Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
sans en donner de raison, son négligé, qui ne pouvait manquer de frapper les yeux de la reine, et plusieurs autres symptômes qu’il crut remarquer, le mirent en doute si son ami n’éprouvait pas quelque dérangement momentané dans son esprit.
    Cependant la reine était à peine arrivée sur le pont, qu’un nouveau spectacle s’offrit à ses regards. Au signal donné par la musique, qui annonçait sa présence, on vit se mouvoir un radeau qui figurait une île flottante, éclairé par un grand nombre de torches, et environné de machines représentant des chevaux marins, sur lesquels étaient placés les tritons, les néréides et les autres divinités des rivières et de la mer. Cette île artificielle s’avança lentement jusque auprès du pont.
    On y remarquait une belle femme revêtue d’une tunique de soie de couleur d’azur, attachée par une large ceinture, où étaient graves des caractères mystérieux, comme les phylactères des Israélites. Elle avait les mains et les pieds nus ; mais des bracelets d’or ornaient ses bras et ses chevilles. Sur les longues boucles de ses cheveux noirs elle portait une couronne de gui artificiel, et tenait à la main un bâton d’ivoire, garni d’argent. Deux nymphes la suivaient, revêtues comme elle d’un costume analogue et emblématique.
    Les mesures étaient si bien prises que la dame de l’île flottante aborda à la tour de Mortimer avec ses deux suivantes au moment même où Élisabeth y arrivait. Alors l’étrangère, dans un élégant discours, s’annonça comme la fameuse dame du Lac, célèbre dans les histoires du roi Arthur, la même qui avait nourri la jeunesse du redoutable Lancelot, et dont la beauté avait triomphé de la sagesse et des charmes du puissant Merlin. Depuis cette époque elle avait habité ses domaines de cristal, en dépit des illustres personnages qui avaient successivement occupé le château de Kenilworth. Les Saxons, les Danois, les Normands, les Saintlowe, les Clinton, les Montfort, les Mortimer, les Plantagenêt, quelles que fussent d’ailleurs leur gloire et leur magnificence, n’avaient jamais pu la décider à sortir de son humide palais ; mais un nom plus grand encore que tous ces noms fameux ayant frappé son oreille, elle venait présenter son hommage à la reine Élisabeth, et l’inviter aux fêtes que le château et les environs, le lac et la terre allaient lui offrir.
    La reine reçut ce compliment avec grâce, et répondit en souriant : – Nous avions cru jusqu’ici que ce lac faisait partie de nos domaines ; mais puisqu’une dame si célèbre le réclame, nous serons charmée d’avoir, dans un autre temps, une ample communication avec elle pour régler nos communs intérêts.
    Après cette aimable réponse, la dame du Lac s’éloigna, et Arion, qui faisait partie des divinités de la mer, parut sur son dauphin ; mais Lambourne, qui s’était chargé de ce rôle en l’absence de Wayland, transi de froid dans un élément qu’il aimait fort peu, ne sachant pas son rôle par cœur, et n’ayant pas, comme le portier, le secours d’un souffleur, paya d’effronterie, jeta son masque, et s’écria en jurant qu’il n’était ni Arion, ni Orion comme on voudrait l’appeler, mais l’honnête Michel Lambourne ; qu’il avait bu depuis le matin jusqu’au soir à la santé de Sa Majesté, et qu’il n’était venu que pour lui dire qu’elle était la bienvenue au château de Kenilworth.
    Cette bouffonnerie imprévue eut plus de succès que n’en aurait eu probablement le discours préparé ; la reine rit de bon cœur, et jura à son tour que c’était le meilleur discours qu’elle eût entendu de la journée. Lambourne, voyant que la plaisanterie faisait fortune, sauta lestement à terre, écarta le dauphin d’un coup de pied, et déclara que désormais il ne voulait plus avoir affaire avec les poissons que quand ils se présenteraient à lui sur une bonne table.
    Au moment où la reine allait entrer dans le château, on tira ce feu d’artifice mémorable que maître Laneham, déjà cité, a décrit avec toute son éloquence.
    Tels étaient, dit l’huissier de la chambre du conseil, la clarté des traits de flamme, l’éclat des étoiles resplendissantes, la pluie d’étincelles, les éclairs des feux d’artifice, le fracas du canon, que le ciel en retentit, les eaux s’en émurent, la terre en fut ébranlée ; et pour ma part, tout courageux que je suis, je n’ai jamais eu plus

Weitere Kostenlose Bücher