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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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quand la reine lui répéta cette question d’un ton sévère et d’un œil courroucé, il répondit, en paroles entrecoupées, qu’il pourrait peut-être, c’est-à-dire dans certaine circonstance, expliquer les raisons qui le faisaient agir.
    – Maintenant, par l’âme du roi Henry, s’écria la reine, il y a là ou une folie complète, ou de la mauvaise foi ! Raleigh, ton ami est beaucoup trop pindarique pour rester en ma présence ; emmène-le, délivre-moi de sa personne, car il pourrait lui arriver pire. Son essor est trop impétueux pour tout autre pays que le Parnasse ou l’hôpital Saint-Luc. Mais, toi-même, reviens aussitôt que tu l’auras déposé en lieu sûr. – Nous aurions bien désiré voir la beauté qui a pu faire tant de ravage dans le cerveau d’un homme qu’on dit doué d’une si grande sagesse.
    Tressilian voulait s’adresser encore à la reine ; mais Raleigh, pour obéir aux ordres qu’il avait reçus, l’en empêcha ; et, aidé du secours de Blount, il le conduisit, moitié de gré, moitié de force, hors de la salle, où il commençait à s’apercevoir lui-même que sa présence était plus funeste qu’utile à ses intérêts.
    Quand ils furent arrivés dans l’antichambre, Raleigh pria Blount de veiller à ce que Tressilian fût conduit dans les appartemens destinés aux gens de la suite du comte de Sussex, et même qu’on y montât la garde, si c’était nécessaire.
    – Cette extravagante passion, dit-il, et, à ce qu’il paraît, la nouvelle de la maladie de celle qui en est l’objet, ont singulièrement dérangé son excellent jugement ; mais cet accès se calmera avec un peu de repos : seulement qu’on prenne garde de ne pas le laisser sortir, car il est déjà assez mal dans l’esprit de Sa Majesté : provoquée de nouveau, elle saurait bien lui trouver une plus triste retraite et de plus sombres gardiens.
    – J’ai jugé qu’il était fou, dit Nicolas Blount en jetant un coup d’œil sur ses bas cramoisis et ses rosettes jaunes, rien qu’en voyant ces maudites bottes qui ont offensé l’odorat de la reine. Je veux le voir enfermer, et je reviens à l’instant. Mais, dis-moi, Walter, la reine a-t-elle demandé qui j’étais ? J’ai cru m’apercevoir qu’elle jetait un regard sur moi.
    – Vingt coups d’œil ! oui, vingt coups d’œil ont été jetés sur toi, et je lui ai dit que tu étais un brave soldat et un… Mais, pour l’amour de Dieu, emmène Tressilian.
    – J’y vais, j’y vais, dit Blount ; mais il me semble que cette vie de cour n’est pas un si mauvais passe-temps ; c’est le moyen de s’élever : Walter, mon ami, tu as donc dit que j’étais un brave soldat et… et quoi ensuite, mon très cher Walter ?
    – Un tout ineffable… Mais, allons donc, au nom du ciel, dépêche-toi de partir.
    Tressilian, sans faire ni résistance ni question, suivit Blount, ou plutôt se laissa conduire par lui au logement de Raleigh ; il fut installé sur un lit de sangle placé dans un cabinet, et destiné à un domestique. Il ne voyait que trop clairement qu’aucune remontrance ne pourrait exciter l’intérêt de ses amis, ou les engager à le secourir, jusqu’à ce que l’expiration du délai pendant lequel il avait promis de demeurer dans l’inaction lui permît de tout dévoiler, ou lui eût ôté tout désir et tout prétexte de se mêler de la destinée d’Amy si elle était réconciliée avec son époux.
    Ce ne fut qu’avec beaucoup de peine, et après des représentations faites avec calme et douceur, qu’il évita le désagrément et la honte d’avoir deux hommes de la garde du comte de Susses campés dans son appartement. À la fin, Blount, le voyant couché tranquillement dans son lit, donna, en jurant de bon cœur, deux ou trois coups de pied aux bottes que, dans ses nouveaux principes, il regardait comme un symptôme décisif, peut-être même comme la cause de la maladie de son ami, et il se contenta, comme par composition, de fermer la porte. Ce fut ainsi que les efforts généreux et désintéressés du malheureux Tressilian pour sauver une femme dont il n’avait éprouvé que l’ingratitude, n’aboutirent, ce jour-là, qu’à lui attirer la disgrâce de sa souveraine, et à convaincre ses amis qu’il n’était guère mieux que fou.

CHAPITRE XXXII.
     
    « Le plus sage des rois, au sein de sa grandeur,
    « Comme un simple mortel est sujet à l’erreur.
    « Il accorde parfois honneur,

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