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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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Élisabeth. – Et quel est ce rustre ? dit-elle en regardant Tressilian dont l’habit négligé déparait la bonne mine.
    – C’est un poète, si Votre Majesté désire le savoir, répondit Raleigh.
    – Je l’aurais parié en voyant son costume, dit Élisabeth. J’ai connu quelques poètes distraits jusqu’au point de jeter leurs manteaux dans les ruisseaux.
    – C’était sans doute quand le soleil éblouissait leurs yeux et leur jugement, répondit Raleigh.
    Élisabeth sourit et ajouta : – Je vous ai demandé le nom de ce personnage, vous ne m’avez appris que sa profession.
    – Il s’appelle Tressilian, dit Raleigh, qui sentait une répugnance intérieure à le nommer, en voyant qu’il n’y avait rien de très avantageux pour lui dans la manière dont il fixait l’attention de la reine.
    – Tressilian ! répondit Élisabeth, le Ménélas de notre roman ! en vérité il est habillé de manière à disculper son Hélène. Mais où est Farnham ?… Farnham,… est-ce son nom ?… l’homme du comte de Leicester… le Pâris de cette histoire du Devonshire.
    Raleigh lui nomma, et lui montra avec plus de répugnance encore, Varney, pour qui le tailleur avait épuisé tout son art, afin de lui donner un extérieur agréable, et qui, s’il manquait de grâce, avait au moins une sorte de tact et une habitude du monde qui y suppléait jusqu’à un certain point.
    La reine les regardait alternativement l’un et l’autre. – Je présume, dit-elle, que ce M. Tressilian le poète, qui est trop savant, je gage, pour pouvoir se rappeler en présence de qui il doit paraître, est un de ceux dont Geoffroy Chaucer dit avec esprit que le plus sage clerc n’est pas toujours le plus sage des hommes . Je me rappelle que ce Varney est un fripon à langue dorée ; je suis sûre que la belle fugitive n’a pas manqué de motifs pour être infidèle.
    Raleigh ne répondit rien, persuadé que ce serait mal entendre les intérêts de Tressilian que de contredire la reine, et ne sachant pas au reste s’il ne vaudrait pas mieux pour lui qu’elle interposât à la fin son autorité dans une affaire sur laquelle les pensées de Tressilian semblaient se fixer avec une obstination funeste. Tandis que ces idées l’occupaient, la porte s’ouvrit, et Leicester, accompagné de plusieurs de ses proches et des nobles qui avaient embrassé son parti, rentra dans la salle.
    Le favori était alors vêtu en blanc : il avait des bas de soie blancs tricotés, des culottes de velours blanc, doublées de drap d’argent qu’on voyait à travers les échancrures pratiquées le long des cuisses ; un pourpoint de même drap, et un justaucorps de velours blanc, brodé en argent et en graine de perles. Son ceinturon, attaché par une boucle d’or, était aussi de velours blanc comme le fourreau de son épée, dont la poignée était montée en or, de même que celle de son poignard. Par-dessus tout, il portait un riche manteau de satin blanc ayant une bordure de broderie en or d’un pied de largeur. Le collier de l’ordre de la Jarretière, et la Jarretière d’azur elle-même autour de son genou, complétaient le costume du comte ; et ce costume était si bien assorti à sa taille noble, à sa tournure pleine de grâce et aux belles proportions de sa personne, que tout le monde avoua, lorsqu’il parut, que c’était le plus beau cavalier qu’on eût jamais vu. Sussex et les autres nobles portaient aussi de riches vêtemens, mais Leicester les éclipsait tous par sa grâce et sa magnificence.
    Élisabeth le reçut avec une affabilité remarquable. – Nous avons, dit-elle, un procès en juridiction royale à juger ; ce procès m’intéresse et comme femme et comme mère de tous mes sujets.
    Un frisson involontaire saisit Leicester au moment où il s’inclinait pour exprimer à la reine son obéissance. Un frisson semblable glaça Varney, dont les yeux ne s’étaient point détournés de son maître pendant toute la soirée : il comprit aisément par l’altération du visage de Leicester, quelque légère qu’elle fût, quel était l’objet dont la reine l’entretenait. Mais Leicester parvint bientôt à feindre l’assurance qu’exigeait sa politique tortueuse ; et quand la reine ajouta : – C’est de Varney et de Tressilian que nous parlons ; milord, cette dame est-elle ici ?… Il répondit, sans hésiter : – Noble princesse, elle n’y est pas.
    Élisabeth fronça le sourcil et se mordit les

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