.
    Raleigh adressa en ce moment la parole à Tressilian, comme il l’avait déjà fait à plusieurs reprises dans la soirée, et il ne fut pas peu surpris de ses réponses vagues et insignifiantes. Ces diverses circonstances, l’abandon qu’il avait fait de son appartement

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