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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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ronde. Les groupes stationnés sur la route où Sa Majesté devait passer jetèrent de grands cris qui se communiquèrent de proche en proche jusqu’au château, et annoncèrent à ceux qui étaient dans l’intérieur que la reine venait de franchir la porte du parc, et qu’elle était entrée à Kenilworth. Alors la musique du château se fit entendre, le bruit du canon se mêla aux décharges de mousqueterie ; mais tout ce bruit des tambours, des trompettes et même des canons, se distinguait à peine au milieu des acclamations sans cesse renaissantes de la multitude.
    Ce bruit commençait à diminuer quand un vif éclat de lumière brilla à la porte du parc ; il semblait s’étendre et devenir plus brillant à mesure qu’il approchait jusqu’au milieu de l’avenue aboutissant à la tour de la Galerie, et bordée de chaque côté par les gens du comte de Leicester. Bientôt on entendit crier dans tous les rangs : La reine ! la reine ! silence ! Élisabeth arrivait, précédée de ses deux cents cavaliers qui portaient des torches de bois résineux, et dont la clarté, aussi vive que celle du jour, éclairait tout le cortège, au milieu duquel était la reine dans le plus riche costume, et toute rayonnante de diamans. Elle montait un cheval blanc, qu’elle conduisait avec grâce et dignité ; dans son maintien noble et majestueux on reconnaissait la fille de cent monarques.
    Les dames d’honneur suivaient Sa Majesté, et, dans cette circonstance, elles n’avaient rien négligé pour soutenir l’éclat d’une cour riche et brillante. Toutes ces constellations secondaires étaient dignes de l’astre glorieux qu’elles environnaient ; mais aux charmes de leur personne et à la magnificence avec laquelle elles les relevaient, sans blesser toutefois les règles d’une prudente retenue, on les reconnaissait pour la fleur d’un royaume si renommé pour la splendeur et la beauté de ses femmes ; la magnificence des courtisans, à qui la prudence n’imposait pas les mêmes devoirs, n’avait pas de bornes.
    Leicester, tout resplendissant d’or et de broderies, s’avançait à cheval, à la droite de la reine, en sa double qualité de son hôte et de son grand-écuyer. Son cheval, parfaitement noir, était un cheval de bataille choisi parmi les plus beaux de toute l’Europe, et le comte l’avait acheté fort cher pour s’en faire honneur en cette occasion. Le noble coursier semblait impatient de la marche trop lente du cortège, et, arrondissant avec grâce son cou majestueux, il mordait le mors d’argent qui retenait son ardeur. L’écume sortait de sa bouche, et tombait en flocons de neige sur ses membres gracieux. Le cavalier était digne du haut rang qu’il occupait et du noble animal qu’il montait. Il n’y avait pas d’homme en Angleterre, peut-être même en Europe, qui pût rivaliser avec Dudley dans l’art de guider un coursier et dans tous les autres exercices familiers aux personnes de son rang. Il avait la tête découverte comme tous ceux qui composaient le cortège ; la lueur des torches éclairait les longues boucles de ses cheveux noirs et sa noble figure, à laquelle la critique la plus sévère n’eût pu trouver à reprendre peut-être qu’un front un peu trop haut. Dans cette soirée mémorable, ses traits exprimaient la tendre sollicitude d’un sujet pénétré de l’honneur que lui fait sa souveraine, mais témoignant aussi la satisfaction et l’orgueil si naturel dans une circonstance si glorieuse pour lui.
    Cependant, quoique le plaisir rayonnât sur son visage, quelques personnes de la suite du comte crurent s’apercevoir qu’il était plus pâle que de coutume, et elles se firent part les unes aux autres de la crainte qu’elles avaient qu’un excès de fatigue ne devînt nuisible à sa santé.
    Varney suivait de près son maître, en qualité de son premier écuyer. Il portait sa toque de velours noir, ornée d’une agrafe de diamans et surmontée d’une plume blanche. Il tenait les yeux fixés constamment sur le comte ; et, par des motifs connus du lecteur, c’était celui des nombreux serviteurs de Leicester qui désirait le plus vivement que son seigneur eût assez de force et de résolution pour soutenir les fatigues d’un jour si pénible. Quoique Varney fût du très petit nombre de ces scélérats qui, parvenus à étouffer le remords dans leur âme, passent de l’athéisme à une complète insensibilité morale, comme un homme qui, dans

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